Les députés de Saint-Maurice (1808-1838) et de Champlain (1830-1838)/Étienne Leblanc

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Députés de Saint-Maurice
III
Étienne Le Blanc
1760-1831

Bon nombre d’Acadiens déportés et dispersés dans les colonies anglaises lors du « grand dérangement » vinrent quelques années plus tard se fixer dans la province de Québec. Ils furent reçus comme des frères affligés rentrant au foyer paternel.

Trois fils de ces malheureux proscrits furent élus représentants à l’Assemblée législative durant le demi-siècle qui précéda l’union des deux Canadas en 1841. Ce sont Jean Boudreau, élu au premier parlement du Bas-Canada ; Louis Bourdages, célèbre dans nos annales politiques ; et Étienne Le Blanc qui, comme Boudreau, ne fit pas grand bruit en Chambre, mais il ne s’en occupait pas moins de la chose publique. Le 17 mars 1813, en sa qualité de président de la Corporation de la Commune des Trois-Rivières il écrivait à Ryland lui rappelant que, en vertu d’un acte du parlement provincial passé en 1801, Son Excellence le gouverneur en chef devait nommer un président et quatre syndics pour gérer les affaires de la commune des Trois-Rivières et il demandait qu’on rappelât la chose à la mémoire de Son Excellence. M. Le Blanc fut nommé juge de paix dans le district des Trois-Rivières le 30 juin 1815 et il fut, de 1809 à 1826, l’un des commissaires désignés pour s’occuper du soulagement et de l’entretien des enfants trouvés et des aliénés du même district.

Étienne Le Blanc fut, du 13 mai 1814 au 29 février 1816, député du comté de Saint-Maurice conjointement avec M.Joseph-Rémy Vallières de Saint-Réal, avocat, président de l’Assemblée, juge aux Trois-Rivières et, enfin, juge en chef du Bas-Canada.

M. LeBlanc avait brigué les suffrages des électeurs de ce comté à l’élection de novembre 1809, alors qu’ils étaient cinq candidats sur les rangs : MM. Coffin, Caron, Ranvoyzé, Gugy et Le Blanc ; M. Gugy était sorti vainqueur du tournoi.

Établi marchand à Champlain, Étienne Le Blanc alla, en 1799, demeurer aux Trois-Rivières où il continua de s’occuper d’affaires jusqu’à sa mort survenue le 11 juillet 1831, à l’âge de 71 ans, après une cruelle maladie. Il avait été, disent les deux Gazettes de Québec et de Montréal, seigneur de Bécancour et autres lieux. Cependant, nous n’avons rien trouvé dans les Archives du Canada pour confirmer ce fait et M. Pierre-Georges Roy n’en fait pas mention lui non plus dans son Inventaire des Concessions en fief et seigneurie. La Gazette de Québec contient nombre d’annonces et de nouvelles le concernant, de 1789 à 1816, mais rien dans ce journal n’a rapport à sa seigneurie.

Étienne Le Blanc était, croyons-nous, le fils d’Augustin Le Blanc et de Françoise Hébert, victimes de la déportation de 1755. Transportés au Massachusetts où ils eurent beaucoup de misère et subirent, comme tous leurs compagnons, de fort mauvais traitements, ils obtinrent enfin, en 1766, la permission de venir s’établir dans la province de Québec. En plus de sa femme, Augustin amenait avec lui six enfants dont notre futur député.

Né en exil vers 1760, Étienne Le Blanc fut baptisé à Yamachiche le 10 septembre 1767 et il épousa, au même endroit, le 16 février 1789, Marie, fille de Pierre Tessier et de Marguerite Gélinas. Il en eut dix enfants, dont Augustin, célèbre architecte, né le 11 mars 1799 et décédé à Saint-Hugues de Bagot.

Si cet Étienne Le Blanc est bien notre député comme nous avons tout lieu de le croire, il est assez curieux de constater que M. Desaulniers n’ait pas mentionné ce fait important dans l’étude qu’il a consacrée à cette famille.

On sait que les Acadiens dont le nom patronymique est Leblanc écrivent ce nom en deux mots : Le Blanc, or c’est ainsi que signait notre homme.