Les oeuvres poétiques de Clovis Hesteau de Nuysement 1578/Le vautour affamé

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XXII.



Le vautour affamé qui du vieil Promethee
Becquete sans repos le poulmon renaissant :
Et le vaze maudit ou le Dieu punissant
Envoya noz mal-heurs au fol Epimethee :

Celuy par qui amont est la pierre portee,
Celuy qui altéré vit dans l'eau languissant,
Celles qui vont en vain leurs cuves ramplissant,
Ce n'est que fiction à plaisir rapportee.

Les amours d'Hercules & sa bruslante mort,
Le pipeur qui les sœurs déshonora si fort,
Te font avoir pitié d'une menteuse fable.

Mais las bouchant les yeux en mon affliction,
Tu feins de n'en rien voir : & sans compassion,
Tu tiens pour fabuleux mon tourment veritable.