Les Trois Dames de la Kasbah/XLI

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Calmann Lévy (p. 76-77).
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XLI


Alors, ils se reconnurent dans ces rues, et voulurent se rapprocher du point où, la veille, ils étaient venus débarquer.

Ils arrivèrent aux quartiers mal famés, pleins de repaires italiens, qui avoisinent la Marine. Il commençait à faire froid, et c’était encore la nuit. Cependant on ouvrait déjà certains cabarets, pour donner à boire aux portefaix matineux, ou pour jeter dehors avant le jour les ivrognes qui, le dimanche soir, avaient roulé sous les tables, dans les crachats, avec des filles. Ils entrèrent et s’assirent sur des bancs dans une espèce de grande halle où on voyait, au fond, des rangs de tonneaux alignés. La gorge leur brûlait. Avec la bourse du zouave et les sous de Kerboul, ils burent plusieurs verres d’absinthe avec un peu d’eau. Ensuite on les poussa à la porte quand ils n’eurent plus d’argent.