Les députés de la région des Trois-Rivières (1841-1867)/GÉRIN-LAJOIE, Charles

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XX

Charles Gérin-Lajoie


(1824 – 1895)

Jean Jarin ou Gérin, fils de Joseph et de Marie Courtin, qui devait faire souche au Canada, était natif de la paroisse des Échelles, Grenoble, en Dauphiné. Sergent dans les troupes de Montcalm, « il avait tant belle humeur que ses camarades de régiment le surnommèrent la Joie », sobriquet qui est demeuré accolé au nom patronymique.[1]

Le 10 octobre 1760, Jean Gérin-Lajoie épousa, à Yamachiche, Marie-Madeleine Grenier, qui lui apportait en dot une concession dans le fief de Grandpré. Il mourut le 25 février 1799, père de treize enfants, dont le septième, nommé André, succéda au foyer et prospéra rapidement. Marié à Ursule Rivard la Glanderie, le 27 septembre 1790, il en eut onze enfants.

Petit-fils du précédent et fils d’André Gérin et de Victoire Caron.[2] Charles Gérin naquit à Yamachiche, le 28 décembre 1824, et fit ses études au collège de Nicolet. Il était propriétaire de moulins et manufacturier. Il épousa, à Yamachiche, le 19 septembre 1843, Élizabeth, fille de Charles Dupont et de Clotilde Geffrard. Charles était le cousin germain d’Antoine Gérin-Lajoie, l’auteur de « Jean Rivard », ainsi que de Mgr Denis Gérin et de l’honorable Elzéar Gérin, conseiller législatif, de 1882 à 1887, et l’oncle à la mode de Bretagne, de M. Léon Gérin, président général actuel de la Société Royale du Canada.

M. Charles Gérin-Lajoie représenta le comté de Saint-Maurice à l’Assemblée législative du Canada, du 20 juin 1863 au 1er juillet 1867, et aux Communes, du 2 février 1874 au 17 août 1878, lorsqu’il se retira de la politique et accepta du ministère Mackenzie le poste de surintendant des travaux du Saint-Maurice, emploi qu’il occupa jusqu’à sa mort.

M. François-L. Desaulniers raconte[3] le trait suivant au sujet de M. Gérin et du docteur Desaulniers, qui étaient tous deux de très ardents politiciens.

« Une affaire fort peu importante engagea M. Charles Gérin-Lajoie à se présenter comme candidat, en 1863, contre le Dr Desaulniers qu’il défit, après une lutte acharnée et qui a suscité des haines devenues légendaires : une modeste élection de président de société d’agriculture. »

On sait que dans nos campagnes, le poste de président de la Société d’agriculture locale, comme ceux de maire de village, de canton et de comté, servent très souvent d’échelons à ceux qui ont des ambitions politiques. C’est ce qui explique, en bonne partie, la haine dont parle M. Desaulniers.

Cet auteur nous trace ensuite le portrait suivant de M. Gérin :

« M. Lajoie peut être considéré comme le père du parti libéral dans Saint-Maurice. Après avoir dépensé une partie du patrimoine paternel et ses propres économies, il accepta la position de surintendant des travaux du Saint-Maurice, en 1878, lors de la chute du Cabinet McKenzie. M. Lajoie a été très populaire dans son temps ; ses manières affables pour tous, adversaires comme amis, en faisaient l’ennemi le plus redoutable qu’ait jamais vu le Dr Desaulniers. Depuis 1878, M. Lajoie s’est strictement borné à remplir les devoirs de sa charge, il vit encore, aux Trois-Rivières, avec sa fille unique Andrée qui fait la joie de ses vieux jours. Il est estimé, même de ceux avec qui il fit jadis les combats politiques. C’est un honnête homme et un brave citoyen ».

M. Charles Gérin-Lajoie est mort le 8 novembre 1895.

  1. Dictionnaire général, du R. P. Le Jeune, O.M.I.
  2. Les vieilles Familles d’Yamachiche, I, 107. Cette Victoire Caron était la fille de Charles Caron, député de Saint-Maurice de 1824 à 1830.
  3. Supplément à l’Histoire d’Yamachiche, par l’abbé N. Caron, p. 177.