Les mystères de l’île Saint-Louis/Tome 1/18

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M. Lévy (tome Ip. 156-165).

XVIII

UN TÉMOIN.


La pâleur de Teresina était mortelle ; lorsque sa duègne ralluma les bougies de l’appartement, le visage de la duchesse effraya Charles.

L’audace de Leo Salviati l’avait glacée ; elle connaissait depuis longtemps la méchanceté de cet homme ; sa présence à cette fête ne pouvait lui présager qu’un malheur. L’éclat de l’insulte avait attiré bien vite les regards sur elle ; on l’avait vue trembler et pâlir ; puis, quand ses forces avaient défailli, elle avait pu recueillir sur son passage des rires insultants et dédaigneux. En apercevant Charles à ses genoux, Charles éploré, tremblant, elle crut sortir d’un rêve.

– Vous ici ! demanda-t-elle ; il ne vous a donc pas tué ! il a eu peur !

Et comme il gardait le silence :

– Oh ! je le vois, dit-elle, vous vous battez ce matin. Le comte Leo Salviati n’est point homme à pâlir devant l’épée d’un enfant ; et qui êtes-vous, Charles, sinon un novice courageux, plus accoutumé aux jeux de la force qu’à ceux de l’adresse, plus jaloux de combattre un tigre qui brise sa chaîne que de lutter avec ce duelliste acharné ?

La duchesse, en prononçant ces paroles, regardait Charles avec une douloureuse compassion.

— Si jeune ! murmura-t-elle, si jeune et déjà mourir ! Car votre courage ne peut vous sauver ; cet homme est sûr de lui, il sait où s’arrêtera la pointe de son glaive. Folle que je suis d’avoir été moi-même au-devant de vos idées d’ambition ! folle que je suis d’avoir remis le pied dans ce monde dont la douleur m’avait séparée jusqu’alors comme une barrière ! Du moins s’il vivait encore, lui dont le courage et le bras étaient si sûrs, il vous eût protégé, couvert de son corps ; il eût tué le comte, ajouta la duchesse dans l’égarement de ses pensées et de sa stupeur.

– De qui donc voulez-vous parler, madame ? demanda Charles ; de votre mari, peut-être ?

– De mon mari… poursuivit-elle en sa voyant ramenée par Charles à elle-même ; d’un homme que vous n’avez pu connaître, mais qui, lui du moins, fut loyal et bon… Ce Salviati n’est qu’un lâche ! Oser me soupçonner, moi, la duchesse de Fornaro, d’être votre maîtresse ! Ah ! c’est une injure qui veut du sang ! Mais si le vôtre allait être versé, cher enfant ; si, pour me venger, vous deviez succomber dans cette rencontre ! Ah ! je le sens là aux battements de ce cœur, le remords, le remords seul deviendrait le compagnon, le tyran de mon existence ! Après tout, n’ai-je pas encore des parents à Ferrare, et faut-il que ce soit vous…

— Ce sera moi, madame, interrompit Charles avec fermeté, moi, que le comte Leo Salviati a bien voulu accepter, moi qui le tuerai ; oui, madame, je le tuerai.

Le visage de Charles, empreint d’une noble fierté, n’exprimait que trop sa résolution ; la duchesse, en le contemplant alors, en suivant les lignes énergiques de ce beau front, semblait retrouver d’autres souvenirs ; son âme se brisait à l’idée d’un malheur dont elle allait encore être la cause. N’était-ce point assez que le seul homme qu’elle avait aimé eût péri dans les cachots de Florence, et devait-elle donc retrouver, après quinze années de fuite et d’exil, une autre tombe entr'ouverte sur le sol natal ? Ce jeune homme l’avait sauvée, et c’était pour elle qu’il allait risquer ses jours, pour elle qui ne pouvait récompenser son amour que par la plus chaste et la plus dévouée des sympathies ! Teresina laissa tomber son regard voilé de pleurs sur Charles Gruyn.

— Un espion ! un espion ! n’ont-ils pas craint de m’écrire ! Ah ! le ciel a mis sur ce calme et doux visage la sincérité qui rassure. Non, il ne doit point affronter l’épée du comte, je saurai déjouer le plan impie qu’il a formé. Oui, dussé-je écrire à l’archiduc, dussé-je m’exiler de nouveau avec celui qui m’a ramenée ! Mais comment penser jamais à la France, moi que la haine de Richelieu y poursuit, moi que la reine ne saurait, hélas ! elle-même sauver ! Je suis condamnée à vivre toujours dans l’Italie, ma prison, prison cruelle, odieuse, où tout ne m’entretient que des douleurs, des calamités passées. Enchaînée par mes souvenirs, où trouverais-je jamais le repos ? quel être chéri me devra jamais le sien ? Je ne le sens que trop, Dieu a marqué fatalement mon existence ; il m’a punie bien sévèrement d’une première faute. Cet amour a miné ma vie et mes forces, je ne suis plus même rafraîchie, consolée par la prière. Oh ! malheureuse, malheureuse femme que je suis ! Ce jeune homme va mourir, et je ne puis éloigner de lui le danger qui va l’atteindre ; à défaut de l’épée du comte Leo, il trouverait le poignard de l’un de ses sbires !

Oui, poursuivait-elle en attachant sur Charles un regard désespéré, il n’y a plus pour lui d’autre ressource que la fuite. Cette nuit, cette nuit même, il faut qu’il parte, il partira sans moi, mais mon souvenir, mes bienfaits, mes pensées le suivront partout. Charles, continua-t-elle en prenant la main du jeune homme, écoutez-moi, c’est une sœur, c’est une amie qui vous parle. J’ai le moyen d’assurer votre départ, mais il est urgent que vous partiez. Ce matin, au petit jour, il faut que vous ayez quitté Florence, il le faut, votre sûreté et la mienne l’exigent. Que m’importe la haine du comte Leo Salviati ! ce que je dois garantir avant tout, c’est votre vie, vous avez sauvé la mienne. Mon écuyer, homme sûr, vous conduira dans une heure sur la route de Bologne ; dans une heure vous serez prêt, laissez-moi tout disposer. À cette condition seulement je consens à vous revoir, je vous irai même rejoindre dans le premier lieu que vous m’indiquerez, mais partez, fuyez, rendez-moi le calme, la vie ! Ne vous ai-je pas dit que votre destinée tendrait toujours à se désunir de la mienne ? ne vous ai-je pas dit que le ciel m’avait maudite ? Ne craignez pas que j’oublie jamais le cœur généreux qui m’a comprise ; je suis, je veux toujours me montrer digne de vous. Mais vous avez sans doute encore sur la terre des parents ou des amis qui vous chérissent, revolez vers eux, parlez-leur de moi, dites-leur que je vous aime. Le marquis de Rovedere me remettra demain, cette nuit même, tout l’or que vous avez pu gagner à ce jeu ; s’il ne vous suffit pas, puisez, oh ! puisez dans tous mes coffres… Retournez en France, heureux et brillant, faites-vous la vie dorée. Moi, durant ce temps, je m’occuperai de vous, j’aurai toujours les yeux sur celui qui va peut-être m’oublier. Mais vous ne m’oublierez pas, oh ! non, je le vois à vos larmes, à votre pâleur, à vos regrets. Seulement, vous vous direz : J’ai fait à la duchesse de Fornaro le plus éclatant des sacrifices, celui de mon honneur que j’ai immolé au soin de ses jours, de son repos. Moi, de mon côté, je dirai la vérité, que je vous ai fait violence, que je vous ai dénoncé ainsi que le comte à l’archiduc. Vous m’avez entendue, vous m’obéissez, n’est-il pas vrai ?

La duchesse avait apporté dans cette pressante sollicitation toute l’éloquence d’une femme résolue de vaincre la plus rebelle des résistances. Elle entourait Charles de ses caresses, elle le pressait, elle le suppliait. Le jeune homme parut céder. Pendant que Teresina donnait ses ordres, Charles passa dans la pièce qu’il occupait, et dont la fenêtre se trouvait alors ouverte. Le calme enchanteur de la nuit, le murmure des brises et des fontaines rafraîchissaient peu à peu son front brûlant ; il repassait en lui-même les événements de cette soirée, et elle lui faisait l’effet d’un rêve. Deux coups légers venaient de retentir à la porte du palais de la duchesse, Charles reconnut deux laquais, porteurs d’immenses coffres. Se penchant au balcon de l’appartement, il leur demanda ce qu’ils voulaient.

— Nous venions, lui dirent-ils, de la part du marquis de Rovedere, notre maître, vous remettre cet or et une lettre. Veuillez en prendre connaissance.

Par un instinct machinal, Charles descendit, et à la lueur d’un falot, il put lire les lignes suivantes :

« Le comte Leo Salviati est un beau joueur, monsieur, vous le voyez, mais c’est aussi un redoutable adversaire. Faites mettre cet or en lieu sûr, et suivez les porteurs jusqu’à la salle d’armes de Belphégor que je viens de réveiller. Je vous y attends.

Votre ami,
Le marquis de Rovedere. »

À ce billet était joint l’avis suivant :

« Le comte Pepe et le seigneur Rodolfo se trouvant les seconds du comte, il est de toute importance que vous vous mettiez vite en quête d’un ami qui tienne pour vous. »

En recevant cette nouvelle, les yeux du jeune homme cherchèrent machinalement alentour de lui… Une seule ombre errait sur la place, c’était la même que Charles avait aperçue des fenêtres du Palais-Vieux quand il allait se mettre au jeu.

– Le personnage de cette nuit, le fantôme que j’ai vu, murmura Charles ; bien, il sera mon second.

Le cavalier en question était porteur d’un manteau et d’une rapière qui parurent assez convenables à Charles. Il s’approcha de lui, en faisant signe aux porteurs des coffres de l’attendre.

– Bellerose ! s’écria-t-il.

Et en effet, c’était Bellerose, Bellerose qu’un bonheur inattendu offrait aux regards stupéfaits de Charles Gruyn. En le voyant, Charles ne put réprimer un élan de joie et de surprise.

– Bellerose ! murmura-t-il, mon cher Bellerose ! c’était donc toi, toi que je voyais, il n’y a pas une heure, arpenter dans ta cape les dalles de cette place ! Mais par quel miracle te trouves-tu dans Florence, et que viens-tu faire en Italie ?

– J’y viens, dit Bellerose, promener mon infortune ; Charles, tu vois ici un misérable exilé.

– Un exilé ! pour quel crime ?

– Je te conterai cela à mon aise, reprit Bellerose. Mais quels sont ces drôles qui t’attendent avec des coffres ; d’où descends-tu ? vas-tu ? Ma chambre, ou plutôt ma mansarde est à deux pas, je suis logé chez le Florentin Belphégor…

– Belphégor ! un maître d’armes ? demanda Charles, songeant au billet de Rovedere.

– Précisément. C’est un gîte maudit pour les gens qui veulent dormir ; il s’y fait la nuit même un vacarme de ferrailles et d’estocades, tant il y a que je n’y saurais reposer, et voilà pourquoi je me promenais à cette heure indue devant le palais des ducs de Florence. Tout ce que je puis t’offrir chez moi, c’est une malle pour t’asseoir et une bouteille de marasquin. Mais tu gâterais tes beaux habits, ajouta le comédien, te voilà nippé comme un héros.

– Mon cher Bellerose, répondit Charles, permets à ces porteurs de me suivre jusque chez toi. Je n’ai pas de temps à perdre, ce matin même je me bats, et tu viens à point, car tu seras mon second.

– Ton second, ! et contre qui ? Je n’ai parbleu pas envie de mourir sur le territoire toscan, moi qui n’ai l’habitude de me laisser transpercer en scène que pour ressusciter plus gaillard qu’auparavant. Un duel ! fi donc ! sommes-nous ici au Pré-aux-Clercs ou à la porte Saint-Bernard, ? Charles, mon ami, je te trouve l’air d’un matamore ; serais-tu devenu par hasard Italien ?

– Quand tu sauras le sujet de ma dispute, tu m’approuveras, répondit Charles ; mais allons chez Belphégor.

– Chez Belphégor, soit, reprit Bellerose. Cet hôte vertueux me rappelle le brave capitaine la Ripaille. À propos, reprit Bellerose en ôtant son feutre d’un air tragique, il est bien près de la Parque, ce digne, capitaine. Que veux-tu, il a croisé le fer pour défendre un vers de Mirame. Cela valait bien une pension, il n’en fut rien ; le cardinal Richelieu n’est qu’un ingrat.

En devisant ainsi, ils étaient arrivés tous deux devant le porche du maître d’armes Belphégor. Le marquis de Rovedere s’y trouvait déjà, et à la lueur d’une lampe fumeuse, il s’essayait tant bien que mal au plus farouche des assauts. Belphégor s’inclina en voyant Charles dans la compagnie de Bellerose, qu’il prenait pour un seigneur, grâce à son panache et à sa mine.

– Attention, dit le comédien à son ami, on m’appelle ici le baron de Lunéville.

– Et moi, le comte San-Pietro ; tiens ta langue.

Marquis de Rovedere ajouta Charles, je viens me mettre en armes sous la conduite de maître Belphégor ; mais je vous préviens que je n’ai jamais tenu une épée. Voici mon second, poursuivit-il en indiquant Bellerose au marquis, essayez-le.

Bellerose n’avait nulle envie de dégaîner ; mais l’affaire lui paraissant sérieuse, il mit bas son pourpoint et se livra à quelques passades.

– Voilà ce qui s’appelle s’escrimer à la française, dit victorieusement Belphégor ; mais ici, voilà comme nous nous en tirons. Marquis de Rovedere, montrez un peu à ces gentilshommes comment je professe.

Le marquis attaqua maître Belphégor de pied ferme… C’était un tireur excellent et renommé ; rien qu’en le voyant, Bellerose s’applaudit de ce que Charles l’eût pris plutôt pour second que pour rival.

– Nous avons donc affaire à forte partie ? demanda-t-il au marquis de Rovedere.

– Autant vaudrait combattre un géant, dit le marquis. Mais on m’a conté de monsieur, ajouta-t-il en montrant Charles, un trait de valeur si audacieux… Le comte Salviati, continua-t-il en riant, n’est point un tigre…

Cette allusion rendit à Charles son courage. Armé de l’épée que Belphégor lui donna, il en porta de si rudes coups au maître d’armes, que celui-ci lâcha pied.

– Comme vous y allez, mon gentilhomme ! si le courage supplée à l’adresse, le comte Leo est vaincu.

Les combattants étaient fatigués, le jour commençait à poindre. Le marquis se jeta sur une natte de la salle d’armes, Bellerose entraîna Charles jusqu’à sa chambre. Arrivé en ce lieu, le comédien n’eut rien de plus pressé que de lui conter son odyssée de malheurs tout en débouchant le flacon de marasquin. Sifflé au Palais-Cardinal dans une pièce de Bois-Robert, l’un des faiseurs de Richelieu, il avait tiré l’épée contre le parterre et cette rébellion l’avait obligé de fuir. Un maigre secours, obtenu à grand’peine du cardinal, qui trouvait plus juste de pensionner Chapelain, l’avait mis à même de gagner la frontière de Milan ; en cette ville, il s’était vu forcé d’abandonner jusqu’à ses nippes. Bellerose employa tout son pathos pour déterminer Charles à abandonner la partie ; Charles était riche, il devait se mettre à l’abri avec son trésor.

— Je ne puis comprendre, disait Bellerose, que l’on se batte pour une princesse ailleurs que dans les pièces de théâtre. Outre qu’on est bien sûr d’en revenir, on se bat en vers de M. Rotrou, ce qui est toujours une belle compensation.

D’ailleurs, ajouta l’ami de Charles, tu es parti comme une bombe du milieu de nous ; maître Philippe Gruyn, ton respectable père, se désole, et son cabaret en souffre. Pour Mariette, j’aurais honte de t’en parler, ton ingratitude va la conduire au tombeau. Enfin, te voilà riche, et te faire tuer est une fantaisie tout comme une autre. Tu l’auras voulu, et je reviendrai en France, le crêpe au bras, désolé d’avoir servi de second à un imprudent, à un fou ! Parce que tu m’as vu m’enfariner la figure, parce que je ne suis pour toi qu’un misérable histrion, tu ne me crois pas capable de te donner seulement un bon conseil ? Mon conseil, le voici : je m’en vais trouver les magistrats et leur dirai le lieu de ton rendez-vous ; j’ajouterai, en prenant la chose sur moi, que tu m’as chargé d’expliquer ta conduite à ce comte Salviati ; qu’il n’est pas séant qu’il te tue après t’avoir remis son argent. C’est une façon de reçu que je n’admets pas. Toi, pendant ce temps, tu gagneras la France, tu reverras ton père et Mariette. Je ne vois pas trop ce que tu peux dire à cela, à moins que tu ne veuilles en finir avec la vie. Mais la vie te sourit, mais, encore un coup, te voilà riche, et si le comte te tuait…

— S’il me tue, reprit Charles en s’asseyant à la table du comédien, sur laquelle il traça rapidement quelques lignes, voici un écrit qui dépose de mes dernières volontés ; promets-moi, Bellerose, de l’exécuter de point en point, car c’est un legs sacré. Jure-moi que tu n’en rompras les cachets qu’à Paris même… et cela, sans parler en rien de ma mort, car je ne signe pas cet acte de mon nom.

– Je te le jure, dit solennellement Bellerose.

– Maintenant, continua Charles en remettant à son ami le papier qu’il cacheta, Bellerose, tu vois cet or ? Cet or, prix du jeu, cet or me pèse ; je veux qu’il serve au moins à consacrer par un souvenir éternel l’événement le plus important de ma vie. Tu as mes instructions, tu les liras. Si je dois survivre, si je fuis, mes intentions restent les mêmes. Après l’issue de ce combat, tu devras partir avec cet or ; une fois à Paris, tu en connaîtras l’emploi. J’ai ta parole et j’y compte. J’ignore ce qui adviendra de ma rencontre avec le comte Leo Salviati, mais j’aime ici une personne qui en attend l’issue avec angoisse ; si je meurs, tu lui feras part de ce que l’écrit contient.

En découvrant ainsi sa plus secrète blessure à Bellerose, Charles était ému, il pleura. Tromper la confiance de la duchesse, trahir sa parole et courir à ce rendez-vous fatal, lui paraissait presque un crime. Bellerose n’osait le mettre plus avant sur la pente des confidences, car l’heure pressait. La voix du marquis de Rovedere se fit jour bientôt à travers la mince cloison qui séparait la mansarde du comédien de la salle d’armes. Le jour était venu, l’aube blanchissait le beffroi de la grande place.

La voiture du marquis de Rovedere était prête ; elle entraîna bientôt Charles et Bellerose jusqu’à la porte de San-Gallo, le lieu du rendez-vous.