Les Voyages de Kang-Hi/Lettre 19

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Chez Ant. Aug. Renouard (tome Ip. 208-233).


LETTRE XIX.


DU MÊME AU MÊME.


Paris, le 11 août 1910.


Les spectacles, mon cher Wam-po, sont plutôt pour les voyageurs un objet de curiosité, qu’un véritable amusement. L’habitude exerce sur les hommes un si grand empire, et les dispositions des peuples sont si différentes, qu’il est impossible que ce qui n’offre pas des jouissances bien positives, leur plaise à tous également. Cependant Paris semble faire une exception à cette regle : il faut que ses spectacles surpassent réellement ceux des autres capitales, car les Français ne s’y plaisent pas plus que les étrangers. C’est sur-tout à l’Opéra qu’on les voit en foule, et je ne m’en étonne pas, puisque tous les sens y sont charmés à-la-fois : on se croit transporté dans des jardins délicieux ou sous de superbes portiques ; les danses des Bayaderes y sont encore plus voluptueuses que dans l’Orient ; et la musique y seroit presque toujours ravissante sans les cris de quelques acteurs. La magnificence d’un tel théâtre me fait mieux sentir la mesquinerie des nôtres. Les salles, ou plutôt les baraques que nos comédiens occupent dans les faubourgs, vous paroissent, ainsi qu’à moi, mon ami, si incommodes, que nous préférons de les faire venir dans nos maisons ; mais, faute d’habits convenables, ils sont obligés de dire en entrant sur la scene le nom du personnage qu’ils représentent. Souvent même ils se chargent de plusieurs rôles. Il est vrai que les choses se passent autrement à la cour. Plusieurs de nos palais impériaux renferment des salles de spectacles, mais elles ne sont pas si grandes que les foyers de celles de Paris. Il y a dix ans que j’eus l’insigne honneur d’assister à une représentation donnée à Yven-ming-yven, à l’occasion de l’arrivée de quelques ambassadeurs européens. Cette fête étoit loin de répondre à l’éclat qui doit environner le trône du plus grand souverain du monde. Des hommes dont le visage étoit barbouillé de blanc et de noir, et dont les épaules étoient affublées de grandes ailes, figuroient assez mal nos anciens héros ; mais ce qui me choqua le plus, ce fut de voir des divinités à queue de poisson, et des monstres marins traverser gravement le théâtre à pied sec, tandis que d’autres acteurs portoient une houssine pour signifier qu’ils auroient du être à cheval[1]. En France, au contraire, l’illusion est complette ; au moyen d’un mécanisme caché, les habitants de l’Olympe descendent sur des nuages, la terre s’entr’ouvre, il en sort tout-à-coup des palais ou des feux dévorants ; enfin les prodiges de l’Opéra feroient croire à la magie.

Les autres théâtres, sans avoir autant de moyens de plaire, ne sont pas moins suivis, et tous les soirs des milliers de spectateurs vont y consumer quatre ou cinq heures, c’est-à-dire environ le tiers de leur journée. Cette affluence extraordinaire pourra vous surprendre, mais ne m’étonnoit point après ce que j’avois vu dans le monde. Je trouvois fort simple que les oisifs de la capitale, excédés de ces visites d’usage, où l’on se voit sans plaisir, où l’on se quitte sans regret, si différentes du doux commerce de l’amitié que souvent on desire réciproquement de ne pas se rencontrer, cherchassent à remplacer ces jouissances par les plaisirs de l’illusion ; qu’ils préférassent des pièces conduites avec art, écrites avec esprit, remplies de sentiments délicats et élevés, à la futilité de fades entretiens. Mais, mon ami, cette explication, qui paroissoit si naturelle, ne sauroit être la véritable ; car, à l’exception des anciens chefs-d’œuvre que tout le monde sait par cœur, les pièces que l’on joue aujourd’hui sont pour la plupart aussi insipides que les conversations. Il faut donc chercher ailleurs l’origine de ce goût immodéré des spectacles, que le désœuvrement seul ne suffit pas pour expliquer, puisque les nations laborieuses le partagent avec celles qui redoutent le travail : ne pourroit-on pas la trouver dans cette disposition constante que l’homme a pour la fiction, et qui se fortifie bientôt chez lui par le mécontentement de sa situation présente, qui le porte à chercher dans l’illusion le dédommagement de la réalité ? Ce penchant est universel, et se montre dès l’âge le plus tendre. Voyez la nourrice ; pour amuser l’enfant elle feint de le cacher, et bientôt après elle feint de se cacher elle-même. Dans peu d’années, ce goût commun aux deux sexes se développe, et fait la base de presque tous les jeux de l’enfance. Tour-à-tour écolier ou maître, suivante ou maîtresse, roi ou confident, chacun s’efforce de prendre le langage, les gestes, et le costume de son rôle : enfin les enfants sont de véritables comédiens. Tout ce qu’ils voient, tout ce qu’ils apprennent, la religion, l’histoire, la fable, leur fournissent le sujet de nouvelles fictions ; et ceux dont l’imagination est vive en inventent bientôt eux-mêmes.

Ce goût des représentations théâtrales est du petit nombre de ceux sur lesquels le climat n’exerce aucune influence ; car dans tous les pays il se montre dès le commencement des sociétés. On joue encore avec succès dans l’Inde une piece qui étoit célebre long-temps avant l’ère chrétienne ; deux mille ans avant cette époque, on trouve dans l’histoire de la Chine des réglements sur les spectacles. En Occident, où tout est si moderne, les renseignements sont plus précis. On sait que les Grecs inventerent la tragédie il y a environ deux mille cinq cents ans à l’occasion des vendanges, et que les chanteurs forains furent les premiers comédiens[2]. Ces essais informes, divertissement d’un peuple chez qui la civilisation étoit encore dans l’enfance, furent bientôt assez perfectionnés pour intéresser l’esprit et émouvoir le cœur. Les actions héroïques représentées sur la scene exciterent tour-à-tour l’admiration, la pitié, la terreur, et ennoblirent la tragédie, tandis que le malin Aristophane apprêtoit à rire aux dépens des personnages les plus illustres. Rome, qui alla chercher en Grèce son culte et ses lois, imita aussi son théâtre. Si les peuples modernes ont été mille ans privés de spectacles, c’est que le régime féodal, en isolant les seigneurs dans les châteaux, et en rendant les villes désertes, s’opposoit à leur établissement. Mais lorsque les rois, devenus plus puissants, eurent des cours plus brillantes, et que le commerce débarrassé de ses entraves eut commencé à repeupler les cités, on les vit reparoître. D’abord ils se ressentirent du mauvais goût qui régnoit alors : un mélange indécent et grotesque du sacré et du profane choquoit autant la bienséance que la raison, jusqu’à ce que le génie, en rappelant les regles antiques, eût prouvé par de nouveaux exemples qu’il étoit encore possible d’en vaincre les difficultés. Sur la scene française parurent presque en même temps deux hommes tels que le cours des siècles en produit rarement. L’un excella à dépeindre les héros, l’autre à tracer les caractères marquants de la vie privée. Jadis Aristote, le précepteur de cet Alexandre, à qui il ne manqua que de vivre âge d’homme pour détruire Rome et conquérir la Chine, philosophe dont le génie étoit aussi vaste pour les lettres, que celui de son éleve pour la politique, avoit défini la comédie la peinture du ridicule des méchants. Moliere a rempli toutes les conditions de ce problême difficile : il a peint les vices et les défauts avec une si grande vérité, que ses portraits seront toujours reconnoissables tant qu’il y aura des hommes. La différence des temps et des usages ne sauroit diminuer leur ressemblance, et l’habitant de Pé-kin en sentira le mérite comme celui de Paris ou de Londres. Cependant la comédie de caractère, cette mine précieuse, a été épuisée presque aussitôt qu’elle a été ouverte, car le nombre des travers et des vices est aussi borné que celui des vicieux est grand.

La tragédie, au contraire, a d’immenses ressources, tout ce qui porte l’empreinte de la grandeur est de son domaine. L’insatiable ambition, le dévouement d’une amitié généreuse, la jalousie et ses fureurs, la tendresse paternelle capable de si grands sacrifices, l’amour de la patrie qui forma tant de héros, la religion, son enthousiasme et ses martyrs, fourniront toujours au talent des scenes attachantes et nouvelles ; et s’il étoit possible que les sources abondantes de la fable et de l’histoire fussent jamais taries, l’inépuisable imagination sauroit y suppléer.

En vain des regles séveres, des difficultés de tous les genres semblent s’opposer au succès de ces nobles entreprises, les grands obstacles ne font qu’exciter le génie. Une forte contention de l’esprit peut en faire jaillir de plus grandes beautés. Ainsi l’arc lance d’autant plus loin la fleche qu’il est plus tendu.

Il est également vrai que les spectateurs sont naturellement disposés à s’intéresser aux actions des princes et de ces grands personnages dont les déterminations ont tant d’influence sur la destinée des peuples. Les efforts inutiles d’un souverain à qui rien ne résiste, et qui ne peut réprimer les mouvements de son propre cœur, plaisent au commun des hommes : le contraste de tant de puissance et de tant de foiblesse offre un dédommagement secret à l’amour-propre, qui pardonne rarement au pouvoir ; et cependant les ames douces et sensibles déplorent sincèrement les miseres royales ; elles se sentent plus attendries sur le sort de ces grands infortunés privés des secours de la consolante amitié.

Il est donc certain de réussir, l’écrivain qui, doué d’un talent supérieur, saura faire le choix d’un sujet heureux, et le conduira avec un intérêt toujours croissant jusqu’à un dénouement inattendu, et cependant vraisemblable ; lorsqu’il tirera de la situation quelques uns de ces traits sublimes semblables à ceux qui brillent dans Corneille et Shakespear ; le vulgaire même saura les apprécier, il applaudira avec transport des sentiments auxquels il ne peut atteindre, comme on regarde avec un étonnement mêlé d’admiration ces sommets inaccessibles sur lesquels les aigles seuls peuvent s’élever.

Un tel succès ne sera point éphémere. Quoique la curiosité soit satisfaite, on ne se lasse point de voir un ouvrage qui peut soutenir un examen approfondi : après avoir jugé de l’ensemble, on se plaît à analyser le travail de l’auteur, le mécanisme de l’ouvrage ; on fait des rapprochements entre les tragédies des anciens et celles des étrangers qui peuvent offrir quelques traits de ressemblance avec la piece nouvelle ; on s’occupe du style, de la justesse des pensées, de l’harmonie des vers ; enfin on juge les acteurs ; on se rappelle ceux qui les ont précédés dans cette carrière difficile ; on compare ce qu’ils font à ce que l’on a vu, à ce qu’ils pourraient faire ; on prend parti, on s’anime ; tous ces rapprochements, toutes ces discussions détruisent sans doute l’illusion théâtrale, mais il en résulte des amusements non moins vifs, et que l’on aime à renouveler.

Passons de ces considérations générales à l’examen des spectacles en France. Je n’ai assurément pas la présomption de m’établir juge de littérature dans une langue qui m’est étrangère. Je trouve trop ridicule la prétention de ces Allemands dont l’oreille est si dure et le gosier si peu flexible, qu’ils ne sauraient ni prononcer, ni même entendre plusieurs lettres de l’alphabet des Français, et qui cependant s’avisent de critiquer le style du divin Racine, le plus mélodieux de leurs poètes[3]. Je me contenterai de vous rapporter fidèlement ce que j’entends dire par des personnes qui passent pour éclairées. On prétend que dans la plupart des tragédies nouvelles on trouve des atrocités froides qui, au lieu d’inspirer la terreur, n’excitent que le dégoût, des tyrans plats, des ambitieux sans moyens, des héros langoureux ; on dit que les personnages historiques, au lieu de manifester des sentiments dignes de leur illustre mémoire, débitent avec emphase des pensées fausses ou triviales. On croiroit entendre la voix ridicule d’un nain sortir de la bouche d’un géant ; enfin ils s’expriment dans un langage dur, désagréable, incorrect, et que l’on prendroit pour de la prose sans la gêne des vers et le fréquent retour de ces mots oiseux que la rime appelle de si loin.

Est-il donc singulier que toutes ces pièces aient peu de succès, et ne doivent quelques représentations qu’aux efforts d’une cabale ou aux intrigues d’un parti ? Cependant les auteurs n’en sont pas moins vains. Ils en appellent hardiment à la postérité, et racontent avec complaisance que la meilleure tragédie française, Athalie, n’eut aucun succès dans les commencements, et qu’elle ne sortit que par un heureux hasard de l’obscurité à laquelle ses contemporains sembloient l’avoir condamnée.

La comédie n’est pas dans une meilleure situation ; presque toutes les pièces modernes ne sont que de longues conversations, dont une recherche d’esprit déplacée bannit le naturel et la gaieté ; quelques incidents bizarres, sans intérêt comme sans vraisemblance, remplissent les scenes sans exclure l’ennui. Cependant il seroit injuste d’attribuer entièrement aux auteurs la décadence de cette branche de la littérature : l’état où sont les mœurs peut jusqu’à un certain point leur servir d’excuse. Les progrès de la civilisation, ou plutôt ceux de la politesse ont émoussé les traits saillants des caracteres ; c’est un vernis qui, sans donner de la force à la matiere qu’il recouvre, en cache les défauts, et fait briller la surface. Les travers paroissent donc moins ridicules, les vices moins difformes, les passions moins vives, et les contrastes, autrefois si piquants, ont disparu pour toujours : enfin les livrées de l’opinion produisent sur la société entière le même effet que l’uniforme sur un régiment, dont à quelques pas tous les soldats se ressemblent.

Plusieurs personnes ont prétendu qu’il étoit possible de tirer un grand parti des spectacles en faveur de la morale publique. Cette opinion est peut-être vraie dans l’enfance des sociétés. On conçoit que des leçons de vertu mises en action sont capables de produire une forte impression sur des âmes simples, et qui n’ont pas à redouter la tentation des jouissances du luxe ; mais dans la situation actuelle des choses, au point de raffinement et de corruption où tous les peuples civilisés, et sur-tout les habitants des grandes villes sont parvenus, quel bien espérer des plus belles maximes débitées pompeusement sur le théâtre, lorsqu’elles sont tellement démenties par l’exemple général, qu’elles paroissent faites pour les habitants d’une autre planete ? de ces hommages de bienséance rendus si souvent de mauvaise foi à la vertu, véritable secret de comédie dont personne n’est dupe, puisque dans les discussions le côté fort du raisonnement est rarement en sa faveur ? Aussi la réformation des mœurs est si peu le but que l’on se propose que, si par hasard la premiere pièce, composée dans un meilleur esprit, est conforme aux regles d’une morale austere, elle est immédiatement suivie (comme si l’on craignoit qu’elle ne fit trop d’impression) par une comédie où le vice est représenté sous des dehors aimables, et où les hommes pourroient au besoin trouver des moyens de séduction, et les femmes des leçons de coquetterie. Vous voyez bien, mon cher Wam-po, que l’on peut appliquer au théâtre Français ce que disoit des nôtres un philosophe de la dynastie passée : « Les spectacles sont des especes de feux d’artifice d’esprit qu’on ne peut voir que dans la nuit du désœuvrement. Ils avilissent et exposent ceux qui les tirent, faitiguent les yeux délicats du sage, occupent dangereusement les âmes oisives, exposent les femmes et les enfants qui les voient de trop près, donnent plus de fumée que de lumiere, ne laissent qu’un dangereux éblouissement, et causent souvent d’horribles incendies[4]. »

Cette façon de penser est si universelle, que quoique la plupart des comédies et des tragédies chinoises semblent faites pour montrer la honte du vice et le charme de la vertu, elles ont acquis très peu de gloire à leurs auteurs. Il y a même eu, comme vous savez, un empereur privé des honneurs funéraires pour avoir donné trop de temps aux spectacles, et trop fréquenté les comédiens. Ceci sert à expliquer pourquoi l’art dramatique ne s’est pas élevé en Chine à une aussi grande hauteur que les autres branches de la littérature. Cependant, si nos historiens et nos moralistes l’emportent de beaucoup sur les auteurs qui ont écrit pour le théâtre, on peut dans l’immense nombre de leurs compositions en trouver plusieurs que je n’oserois comparer à cause de leurs irrégularités avec les bonnes pièces françaises, mais qui pourroient, sous le rapport de la force tragique et de l’élévation des pensées, lutter avec avantage contre les ouvrages des Anglais, des Espagnols, et des Allemands[5].

Au reste, on ne sauroit disconvenir que les Européens ne retirent un grand avantage des spectacles, puisqu’ils empêchent l’oisiveté d’employer encore plus mal la fin de la journée. Cette considération est surtout importante dans un pays où la distribution du temps, relativement à la nourriture, est aussi mal ordonnée qu’en France. En plaçant le principal repas à une heure avancée, et cependant encore éloignée de celle du sommeil, le travail de l’après-dîner est devenu impossible pour le plus grand nombre. Cette coutume, qui remonte au commencement de la révolution, et qui a successivement gagné toutes les classes dans les grandes villes, a eu des conséquences plus funestes qu’on ne le croit communément.

Si un voyageur n’étoit pas, par état, obligé de tout voir et de tout raconter, je me dispenserais de vous parler de ce que l’on nomme ici les petits spectacles. Sur quelques uns de ces théâtres l’on joue des pantomimes, où à force de gestes et de contorsions on cherche à faire comprendre aux spectateurs une longue suite d’évènements invraisemblables, et qui se ressemblent tous. Ce genre de représentation est fait pour plaire à une nation curieuse et vaine, qui met de l’amour-propre à deviner les énigmes de toute espece, et où chacun a en outre le plaisir de remplacer les paroles, que souvent dans les autres pieces il a raison de trouver mauvaises, par son propre style qu’il trouve toujours excellent. Cet avantage ne se trouve pas aux autres petits théâtres. Là on offense à-la-fois la décence, la langue et le goût : les héros sont des hommes d’une classe si abjecte, qu’elle inspire à Paris presque autant de dégoût que l’on en a dans l’Inde pour les parias ; la bouffonnerie y tient lieu de gaieté, et l’on y admire comme des traits d’esprit une éternelle répétition de misérables jeux de mots. Cependant toutes ces salles sont constamment remplies. Les Européens n’ont-ils pas mauvaise grâce de nous reprocher le goût que nous avons pour les sauteurs et les faiseurs de tours ? et ne vaut-il pas mieux que l’esprit soit dans un repos absolu que de donner une attention suivie à de pareilles niaiseries ?

  1. Hüttner, page 110. De Guignes, t. 2, p. 324.
  2. Tragos-oîde, chant du bouc, victime consacrée à Bacchus, et le prix du vainqueur. Komas-oîde (Kata sous entendu) chant dans les bourgs.
  3. Ces lettres sont au nombre de cinq ; le B, le D, le J, le V, et l’U. Ce qui prouve d’une maniere incontestable que les Allemands n’entendent pas distinctement le son de ces lettres, c’est que lorsqu’ils prononcent par exemple chatte au lieu de jatte, pois au lieu de bois, ils croient prononcer exactement comme les Français.
  4. Cette citation est tirée des Mémoires sur les Chinois, t. 8, p. 227.
  5. Voyez dans la collection de Du Halde, t. 3, éd. in-fol. le petit orphelin de Tchao, tragédie en cinq actes. Cette piece est d’un grand intérêt, et n’est entachée d’aucune de ces bouffonneries qui déshonorent la scène anglaise. Elle est tirée d’un recueil de cent pièces, composées pendant la dynastie des Yven. On trouve aussi dans le Haou-ou-choan, t. 4, l’argument d’une comédie d’intrigue.