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Les cavaliers de Miss Pimbêche/14

La bibliothèque libre.
George E. Desbarats, éditeur (p. 62-63).

VENDREDI.

Aux abonnés du « Canadien, » à l’occasion du
jour de l’an, 1864.
Tel qui rit vendredi dimanche pleurera.
Racine, (Les plaideurs.)

Lecteurs, salut et bonne année,
Santé, paix et bonheur parfait :
C’est pour vous, en cette journée,
Le vœu que mon amitié fait.
Mais, dans la commune allégresse,
Mon cœur semble tout engourdi :
Hélas ! il est plein de tristesse… !
Le jour de l’an se trouve un vendredi.

Laissez vos contes de grand’s-mères,
Me dira-t-on, en ce beau jour
Tous les hommes s’aiment en frères
Et le répètent tour à tour.
Plus de faux amis… ! Quel beau rêve !
Hélas ! je le crois trop hardi,
Et demain, sans doute, il s’achève…
Le jour de l’an se trouve un vendredi.

La douce paix revient sur terre.
Le Sud au Nord donne la main,
La France unie à l’Angleterre
Nous assure ce lendemain…


Mais quand la Pologne sanglante
Demande vengeance ou merci,
On se tait… ! Elle est expirante !
Le jour de l’an se trouve un vendredi.

Au Canada, notre patrie,
On est fidèle à ses amours,
Au Canada, terre chérie,
L’union régnera toujours.
Et pourtant combien de nuages
À l’horizon en plein midi !
Dieu nous préserve des orages… !
Le jour de l’an se trouve un vendredi.

ENVOI.

J’aurais dû vous parler en prose,
Mais, (c’est chez nous un vrai travers,)
Il semble qu’on est quelque chose
Quand on a fait huit pauvres vers.
Que, durant l’année, en nos fêtes,
Dieu, vous épargnant tout ennui,
Vous garde des mauvais poètes,
Demain, toujours…, même le vendredi.