Les Tendresses Viriles/Le Sonnet
Les Tendresses Viriles
E. Dentu, (p. 9).
LE SONNET
Mon esprit sérieux et fils de la Réforme
Aime, en vrai huguenot, le Sonnet dédaigné ;
Car son double quatrain, droit, sévère, aligné,
Accepte pour son bien la rigueur de la forme.
Soumis aux mêmes lois, le tercet uniforme
Reste grave et solide au poste désigné ;
On dirait des soldats d’Agrippa d’Aubigné
Maintenus au cordeau par Philibert Delorme.
Si des quatorze vers un seul quittait le rang,
L’esprit des francs-routiers, sur l’heure y pénétrant,
Ferait de ces héros des coureurs d’aventure ;
La force du Sonnet exige un mouvement,
Discipliné, conduit comme un vieux régiment,
Sur un plan rigoureux de haute architecture.