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Les ancêtres du violon et du violoncelle/Préface

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PRÉFACE


Ce livre, fruit d’un long et patient labeur, a nécessité des recherches nombreuses et minutieuses ; il mérite vraiment l’attention du monde musical, de celui surtout qu’intéresse l’origine des instruments à archet formant aujourd’hui la base la plus précieuse et la plus noble de nos orchestres modernes.

Chacun sait que le quintette à cordes est le fond essentiel sur lequel les grands maîtres ont bâti leur édifice sonore, et que la musique n’a complètement pris son essor mélodique, expressif et passionné que du jour où le violon s’est emparé en roi du domaine orchestral et symphonique. — L’histoire du violon est donc du plus haut intérêt, et le présent ouvrage « Les Ancêtres du violon et du violoncelle », fait par M. Laurent Grillet avec un soin scrupuleux, une érudition et une compétence indéniables, une sagacité éclairée, comble une lacune réelle. — Pour la première fois, il est démontré que jusqu’à l’apparition du violon, et même longtemps encore après celle-ci, les instruments à archet furent surtout des instruments d’accompagnement, dont la destination principale était de faire entendre des harmonies soutenues.

Cent cinquante figures pour la partie historique, vingt-quatre modèles de violons, altos et violoncelles des différentes écoles d’Italie, plus de treize cent cinquante notices biographiques sur les luthiers et les fabricants d’archets italiens, allemands, anglais, français, etc., quatre cents facsimilés de leurs étiquettes, tout cela puisé aux meilleures sources, attestent l’importance exceptionnelle de ce bel ouvrage, sorte de monographie aussi complète que possible des instruments à archet, résumant, avec des recherches personnelles et des aperçus nouveaux, tous les ouvrages publiés sur ce sujet.

L’auteur a retrouvé et donne les noms de deux cent dix violons du roi, de Louis XIII à Louis XVI, avec les dates de leurs nominations, ainsi que ceux de soixante-dix violonistes et violoncellistes qui se sont fait entendre au Concert spirituel de 1725 à 1790, accompagnés de comptes rendus du Mercure de France et du Journal de Paris.

Il démontre aussi, avec preuves à l’appui, que les sons harmoniques, dont jusqu’ici on avait attribué le premier usage à Paganini, étaient déjà employés par Mondonville, célèbre violoniste et compositeur français, en 1740.

Cet ouvrage se lie donc intimement à l’histoire de la musique elle-même. Tous les esprits curieux lui feront une place dans leur bibliothèque, et je suis particulièrement heureux de le présenter au public en lui souhaitant le succès qu’il mérite, en remerciant l’auteur d’avoir bien voulu m’en offrir la dédicace, et lui adressant en même temps mes vives félicitations.

Théodore Dubois.

À
THÉODORE DUBOIS


MEMBRE DE L’INSTITUT


DIRECTEUR DU CONSERVATOIRE NATIONAL DE MUSIQUE


Je dédie, en témoignage d’admiration et de reconnaissance, cet ouvrage dont il a bien voulu me faire l’honneur d’écrire la préface.

Laurent GRILLET.