Les Trois Dames de la Kasbah/Dénouement

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Calmann Lévy (p. 92-94).


DÉNOUEMENT


L’identité du zouave ne fut reconnue que dans la soirée.

Ils furent tous punis, les trois Bretons surtout : l’histoire de la charrette à bras avait fait du bruit dans Alger, et il y avait contre eux les préventions les plus graves.

Les trois Basques se virent bientôt atteints d’une maladie horrible. Ces femmes la leur avaient donnée, presque inconsciemment. Irresponsables de leur vice et de leur misère, elles avaient rendu à ces giaours ce que d’autres giaours leur avaient apporté.

L’un d’eux en mourut, — Barazère.

Les deux autres se crurent guéris, après avoir été quelque temps un objet de dégoût pour leurs camarades. Mais un germe de ce poison leur était resté dans le sang. Ils n’avaient plus que quelques mois de service à faire, et, l’année suivante, ils se marièrent avec des jeunes filles qui les avaient attendus dans leur village pendant qu’ils couraient la mer. Dans des familles de pêcheurs, qui avaient été jusque-là saines et vigoureuses, ils apportèrent cette contagion arabe ; leur premier-né, à chacun d’eux, vint au monde couvert de plaies qui étaient honteuses à voir.

Les bons chiens furent rendus à l’affection de leurs maîtres.

Les deux chats d’Yves devinrent fort beaux. Ils connurent un grand nombre de tours, ils surent se tenir droit sur leur derrière, — et sauter par-dessus les mains rudes que les gabiers leur présentaient en rond.

Dans la suite, ils eurent plusieurs petits.

Quant aux deux hommes qui avaient été brouettés, ils furent portés à l’hôpital, tout couverts de contusions douloureuses ; pour surcroît de peine, ils furent trouvés très ridicules, et servirent longtemps de risée à leurs compagnons.