Les enfans des Vosges/Avis du rédacteur

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Frechet (Tome 1p. v-viii).


AVIS DU RÉDACTEUR.

Ce n’est pas un roman que j’offre au public, mais une anecdote véritable qui m’ayant inspiré le plus vif intérêt, m’a paru digne de lui être présentée. Je n’en doutais pas lorsque je l’ai entrepris ; quelques réflexions ont depuis affaibli au moins cette opinion. C’est auprès d’Offenbourg, qu’on m’a lu le manuscrit qui contenait cette petite aventure, c’était presqu’en face du lieu de la scène, que je connaissais d’ailleurs parfaitement, et que je voyais, encore dès que je levais les yeux ; d’après tout ce qu’on m’avait dit auparavant j’étais persuadé de la vérité de ce récit ; l’effet qu’il produisit sur moi n’a rien que de naturel ; mais il m’est impossible de placer mes lecteurs dans la situation où je me trouvais, de leur communiquer cette persuasion où j’étais, où je suis de l’existence des faits et des personnages, et dès-lors ce petit ouvrage retombant pour eux dans la classe des mille et une histoires véritables, qu’a déjà fournies la révolution, aura peut être le même sort que la plupart d’entre elles.

Décidé néanmoins à le publier, j’ajouterai seulement, que le manuscrit m’ayant été remis avec la permission d’en faire ce que je voudrais, je me suis borné à en corriger le style, qui était celui d’un Alsacien, qu’un séjour presque continuel dans son village n’avait pas dû rendre très-familier avec notre langue ; à raccourcir des réflexions sur la religion et l’éducation, estimables au fond, mais qui auraient exigé du tems et du talent pour être présentées d’une manière à-la-fois interessante et utile ; d’ailleurs je ne me suis permis aucune altération au fonds de l’histoire, qu’on trouvera sans doute extraordinaire ; mais qu’on se rappelle que, si l’on a raison de dire, que le vrai n’est pas toujours vraisemblable, c’est sans doute dans le siècle où nous vivons.