Les Veillées des maisons de prostitution et des prostituées/11

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DIXIÈME TABLEAU

Le fâcheux contretemps.

Le tableau foutro-tragi-comique et qui est des plus utiles aux fouteurs, en ce qu’il leur démontre qu’ils ne doivent point conserver d’animaux domestiques dans la chambre pendant qu’ils prennent leurs ébats ; car enfin, mesdemoiselles, que serait-il advenu au malheureux que vous voyez, si le chat au lieu de s’attacher à sa fesse eut jeté ses deux griffes sur les deux pendeloques placées entre ses jambes et nommées testicules, à cause, dit-on, que dans l’action du coït elles servent comme de témoins, mot que l’on exprime en latin (à ce que j’ai appris dans mon jeune temps d’un petit clerc de notaire), par N… Que serait-il advenu dis-je, à notre fouteur, si le malencontreux chat se fut attaqué là. Le mieux qui eut pu lui arriver c’eut été de n’être que châtré.

Supposons un instant, mesdemoiselles, pour donner plus d’intérêt au tableau, que l’homme que nous voyons-là est un de ces soupirants, qui poursuivent de leurs yeux une femme pendant six mois avant d’oser s’expliquer catégoriquement sur leur passion qui lui arrachent ses faveurs une à une, heureux d’avoir pu après trois mois de soins obtenir la permission de déposer un baiser sur ses lèvres, il y a pourtant encore de ces céladons là dans le siècle où nous sommes. Eh bien ! admettons qu’un beau jour échauffé par une pointe de champagne bu dans un dîner avec un ami, il ose se montrer plus pressant avec sa belle et celle-ci lassée du rôle ridicule que son sentimental amant l’aura forcée de jouer si longtemps, se sente pressée de se débarrasser du sperme dont toutes les parties de son corps régorgent, cède à ses instances, qu’arrive-t-il, c’est qu’autant il y aura en plus de fausse pudeur chez la belle jusqu’à ce jour, autant il y a moins de retenue chez elle, quand vient le moment de la défaite et sous prétexte de rendre son amant plus heureux, mais bien plutôt pour obéir à sa propre lascivité, elle se débarrasse de tout vêtement robe, jupe, corset tout tombe, tout disparaît, il ne reste plus que le vêtement obligé que par raffinement de renommée pudique, elle conserve et peut-être aussi parce qu’en se démettant de ce dernier voile de ses charmes, quelques imperfections de nature pourraient frapper les yeux de son amant au lieu que dans l’attitude qu’elle a conservée, il ne voit que cent appas qui lui font tourner la tête ; ici ce sont deux jolis tétons blancs et fermes dont le bouton vermeil appelle le baiser ; en relevant la chemise ce sont des fesses à faire renaître à la vie un mort, des cuisses charmantes et une petite motte, grasse, rebondie, et ombragée d’un duvet de soie au milieu duquel on distingue une petite éminence rosée qui se roidit d’avance sous l’empire d’une voluptueuse pensée, enfant de l’imagination la plus libertine et qui savoure d’avance le plaisir qui lui est promis. Que de trésors offerts aux yeux d’un amant, aussi l’ardeur mutuelle des deux personnages est-elle bientôt au comble, ils se sont disposés à jouir de la suprême félicité par les plus doux préliminaires, chatouillement de langue ; léger branlement du clitoris et pollution élégante et gracieuse de cinq jolis doigts de rose sur le membre de l’homme, rien n’y a manqué, aussi la bougresse que ces bagatelles de la porte ont mises hors d’elle, se laisse-t-elle aller mollement sur son lit en disant, ah ! mon ami… mon bon ami mets le moi, je t’en supplie donc… donne moi… du bonheur comme tu m’aimes.

Aussi passionné, aussi rempli de désirs qu’elle même, il se rend à ses vœux, et déjà braqué à l’embouchure, la tête altière de son vit est prêt à s’engloutir dans le joli étui qui lui est présenté. Mais, ô fâcheux contretemps, le chat qui était occupé à jouer avec une pelote, voyant le fessier de notre homme à découvert et trompé par la couleur qui lui promettait quelque mets de son goût, s’élance et se cramponne à une fesse, ce qui fait jeter un cri terrible au pauvre fouteur, et la douleur se trouvant tout à coup plus forte que le plaisir, il débande avant d’avoir pu pénétrer dans le sanctuaire, tandis que le coup de cul qu’il donne nécessairement en rejettant en arrière, va retentir au con de la déesse qui se pâme, ferme les yeux et décharge au milieu des plus doux ravissements.