Les Souspirs amoureux de François Beroalde de Verville/J’avois juré tes yeux, ingrate desdaigneuse

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XXIII.



J’avois juré tes yeux, ingrate desdaigneuse,
De me sacrifier aux pieds de ta beauté,
Je t’avois pour jamais juré ma loyauté
Et de mourir ton serf en ma peine amoureuse.

Mais ores je te laisse, afin qu’une heureuse
Me rendant en repos ma chere liberté,
Loin du cruel desdain duquel tu m’as traité
Je guide à meilleur sort mon ame langoureuse.

Ha ! te diray-je adieu ! non, helas ! si feray,
Non je demeureray, non, je te laisseray :
Car te servant j’aurois tout mal pour recompense.

Mais helas ! je ne puis, ma vie te laisser,
Tue moy si tu peux : car ma perserverance
Avans que t’oublier me fera trespasser.