Les atmosphères/Avec l’hiver soudain

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À compte d'auteur (p. 43).

AVEC L’HIVER SOUDAIN, tous les petits bateaux se sont tus au port, comme des grenouilles quand l’étang gèle, et le dernier paquebot, avec derrière lui l’eau épaissie qui bouge encore, se hâte vers le bout du fleuve où est la mer.

Voici décembre soudain, avec ce qui fait que rien n’insiste plus pour que je vive.

Voici décembre par où se fait la fin de l’illusion qu’il y avait en moi d’une possibilité de partir.

Ô les grands cris au port des derniers paquebots en partance définitive,

les entendre.

Et dans la glace, ce grand sillage que l’hiver garde matérialisé jusqu’à la mer, du dernier paquebot que décembre a poussé hors du port.