Les gouttelettes/71

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Les gouttelettesLibrairie Beauchemin (p. 99).


KONDIARONK


Quel souffle avait passé sur la sombre forêt,
Quand te conçut ta mère, en sa hutte d’écorce ?
D’où venait ton génie et d’où venait ta force ?
Tu fus donc enfanté par un céleste arrêt ?

Ton inculte grandeur comme un rêve apparaît.
Trouvas-tu dans la gloire une alléchante amorce,
Démosthène des bois, ou ton âme retorse
Fut-elle, un jour, sensible au sordide intérêt ?

Ta voix fait retentir les sauvages retraites.
Les tribus que ta ruse à nos lois a soustraites
Bondissent aussitôt comme un fougueux torrent.

Mais Ononthio parle à tes passions fauves ;
Ceux qui devaient périr, voilà que tu les sauves,
Et tu chantes la paix sur ton luth de mourant.