Les anciens couvents de Lyon/23. Lazaristes

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Emmanuel Vitte (p. 415-424).

LES LAZARISTES



LES erreurs de la Réforme, les dissensions civiles qui la suivirent, amenèrent, sur la fin du seizième siècle, une grande ignorance et de grands désordres. Aussi voit-on à cette époque plusieurs graves et pieux personnages fonder des congrégations, soit pour la sanctification du clergé, soit pour l’évangélisation des fidèles ; c’est le moment où vont naître les Sulpiciens, les Oratoriens, les Eudistes, les Joséphistes de Lyon, les Lazaristes.

Les prêtres de la Mission, ou Lazaristes, sont les fils spirituels de saint Vincent de Paul, cet homme étonnant, dont la vie tout entière n’est qu’un prodige de charité, dont la sollicitude s’étendit de l’enfant sans parents au vieillard sans asile, dont le nom, respecté même des impies, se survivra longtemps par ses enfants, les prêtres de la Mission et les filles de la Charité.

Les modestes limites que nous nous sommes imposées ne nous permettent pas d’exposer dans son ensemble la vie de ce grand serviteur de Dieu : Abelly, Meynard, Mgr Bougaud, ont fait cet intéressant travail. Contentons-nous d’un aperçu sommaire, et en particulier de ce qui a trait à la fondation de la congrégation des prêtres de la Mission.

Vincent naquit, en 1576, au village de Poy, diocèse de Dax, aux confins des Landes de Bordeaux, vers les Pyrénées. Il était le troisième enfant de Jean de Paul et de Bertrande de Moras, qui en avaient six. Après avoir, dans sa première jeunesse, gardé les troupeaux de son père, il commença ses études chez les Cordeliers de Dax ; à l’âge de vingt ans, il reçut les ordres mineurs et partit pour Toulouse étudier la théologie ; il fut diacre en 1598 et prêtre en 1600.

Nommé alors à la cure de Thil, il-n’en prit pas possession, mais continua ses études à Toulouse, où il conquit le grade de bachelier en théologie. Alors commença pour Vincent de Paul une longue suite de faits merveilleux qui feront de sa vie un véritable prodige. Obligé d’aller à Marseille recueillir une dette de succession, il revint par mer et fut capturé par les Turcs, qui l’emmenèrent prisonnier à Tunis. Esclave d’abord d’un pêcheur, puis d’un médecin, il finit par tomber au service d’un renégat de Nice qui portait lourdement le poids de son apostasie. Vincent arriva à le convertir, et tous deux s’embarquèrent dans un fragile esquif qui les amena sans encombre à Aiguës-Mortes (28 juin 1607).

Un an après, M. Vincent était à Paris. Il fit la connaissance de M. de Bérulle, qui songeait à établir sa congrégation. Or, il y avait alors à Clichy, en qualité de curé, M. l’abbé Bourgoin, qui songeait à laisser sa cure pour entrer à l’Oratoire. M. de Bérulle fit à M. Vincent une double prière : il lui demanda de se charger de la cure de Clichy, et aussi de prendre soin des enfants du comte de Joigny, Emmanuel de Gondi, général des galères de France. Vincent de Paul accepta.

Le séjour qu’il fit dans la maison du comte de Joigny fut cause de l’établissement de la congrégation des prêtres de la Mission. Vers 1616, il accompagna la comtesse en son domaine de Folleville, au diocèse d’Amiens ; là il s’occupait à des œuvres de miséricorde. Un jour on vint le prier d’aller confesser dans les environs un paysan qui était dangereusement malade. Cet homme, qui avait la réputation d’un homme de bien, fit une confession générale, et M. Vincent trouva cette pauvre conscience chargée de plusieurs péchés mortels, que par honte ce malheureux pénitent n’avait jamais osé accuser, comme il le déclara lui-même en présence de plusieurs personnes. Là comtesse de Joigny, épouvantée de tant dé sacrilèges commis, et appréhendant qu’il n’en fût de même pour la plupart de ses vassaux, demanda à M. Vincent de prêcher dans l’église de Folleville, le jour de la conversion de saint-Paul (25 janvier 1617), pour exhorter les habitants à faire une confession générale. Le succès le plus complet couronna cette tentative, et Vincent de Paul a toujours regardé cette première mission comme la semence de toutes les autres et comme l’origine de sa congrégation. Aussi, à l’exemple de son pieux fondateur, cet institut eut-il à cœur de célébrer chaque année cette fête avec une dévotion particulière. Plus tard, Mme la comtesse de Joigny donna un fonds de seize mille livres pour faire sur ses domaines des missions tous les cinq ans.

Pour être plus parfaitement à Dieu, notre saint quitta la famille de Gondi. C’est alors qu’il fut curé de Châtillon-les-Dombes. Mais il n’y resta que peu de temps ; il fut, avec instance, rappelé par les Gondi et par l’archevêque de Paris. Dieu avait ses desseins, car Mme de Gondi voulait arriver à fonder des missions et à en charger M. Vincent. Elle réussit en effet dans son projet, et la création d’une congrégation de prêtres destinés à donner des missions fut résolue. M. de Gondi non seulement approuva le projet, mais voulut avoir le titre de fondateur, et son frère, l’archevêque de Paris, voulut aussi contribuer à cette fondation en destinant le collège des Bons-Enfants au logement de ces prêtres. M. Portail, M. du Coudray ; M. de la Salle furent les trois premiers associés, quatre autres les suivirent bientôt ; la congrégation était fondée et organisée. La fondation date de 1624, l’approbation archiépiscopale de 1626 : le pape Urbain VIII, par une bulle de janvier 1632, érige cette compagnie en congrégation ; enfin, au mois de mai 1642, Louis XIII expédie des lettres patentes pour autoriser l’institut.

C’est en 1632 que les prêtres de la Mission quittèrent le collège des Bons-Enfants pour s’installer au prieuré de Saint-Lazare de Paris ; de là ce nom de Lazaristes, sous lequel ils seront plus spécialement connus du peuple. Cette maison, en effet, par sa vaste étendue, la grandeur des bâtiments, le nombre des prêtres et des séminaristes qui y demeuraient et la résidence qu’y faisait le général, devint la maison mère de la congrégation.

Cet institut ne tarda pas à s’étendre ; les pères s’établirent en premier lieu à Toul, puis à Notre-Dame-de-la-Rose, en Guyenne, puis à Richelieu, à Luçon, à Annecy, etc… Vincent de Paul eut la satisfaction de voir établir vingt-cinq maisons pendant son généralat.

Notre dessein n’est pas de parler des autres fondations de saint Vincent de Paul, contentons-nous de dire que le soin de sa communauté des prêtres de la Mission tenait la première place dans ses sollicitudes. Il mit la dernière main aux constitutions de l’institut, et, en 1658, le livre des Règles fut imprimé et distribué à tous.

M. Vincent mourut plein de jours et de mérites, à l’âge de 85 ans. Il fut enterré au milieu du chœur de Saint-Lazare, et ses obsèques se firent au milieu d’un grand concours de peuple et de seigneurs. Quelques jours après, on fit pour lui un service solennel dans l’église de Saint-Germain-l’Auxerrois, et l’évêque du Puy prononça son oraison funèbre. Il fut canonisé par Clément XII. L’Église de Lyon possède, comme une de ses plus insignes reliques, le cœur de ce grand apôtre de la charité.

Sa congrégation fit des progrès rapides : en 1720, elle comptait déjà quatre-vingt-quatre maisons, divisées en neuf provinces, France, Champagne, Aquitaine, Poitou, Lyon, Picardie, Rome, Lombardie, et Pologne. Outre ces maisons, il y avait des fondations en Afrique, où les Lazaristes rendirent les plus grands services, et en Chine, où les envoya, en 1697, le pape Innocent XII. Lorsque les Jésuites furent supprimés, le gouvernement français, à qui les traités donnaient le droit de protéger les catholiques dans le Levant, confia aux Lazaristes les établissements de la Compagnie de Jésus en Turquie ; ils les remplacèrent dans les missions de Chine.

Les Lazaristes se proposent comme fin-principale de travailler à leur propre perfection, de s’employer au salut des pauvres gens de la campagne, et de s’appliquer à procurer l’avancement spirituel des personnes ecclésiastiques. La règle a ceci de particulier : outre les trois vœux ordinaires, on fait celui de stabilité, on fait une heure d’oraison mentale le matin, et trois examens de conscience chaque jour. Le général de la congrégation est perpétuel, et le costume des missionnaires est celui des ecclésiastiques, avec cette différence qu’au lieu du rabat ils portent un collet de toile blanche.

lazariste

La jeune congrégation montrait tant de zèle et faisait un si grand bien qu’on témoigna un peu partout le désir de posséder ces ouvriers populaires de l’Évangile, et qu’on fit ce que l’on put pour favoriser leur établissement. À Lyon, le 30 août 1668, messire Pierre Chomel, prêtre, et auparavant conseiller au parlement de Paris, donna une somme considérable (36.000 fr.) pour commencer l’établissement des prêtres de la congrégation de la Mission en notre ville ; il laissait au général, dans son acte de donation, le soin de déterminer le nombre de prêtres qui conviendrait. L’archevêque de Lyon confirma cet établissement le 14 novembre 1668 ; six jours plus tard, le 20 novembre, le prévôt des marchands donnait son consentement, et le roi lui octroyait des lettres patentes en février 1669.

Avant d’aller plus loin, il faut noter un intéressant détail, la fusion de la communauté de Saint-Michel avec les Lazaristes.

Qu’était cette communauté ? L’ignorance religieuse et le relâchement des mœurs étaient tels à cette malheureuse époque, que l’évangélisation des peuples s’imposait comme une nécessité de premier ordre. Mgr Camille de Neuville, archevêque de Lyon, le comprit, et avant l’apparition des Lazaristes, il favorisa de tout son pouvoir quelques prêtres zélés qui s’étaient groupés pour se livrer au ministère de la prédication. Dès 1630, messire Antoine Roussier, de Saint-Étienne-de-Furan, prêtre d’une vertu éminente, commença à prêcher et à catéchiser. Plus tard M. Antoine Journet d’Ariane et Jean Brias de Saint-Étienne s’associèrent au premier. La communauté fut modeste, mais on s’y intéressa bien vite. M. Floris Bruyas, curé de Saint-Héand-en-Forez et archiprêtre de Jarez, après avoir longtemps vaqué en personne aux dites missions, fit en deux fois une donation de 18.000 livres. M. Étienne Bouquin, curé de Saint-Ennemond, à Saint-Chamond, donna 3.600 livres. Et ces dons furent suivis de bien d’autres. L’archevêque leur donna la cure et l’église paroissiale de Saint-Michel de Lyon, et la chapelle ou ermitage du mont d’Izore [près Montbrison], en Forez. Cette communauté était trop semblable à celle des Lazaristes pour ne pas lui nuire si elle en restait séparée, pour ne pas augmenter la somme du bien si elle lui était unie. Ainsi le comprirent les membres de la communauté de Saint-Michel, et l’acte d’union des communautés, et ensemble de désunion de la cure de Saint-Michel, est daté du 12 novembre 1669.

Les prêtres de la Mission ne restèrent pas longtemps dans leur premier local. En 1673, ils achetaient, au prix de 83.000 livres, la propriété Montangle, qui appartenait à Paul Mascaranni.

Les Mascaranni étaient une noble et puissante famille originaire des Grisons. Paul Mascaranni est le premier qui soit venu à Lyon, en 1580, attiré par MM. de Gondi. Il épousa Françoise de Poulaillon, dont il eut cinq enfants, Alexandre, Paul, Barthélémy, François et Dorothée. C’est un Mascaranni qui, prévôt des marchands, fit, en 1643, le vœu de Lyon à Notre-Dame de Fourvière. C’est d’un Paul Mascaranni, qui avait épousé une dame Pelot, et qui fut prévôt des marchands en 1670, que les Lazaristesachetèrent la propriété Montangle et les fonds qui en dépendaient.

L’église de Saint-Laurent de Lyon était un monument des Mascaranni ; ils l’avaient fait bâtir à leurs dépens : on y voyait leurs armes, de gueule à trois faces vitrées d’argent, au chef de gueule, à dextre d’un chef d’argent, à senestre d’un casque, en profil de même, chargé en cœur d’un écusson d’azur à une fleur de lis d’or, par concession de Louis XIII. Cette famille abandonna Lyon pour se fixer à Paris.

L’acte de vente précise les limites de la propriété Montangle, seize en cette ville de Lyon, au territoire de Fourrières, paroisse de Saint-Paul, consistant en plusieurs corps d’hôtels, hauts, moyens et bas, ensemble les jardins, vignes, prés, vergers, escuyeries, feniers, remise de carrosse, cours, terrasses et généralement tous les fonds et dépendances. Le tout est un tènement jouxte les maisons et fonds de messire Michel Gros, seigneur de Saint-Joire, des sieurs recteurs et administrateurs de l’Hôtel-Dieu, du pont du Rhône et de l’Aumosne générale, et encore la maison ou monastère des dames religieuses de Sainte-Ursule, qui fut autrefois la maison du sieur de Rhodes, docteur-médecin, le tout de matin. La rue de Saint-Barthélémy, tendant à l’église des Pères Récollets, aussi de matin. L’église et couvent des dits Pères Récollets, une ruelle commune entre eux, le jardin et vergers du dit couvent des Pères Récollets, de vent. Un chemin tendant à l’église du dit Fourrières, de soir et bise, et la rue tendant du couvent des Pères Carmes déchaussés à la maison du sieur Octavio Mey, icelle étant proche le couvent des Capucins et joignant ledit tènement, le tout de bise. »

Une fois établis dans la maison Montangle, les prêtres de la Mission avaient à payer au chapitre de Saint-Paul, et aussi à MM. les comtes de Lyon, une rente noble de plus de trois cents francs. Ils s’en affranchirent, en 1673 et en 1674, au prix chaque fois de 6.700 livres.

Le nombre des prêtres de la Mission varie suivant les temps, et nombreuses furent les missions qu’ils prêchèrent. Deux détails sont à noter dans les nombreux actes de fondation de missions : la modicité relative du capital déposé, et l’obligation pour les missionnaires de prêcher matin et soir et de faire le catéchisme après midi.

Soit par des fondations, soit par des concessions gracieuses, soit par la bienfaisance des fidèles, les Lazaristes de Lyon eurent de nombreuses et importantes propriétés ; je citerai entre autres Mornant, Saint-Laurent-de-Chassagny, Saint-Andéol, Saint-Maurice, Saint-Didier, Duerne, etc… Disons un mot de la principale, celle de Mornant.

Un des plus anciens titres des Lazaristes de Lyon rapporte qu’il y avait près de Mornant un monastère appelé Saint-Jean-en-Montagne, Sancti Joannis in monte, qui fut détruit par un duc d’Autriche vers l’an 900. Ce monastère fut relevé par la suite, et en 974, il devint prieuré dépendant de l’abbaye royale de Saint-Martin-de-Savigny. En 1706, François de Murard était prieur. Il donna sa démission en faveur des prêtres de Saint-Lazare, avec le consentement de Mgr de Saint-Georges, archevêque de Lyon, et de l’abbé de Savigny (1707) ; les Lazaristes en prirent possession le 1er novembre. M. de Murard fut laissé prieur, et par divers achats il agrandit encore les propriétés. En 1717, on y fonda un séminaire tenu par les Lazaristes, et en 1719 les petites écoles de Saint-Charles.

Signalons enfin un dernier accroissement. D’après l’acte de vente de la propriété Montangle, cité plus haut, le troisième monastère des Ursulines formait une de ses limites. Ce monastère n’eut pas une longue existence, comme nous le verrons plus tard. Après enquête et contre-enquête, la suppression de ce monastère fut décidée. En 1697, les religieuses étaient conduites au premier monastère, celui de la rue Vieille-Monnaie. La maison fut longtemps vide ; la chapelle, par une gracieuse concession des Ursulines, servait au clergé de Saint-Paul pour y faire le catéchisme aux enfants ; plus tard elles permirent aux jeunes filles de la Doctrine chrétienne d’y faire leurs exercices, mais il paraît que le long abandon où les bâtiments étaient laissés avait amené des dégradations notables, puisque les Ursulines demandent aux filles de la Doctrine de se charger de la réparation du couvert de la chapelle. Cet état de choses dura jusqu’en 1756. À cette date, les Lazaristes achetèrent le monastère et ses dépendances.

C’est en continuant leurs apostoliques travaux que les Lazaristes virent arriver les jours sombres de la Révolution. À Paris, ils eurent de bonne heure leur part dans les persécutions dirigées contre l’Église : en 1789, la maison de Saint-Lazare fut pillée et saccagée. M. Cayla de la Tour, élu supérieur général en 1788, siégea aux États Généraux et à l’Assemblée constituante comme député du clergé de Paris, y défendit les intérêts de la religion, refusa le serment à la constitution civile du clergé, et, obligé de s’expatrier, mourut à Rome en 1800. Le séminaire de Saint-Firmin fut, comme le couvent des Carmes, le théâtre du massacre des ecclésiastiques, aux journées néfastes de septembre 1792, et son supérieur, M. François, y périt.

À Lyon, les Lazaristes eurent à passer par les mêmes épreuves que les autres ordres religieux ; finalement ils furent expulsés, et leurs biens vendus comme biens nationaux. Une maison et trois terrasses sont adjugées, le 4 vendémiaire an IV, aux sieurs Garnier et Deschaux. Le reste de la propriété est vendu au sieur Lavasseur au prix de 123.354 livres.

De plus, voici ce qu’on lit dans le Petit Pré spirituel, à l’usage des enfants de saint Vincent de Paul :

Le 16 janvier 1794, M. Guinand Louis, lazariste, originaire du diocèse de Lyon, directeur du séminaire de Mornant, fut guillotiné à Lyon, à l’âge de 61 ans, pour avoir refusé le serment à la constitution civile du clergé. Quoique d’un caractère faible et timide, il répondit avec une intrépide fermeté dans son interrogatoire. Les juges édictèrent contre lui la peine de mort comme prêtre réfractaire et prêchant le fanatisme.

Le 24 février 1794, M. Leclerc Claude, supérieur du séminaire de Mornant, lazariste, originaire de Saint-Chamond, condamné à mort comme prêtre réfractaire et prêchant le fanatisme, fut exécuté à Lyon, à l’âge de 75 ans. Trompé par les fausses protestations des schismatiques, il avait d’abord donné dans leurs erreurs. Mais bientôt, éclairé par de plus fidèles conseillers, il monta en chaire, un flambeau à la main, la corde au cou, et fit publiquement amende honorable en maudissant la constitution civile. C’est alors qu’il fut arrêté et traîné, malgré ses infirmités, au tribunal révolutionnaire ; il y fut magnanime.

En décembre 1793, M. Imbert Antoine, lazariste, né à Lyon et directeur des retraites dans la même ville, arrêté à Saint-Chamond, fut condamné à mort, à Feurs, par l’horrible proconsul Javogues ; il la subit en vrai martyr.

Dans ce glorieux nécrologe des Lazaristes, on cite aussi M. Lamourette, né dans l’Artois, et neveu du fameux Lamourette, évêque constitutionnel de Lyon, et aussi M. Verne ; directeur au séminaire de Mornant, mort dans les prisons du Puy, son pays natal, en 1793, à l’âge de 60 ans.

Après la Révolution, et quand un peu de tranquillité fut rendue à L’Église, les congrégations dispersées cherchèrent à se reconstituer ; rares furent celles qui purent habiter leur ancienne demeure. La maison des Lazaristes nous est un exemple des vicissitudes humaines. Elle passa en diverses mains. À un moment donné, nous voyons les Visitandines y reprendre la vie claustrale ; elles occupent les anciens bâtiments des Lazaristes jusqu’en 1838 ou 1839. À cette date, elles cèdent la place aux frères des Écoles chrétiennes, qui y établissent un de leurs pensionnats les plus renommés, connu à Lyon et dans la région sous le nom de Lazaristes. Les prêtres de la Mission sont revenus à Lyon, où ils habitent une modeste maison de la montée du Chemin-Neuf. Ils avaient jadis été heureux de s’établir aux pieds de la madone de Fourvière ; ils n’ont pas voulu abandonner cet auguste et bienfaisant voisinage.

SOURCES :

Vie de saint Vincent de Paul, par Abelly.

Archives municipales.

Petit Pré spirituel des enfants de saint Vincent de Paul.