Les Souspirs amoureux de François Beroalde de Verville/Mon cœur que tu es belle, hé ! te l’osay-je dire

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XXX.



Mon cœur que tu es belle, hé ! te l’osay-je dire ?
Tu ne le sçais que trop, non tu ne le sçais pas,
Si tu cognoissois bien les amoureux appas
De ta douce beauté, tu plaindrois mon martire.

Ha ! que tes yeux sont beaux dont mon ame souspire
Les esprits dont je vy, qui causent mon trespas,
Que douce en est l’ardeur qui par mille debats
Oste de moy mon cœur, l’y remet, l’en retire.

Recognois ta beauté recerches-en l’essence,
Recognois le destin qui fait qu’en ta puissance,
Je vive, je trespasse en langueur nuict & jour,

Et si tu peux sçavoir combien elle m’est douce,
Combien a de pouvoir la force qui me pousse,
Tu croiras que tu dois m’aymer pour mon amour.