Les mystères de l’île Saint-Louis/Tome 1/03

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M. Lévy (tome Ip. 32-42).

III

LE CABARET DE LA POMME DE PIN.


À peine entré dans le cabaret, Saint-Amand jeta un coup d’œil rapide autour de lui, espérant sans doute trouver à ces tables ses acolytes ordinaires. À l’exception de Gillot et de Faret, tous s’y trouvaient à leur poste.

Envoyant à peine un léger salut aux figures enluminées de Granchamp, de Pontmenard, de Chassaingrimont, de Saint-Brice et de Bilot, désignés tous en ce beau gîte sous le nom des Chevaliers de la Coupe, le poëte s’arrêta tout droit devant un gros homme que maître Philippe Gruyn, le cabaretier, venait de servir sur son comptoir même ; c’était le capitaine la Ripaille.

Chassé des gendarmes rouges pour quelques légers méfaits, ce brave capitaine humait alors, d’un air platonique, un large verre de vin de Hongrie.

— C’est un brave à trois poils, dit au poëte maître Philippe Gruyn ; il peut nous être utile dans l’occasion. Mon cabaret, vous le savez, a plus d’une fois éveillé l’attention de la police. Ce que c’est, monsieur Saint-Amand, que d’avoir affaire à des gens nobles ! ils ont sur les bras bien plus d’affaires que les gueux ! À propos de gueux, vous me feriez bien plaisir de me dire où est mon fils ! L’avez-vous vu, monsieur Saint-Amand ? Que fait-il ? où passe-t-il maintenant ses jours et même ses nuits ? Ce garçon-là, voyez-vous, me fera mourir !

— Maître Philippe, répondit Saint-Amand, désireux de couper court à cette jérémiade paternelle, je vous présente un de mes bons amis… dont je vous dirai le nom plus tard. C’est un homme d’épée, et ce sera bientôt, j’en suis sûr, un des plus solides Chevaliers de la Coupe ! Il arrive d’Italie…

— D’Italie ? vraiment ! Alors je vais servir à monseigneur du lacryma, du montefiascone, du rosolio… dit maître Philippe en s’empressant.

— Comment donc ! mais vous allez lui servir le broc d’honneur ! vous entendez ? celui que l’on ne donne qu’aux grands jours ! Dépêchez, maître Philippe.

En entendant ces paroles, le capitaine la Ripaille s’approcha soudain de l’étranger dont la venue lui semblait d’heureux augure.

— Monsieur n’a pas sans doute encore vu Paris ? Je me charge de l’y guider. Monsieur me trouvera chaque jour à midi devant la Samaritaine. S’il a besoin d’un second, je suis son homme. Ah ! c’est que le pavé est ici des plus glissants ! À la dague, au pistolet, à cheval comme à pied, c’est mon état.

— Si monsieur veut connaître les comédiens de l’hôtel de Bourgogne, ou bien encore la troupe de Gauthier Garguille, Turlupin et Gros Guillaume, je me fais fort de l’y mener dès demain, dit Bellerose l’acteur, d’un ton engageant.

Bellerose était un assez bel homme, qui venait chaque soir au cabaret de la Pomme de pin, où l’on ne se souvenait pas, de mémoire d’homme, qu’il eût payé.

L’Italien ne répondit à ces compliments intéressés que par un salut assez dédaigneux. La fumée des pipes formait une atmosphère épaisse autour de lui : il s’assit paisiblement à une table, sans trop prendre garde aux hôtes de maître Philippe.

Deux masques remuaient alors les dés à deux pas de l’Italien. À sa vue, l’un d’eux fit un mouvement et arrêta son cornet.

— Qu’avez-vous donc ? demanda le plus grand des joueurs à l’autre.

— Je vous le dirai… Observons, lui répondit son interlocuteur en se remettant au jeu.

— Le broc d’honneur ! s’écria Saint-Amand d’une voix rauque. Si vous voulez que je vous dise mon sonnet, il faut m’humecter.

Car le vin c’est mon feu, mon sang et mon soleil !

Saint-Amand trébucha ; il fût tombé sur le sol sans l’aide de Chassaingrimont. Il y avait, dans ce cabaret de la Pomme de pin, chanté tant de fois par lui, deux camps bien distincts d’abord les véritables clients de maître Gruyn, c’est-à-dire ceux qui payaient. De ce nombre étaient Granchamp, Chassaingrimont, Pontmenard, Saint-Brice et Bilot ; l’autre se recrutait du capitaine la Ripaille, de Bellerose le comédien, et d’autres pauvres hères. Placé sur le pont Marie, le cabaret de maître Philippe Gruyn ne ressemblait, du reste, en rien aux établissements ignobles d’aujourd’hui les gens les plus distingués par la naissance et par le talent le fréquentaient. On y dînait tour à tour et on y soupait. Des poëtes du temps, tels que Saint-Amand et Regnier, ses desservants, comparaient ce lieu à la fontaine de Jouvence. On ne dit pas que le vin de cette taverne rajeunît ; mais il est à présumer qu’il était bon, le cabaretier Philippe Gruyn ayant fourni plus tard la maison du maréchal la Meilleraye, ce bizarre neveu du cardinal de Richelieu, devenu depuis surintendant des finances.

— Mais on veut donc ma mort ! hurla de nouveau SaintAmand ; on ne veut donc pas que je puisse dire mon sonnet ! Le broc d’honneur !

— Attendez Mariette, dit Bellerose avec grâce et en s’ajustant devant un miroir piqué de mouches, n’est-ce pas Hébé qui présente la coupe aux dieux ?

Bellerose, en parlant ainsi, se dirigea vers la compagnie de maître Philippe Gruyn, et le pria, au nom de l’assemblée, de faire descendre Mariette…

Lors donc que le digne cabaretier eut agité trois fois la petite clochette suspendue, par un léger battant de cuivre, à la droite de son comptoir, signal ordinaire par lequel il annonçait l’entrée de Mariette, il se fit un grand silence.

Saint-Amand peigna de son mieux sa moustache rousse, et leva les yeux au plafond pour y chercher une rime ; le capitaine la Ripaille reboucla son ceinturon sur ses reins, le masque et son compagnon interrompirent leur jeu, Bellerose siffla un air, et l’italien, placé près du poëte, regarda négligemment.

Mariette parut, embrassant à peine de ses deux mains un de ces pots de Flandre, au ventre énorme, sur le grès desquels les curieux d’aujourd’hui recherchent encore, plus que ceux des seizième et dix-septième siècles, le ciseau de l’ouvrier qui souvent était un maître. Sur le couvercle de ce vase d’étain était sculptée en ronde bosse l’effigie du roi Louis XIII ; c’était là le broc d’honneur, le broc par lequel tout étranger payait sa bienvenue au cabaret de la Pomme de pin.

Comme il était bien rempli, Mariette avait grand-peine à le soulever, elle pouvait même le laisser choir ; aussi vit-on aussitôt se détacher derrière elle, dans l’espace lumineux qui entourait le comptoir de maître Philippe, une sorte de figure assez semblable à celle d’un nain, celle du valet de Saint-Amand, qu’il appelait Mardochée. Craignant un faux pas de la belle enfant, il prit le vase trop lourd pour ses jolis doigts.

Mardochée avait, dans sa jeunesse, été sonneur, puis donneur d’eau bénite à Saint-Eustache, puis enfin valet de Saint-Amand. Il portait souvent les habits de ce dernier, ce qui a été de tout temps l’usage des valets qui ont quelques familiarités avec leurs maîtres. Décemment il le pouvait, car Saint-Amand ne le payait pas, à moins que ce ne fût de grands coups, monnaie dont Mardochée se plaignait fort. Toutefois, plus il mettait de rabats et de pourpoints à son maître, qui fermait complaisamment les yeux sur ces diverses éclipses de sa garde-robe, et moins il était battu, Saint-Amand craignait de détériorer ses effets sur ce pauvre hère. Au demeurant, Mardochée était bossu, louche et bancal, ce qui constituait chez lui une triple rancune contre les hommes beaux et bien faits.

Noué, trapu, ramassé, il enleva le grès de Flandre d’un seul bras, le posa devant son maître Saint-Amand et l’inconnu, puis il se tint à l’écart respectueusement.

La seconde d’après, Mariette se trouvait vis-à-vis de l’Italien, à qui, sur l’invitation ou plutôt sur l’ordre de maître Philippe Gruyn, elle tendit sa main blanche.

L’inconnu comprit ce geste, fouilla lentement dans son pourpoint, pendant que Saint-Amand faisait mine de ne rien voir et agaçait la chatte du cabaret, nommée Marmousette.

Les habitués de la Pomme de pin se regardaient entre eux ; la Ripaille laissait percer sa joie dans ses petits yeux verts, brillants d’envie et de malice ; Bellerose se dandinait, et Mardochée ouvrait déjà, pour mieux rire, sa bouche démantelée de toutes ses dents.

Le masque et son compagnon ne prêtaient pas une moindre attention à cette scène.

L’Italien ne possédait plus un teston ; il avait donné sa bourse au passeux, la sueur mouilla son front. Il regarda Saint-Amand, il toussa ; Saint-Amand corrigeait les vers de son sonnet.

Cependant Mariette, la charmante Hébé du cabaret, se tenait toujours devant lui ; elle attendait, et semblait ne pas comprendre l’embarras de l’étranger. Avertie bientôt par son silence et sa pantomime piteuse, la jolie fille laissa tomber son regard sur lui, et dans ce regard brilla le feu d’une indicible pitié. Cet homme était malheureux ; il venait d’un autre pays ; il paraissait fier, courageux, de bonne mine ; qui sait ? il pouvait devenir un jour le protecteur et l’ami de Mariette. Ces réflexions furent chez elle l’affaire d’un instant. Mariette avait cru voir une larme furtive rouler dans la paupière de l’étranger ; c’était peut-être une larme de rage ou de honte… Elle se baissa rapidement au milieu des chuchotements de l’assemblée, et ramassant tout d’un coup une bourse sur le parquet :

— Une autre fois, monsieur, ne me forcez pas à ramasser votre argent à terre, dit-elle avec un petit air de mutinerie. Voyons, comptez-moi ce que vous me devez ; c’est une pistole ; j’attends !

L’étranger avait seul compris le regard d’intelligence que lui jeta Mariette. Ce regard pénétra son âme de gratitude, mais il se contint ; il ouvrit la bourse que Mariette avait laissé tomber, et en tira une pistole.

Saint-Amand et le capitaine la Ripaille n’observèrent pas sans étonnement la rondeur de cette bourse.

— Par ma foi ! voilà un fils de Naples ou de Mantoue qui ne ressemble guère à ses chers compatriotes murmura Bellerose à l’oreille du capitaine.

Aucun des spectateurs, et maître Philippe lui-même, n’eût pu soupçonner le manège de Mariette ; la jeune fille était pauvre, qui donc eût pensé qu’elle avait de l’or ?

L’Italien regarda Mariette avec un mélange de défiance et d’attendrissement. La bourse était belle, et il y avait dessus des armes gravées. L’Italien y prit garde, et il la serra dans son pourpoint.

Le broc d’honneur fit le tour des tables ; chacun, et surtout Saint-Amand et la Ripaille, se récria sur la générosité du nouveau venu.

Maître Philippe lui fit donner par un de ses garçons un fauteuil de cuir, au lieu d’un simple escabeau. Saint-Amand intima l’ordre à Mardochée de se tenir derrière lui, la serviette en main.

Pour notre étranger ; il ne quittait pas des yeux chaque mouvement de Mariette. Il put se convaincre alors à loisir que les louanges d’un poëte aussi exagéré que Saint-Amand étaient loin d’approcher encore de la vérité.

Sous une enveloppe fine et délicate, Mariette lui parut cacher un fond de résolution presque virile ; elle avait le regard vif et décidé. Ses yeux, d’un noir de jais, les boucles lustrées de ses cheveux, le ton légèrement ombré de sa peau, l’éclat de ses dents, la légèreté de son pas et de sa démarche, étaient en harmonie chez elle avec certaines allures masculines. À sa voix, on eût dit une jolie fille à ses mouvements, on eût cru voir un page gêné sous l’habit de femme. Son front était calme, son regard doux et limpide. Quand elle s’était penchée pour ramasser la bourse, l’étranger avait presque réchauffé son cœur à cette tiède et douce haleine. Il but à peine, quand tous les autres buvaient. Elle s’était placée vis-à-vis de lui, avec un air de triomphe ingénu dont l’Italien avait seul la clef.

Elle alla soulever ensuite de ses doigts effilés le rideau placé à la porte d’entrée, et elle regarda avec inquiétude dans la rue. La pluie tintait alors avec violence contre les vitres, et les pratiques de maître Philippe Gruyn ne paraissaient guère disposées à quitter son cabaret par un temps pareil.

Evohe ! Bacche ! s’écria Saint-Amand, qui passait au latin dès qu’il se voyait un peu gris. La Ripaille, versez à boire à monsieur ! Mardochée est indigne de servir un si galant homme ! À propos, Mardochée, allume donc la pipe du capitaine ! Il nous contera l’un de ses duels en Italie ou en Catalogne… Accende ! puer, accende !

— Monsieur, dit Bellerose en s’approchant de l’Italien, vous êtes un galant homme.

— Monsieur, dit la Ripaille, j’aime à voir comment vous vous conduisez dans l’occasion.

— Honneur à l’Italie ! honneur aux Italiens ! cria à tue-tête Saint-Amand. Maintenant, je vais vous dire mon sonnet…

— Si c’est un sonnet en italien… je vous le permets, monsieur, dit le capitaine la Ripaille, qui goûtait peu les sonnets. J’ai quelques teinturés de l’italien, ayant été employé au service du duc de Fornaro.

L’Italien tressaillit. Le nom que le capitaine venait de prononcer avait amené sur son front un pli léger. Il reprit en versant une rasade au capitaine :

— On m’a parlé, monsieur, de ce duc de Fornaro. N’est-ce point un seigneur qui résidait à Florence ?… N’a-t-il point épousé…

— La jeune et belle Thérésina Pitte, il y a bien quinze ans de cela. Le duc s’en montra de bonne heure jaloux, si jaloux que les moindres familiers de la duchesse lui déplaisaient. La duchesse m’a toujours paru cependant une femme fort exemplaire. Si vous la connaissez, je n’ai pas besoin de vous dire que c’est assurément la plus belle personne qu’on puisse voir. J’étais alors l’écuyer du duc ; il m’avait ramené de France avec lui ; mon épée était à son service. Le duc me donnait par mois trente ducats. Je devais, pour cette solde, observer ce qui se ferait chez sa femme, métier peu commode avec la foule de seigneurs et de poursuivants qui l’obsédaient. Encore une fois, j’eusse été Satan que je n’aurais pu prendre en défaut madame la duchesse… Elle allait aux églises une grande partie du jour, s’occupait d’œuvres pieuses ; bref, son noble époux semblait furieux contre son propre bonheur, lorsqu’un jour…

— Un jour… achevez, reprit l’Italien, le regard ému, flamboyant.

— Il paraît que mon histoire vous intéresse, dit le capitaine.

— Ne vous ai-je pas dit que je connaissais le duc ?

— Donc, un jour, continua le capitaine, c’était à Florence… il y avait foule sur le pont du Saint-Esprit… On devait extraire de la prison plusieurs criminels, et, comme il est d’usage, nombre de citadins se pressaient sur ce pont par lequel ils devaient passer. C’étaient des cris, un tumulte à rendre sourd. Le duc, marié depuis trois semaines, refusait d’abord de conduire sa femme à un pareil spectacle ; mais elle insista, ce que j’attribuai, pour ma part, à un caprice. Je pris mon épée et je les suivis. En vérités, rien qu’à voir ce vieillard caduc appuyé au bras de cette ravissante jeune femme, on se demandait dans la foule par quel étrange malheur elle lui était échue en partage, et l’on accusait sa famille de tyrannie. Les noces avaient été splendides, étourdissantes. Il semblait que le duc ne voulût point laisser à sa femme le temps de se reconnaître… Pour elle, il m’en souviendra toujours, je ne la vis jamais plus triste et plus accablée que le soir de cette cérémonie. Quand on parlait de morts ou de condamnés, elle pâlissait, et cependant, lorsque les cris du peuple nous annoncèrent l’arrivée de ces criminels, son regard abattu brilla tout d’un coup d’une flamme extraordinaire. Elle ne parlait plus, ne remuait plus les bras, mais elle semblait attendre avec une anxiété cruelle le trajet de ces malheureux qu’on allait mener chez leurs juges. Le chariot qui les voiturait passa bientôt devant nous, et je regardai comme les autres. Mais à l’instant même un cri d’angoisse partit de derrière moi, et ce cri sortait de la poitrine de la duchesse… Elle retomba inanimée entre mes bras, se cachant le visage de ses deux mains. Anita, sa camériste, m’affirma le soir qu’au moment où elle avait aperçu le chariot, elle y avait rencontré le regard d’un homme de belle taille, qui, de son côté, en la voyant, voulut rompre ses menottes et s’élancer vers la duchesse… Mais c’était là sans doute une imagination de cette Anita, belle fille d’Italie, dont je vois encore le petit voile de gaze noire et transparente rabattu sur le visage, et qui descendait jusqu’au menton. Ce fut elle pourtant qui me fit quitter le service du noble duc, lequel me payait beaucoup trop dans un poste où je n’avais rien à faire. Comme je vous l’ai dit, en effet, la duchesse de Fornaro était vertueuse ; aussi trouva-t-elle fort mal que je refusasse d’épouser cette Anita, à laquelle j’avais, en effet, promis de munir. À cela, il n’y avait qu’un petit inconvénient : j’étais marié en France… Force me fut donc de quitter le duc, que je ne servis que deux mois. Ils allèrent à Ferrare, et de là je ne sais où…

En écoutant parler le capitaine, la physionomie de l’Italien était devenue si pâle, que la Ripaille fut le premier à lui dire :

— Mais vous ne buvez pas, serait-ce que mon récit…

— Il m’a plu singulièrement, dit l’inconnu. Oui, le duc avait en vous un brave serviteur. Je bois à notre rencontre, capitaine, et vous remercie, monsieur, continua-t-il en se tournant vers Saint-Amand, de m’avoir fait entrevoir ici la charmante Mariette.

En disant ainsi, l’Italien montrait du doigt la belle enfant. L’inquiétude la plus vive semblait dominer alors tous les mouvements de la jeune fille ; elle collait son visage contre les vitres du cabaret, frappant du pied avec une vive impatience.

— Honneur à l’Italie ! honneur aux Italiens ! répéta Saint-Amand.

La brusque arrivée d’un nouveau personnage mit fin à ces libations intéressées ; la porte du cabaret craqua sur ses gonds, et un jeune homme, sur les pas duquel on semblait marcher, se précipita dans la salle.

Son feutre, son manteau et ses habits ruisselaient de pluie, car l’orage continuait.

Il respirait à peine, et il se laissa tomber sur un escabeau.

À peine fut-il entré que Mariette, aussi prompte que l’éclair, tira le verrou de la porte sur lui.

— De par le roi et le cardinal criait-on en dehors. Il se fit un grand silence.

— Ouvrez, ouvrez, répétèrent les mêmes voix.

— Peste ! la triple ronde ! dit Bellerose en regardant à travers la vitrine en mailles de plomb ; voilà qui est grave ! Que nous veut-elle ?

La figure de maître Philippe Gruyn, le cabaretier, se rembrunit ; il courut au jeune homme et lui jeta à l’oreille quelques paroles brèves.

— Ouvrez ! reprit une voix bien connue de maître Philippe, ouvrez, ou nous enfonçons la porte !