Les Stoïques/La tristesse a vaincu, je souffre
![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/1/1e/Siefert_-_Les_Sto%C3%AFques%2C_1870_%28page_53_crop%29.jpg/400px-Siefert_-_Les_Sto%C3%AFques%2C_1870_%28page_53_crop%29.jpg)
Débander l’arc ne guérit point la plaie.
Marot.
La tristesse a vaincu, je souffre & je me tais :
J’ai de mon doigt glacé comprimé ma blessure,
Ma tête se redresse & ma voix se rassure…
Où sont les vers que je chantais ?
Que sont-ils devenus, les chants de ma jeunesse ?
L’écho me les demande & je ne les sais plus.
— La plage est bien muette après le grand reflux,
Avant que le flux ne renaisse.
Laissez la mer monter & le temps s’accomplir.
Comme aux jours de Marot cette parole est vraie,
Pour moi « l’arc débandé n’a pas guéri la plaie »,
Et j’ai senti mon cœur faiblir.
Ainsi l’enthousiaste observant un long jeûne
Cachera sa pâleur ; & fière de mes maux,
Moi, sur ma lèvre en feu, j’étoufferai ces mots :
J’aime encore & suis toujours jeune !
![](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/4/4f/Collin_-_Trente_po%C3%A9sies_russes%2C_1894.djvu36.png/80px-Collin_-_Trente_po%C3%A9sies_russes%2C_1894.djvu36.png)