Les oeuvres poétiques de Clovis Hesteau de Nuysement 1578/D'une lente froideur

La bibliothèque libre.


XXXIII.



D'une lente froideur ma poictrine est saisie,
Et la timidité s'emparant de mon cueur,
Je sens ja le remords qui de mes sens vainqueur,
De cent, & cent pensers trouble ma fantaisie.

Helas mon cher Soleil, si vostre courtaisie,
Adjointe à la pitié ne dompte vostre ardeur :
Comment me defendray-je, & de quelle vigueur
Opposeray-je au choc ma foible poësie.

A combattre un vaincu point d'armes il ne faut,
Le chasteau ja rendu n'a besoin d'un assaut,
Si je meurs au combat vous serez homicide :

Puis on dira de moy, ce pauvre infortuné,
A voulu resembler le fol fleuve escorné,
Qui pour se voir vaincu s'efforcea contre Alcide.