Les chevaliers de la nuit/5

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Police Journal Enr (Aventures de cow-boys No. 3p. 10-12).

CHAPITRE V

LA PREMIÈRE ASSEMBLÉE


Une foule de près de 200 cowboys se pressait autour de Robitaille et de Verchères.

Le sergent ouvrit l’assemblée.

— Les gars, dit-il, je vous présente le chef de police de Squeletteville qui a une proposition fort intéressante à vous faire.

Baptiste commença :

— Qui est votre chef ?

— Moi, s’écria un colosse en s’avançant.

— Votre nom ?

— Sandy Marlowe.

— C’est vous qui avez organisé cette grève ?

— Oui.

— Que voulez-vous au juste ?

— $40 de plus par mois.

— C’est là tout ce que vous demandez ?

— Oui.

— Alors si les ranchers consentaient à vous accorder ce $40 additionnel vous seriez prêts à retourner immédiatement au travail ?

Silence…

Silence et stupeur…

Verchères dit d’une voix calme mais sévère :

— Qu’en dites-vous, Marlowe ?

Celui-ci fustigea :

— C’est un truc, un traquenard. Ne répondez pas, cowboys.

Le sergent ordonna :

— Venez causer privément avec nous, Marlowe…

— Et si je ne veux pas, fit Sandy…

— Vous rappelez-vous le fameux vol de bêtes à cornes, il y a quelques mois. Votre rôle n’était pas très, très clair dans cette affaire…

Marlowe haussa les épaules et dit :

— Correct, correct ! Je vous suis.

Ils s’assirent tous les trois dans le bureau de Robitaille.

Baptiste demanda :

— Expliquez-nous votre accusation de traquenard.

Sandy fouilla dans ses poches.

En sortit un bout de papier.

Le déplia.

Et lut :

« À SANDY MARLOWE,
Chef des cowboys en grève ;
Marlowe,
Il faut que cette grève dure jusqu’à ce que tu reçoives un ordre contraire des chevaliers de la nuit.
Les C. de la N. »

Verchères dit :

— Voulez-vous me passer ce papier, Marlowe ?

Silencieusement Sandy le lui tendit.

— Maintenant, fit Verchères, passe-moi le tien, Claude.

Baptiste examina les deux papiers.

Longuement.

À la fin il dit :

— Il n’est pas nécessaire d’être graphologue pour pouvoir affirmer sans souci d’erreur que ces deux papiers ont été écrits par la même personne.

Délibérément, il ajouta en présence de Marlowe :

— Il ne nous reste plus qu’à obtenir des échantillons d’écritures des cowboys et des ranchers pour trouver l’auteur de ces deux notes anonymes…

Sandy ricana :

— Vous oubliez quelque chose, l’ami…

— Quoi ?

— Dites plutôt « qui » ; vous oubliez les chevaliers de la nuit…

— Non, non, n’allez pas croire que je les oublie ; si nous ne trouvons pas le coupable parmi les cowboys et les ranchers, nous nous attaquerons alors aux mystérieux chevaliers.

Le sergent intervint :

— Nous allons commencer par vous, Marlowe ; asseyez-vous à mon pupitre et écrivez mot à mot le texte de votre note des chevaliers.

Il ricana une 2e fois.

Mais obéit tout de même.

Quand il eut terminé, il tendit les deux papiers au chef de police de Squeletteville.

Baptiste compara.

Et dit :

— Marlowe, vous êtes exonéré. Maintenant, vous pouvez nous quitter…