Les pères du système taoïste/Tchoang-tzeu/Chapitre 21. Action transcendante

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Imprimerie de Hien Hien (p. 379-389).

Chap. 21. Action transcendante.

A.   T’ien-tzeufang, qui assistait le marquis Wenn de Wei, citait souvent Hi-koung. Fut-il votre maître ? demanda le marquis. — Non, dit T’ien-tzeufang. Nous sommes originaires du même village. J’ai souvent été frappé de la justesse de ses discours. C’est pour cela que je le cite. — Alors, dit le marquis, vous n’avez pas eu de maître ? — Pardon ! fit Tien-tzeufang. — Qui cela ? demanda le marquis. — Maître Chounn du faubourg de l’est. — S’il fut votre maître, dit le marquis, pourquoi ne citez-vous jamais ses paroles ? — Parce que, dit Tien tzeufang, cet homme ne parle pas. C’est un homme transcendant. C’est le ciel sous une forme humaine. Vide de toutes les contingences, il couve en lui sa transcendance. Bien disposé pour tous, quand quelqu’un n’agit pas comme il faudrait, il le lui fait remarquer par son attitude correcte, et le corrige ainsi sans paroles. Vous voyez bien que je ne puis pas citer cet homme. — Quand Tien-tzeufang fut sorti, le marquis Wenn resta tout abasourdi, et ne dit pas un mot le reste du jour. Il fit ensuite appeler ses confidents ordinaires, et leur dit : Combien différent de nous, est l’homme de vertu parfaite. J’avais cru jusqu’ici que l’étude des paroles des sages et des savants, que la pratique de la bonté et de l’équité, étaient tout l’idéal (Confucéisme). Mais depuis que j’ai entendu parler du maître de Tien-tzeufang, je suis tout défait et comme paralysé, je ne puis plus ouvrir la bouche. Tout ce que j’ai appris jusqu’ici n’est pas solide Le marquisat dont les soucis m’empêchent de m’adonner au taoïsme m’est devenu odieux.


B.   Maître Sue comte de Wenn (taoïste) se rendant du midi à Ts’i passa par la capitale de Lou, le pays de Confucius où plusieurs personnes demandèrent à le voir…. À quoi bon ? dit-il. Les lettrés de ce pays n’étudient que les rits conventionnels, et non la nature humaine. Je ne veux pas les voir. — Quand il revint de Ts’i, Maître Sue s’arrêta de nouveau à Lou, et les mêmes personnes demandèrent encore à le voir. Il les reçut donc dans la salle des hôtes, puis rentra dans son appartement en soupirant. Le lendemain, nouvelle visite, nouveau soupir après la visite. Intrigué, le disciple qui servait maître Sue lui demanda : Pourquoi soupirez vous ainsi chaque fois que vous avez reçu des visiteurs ? — Parce que, dit Maître Sue, je me convaincs de plus en plus que les lettrés de ce pays, très entendus en matière de rits conventionnels, n’entendent rien à la nature humaine. Mes visiteurs ont fait les entrées et les sorties les plus étudiées, les plus compassées, avec des airs de dragons et de tigres. Puis, au lieu de me rien demander ils m’ont repris en maîtres et sermonné en pères (supérieurs). Voilà pourquoi j’ai soupiré. — — Confucius (en train de se convertir au taoïsme, et représenté ici comme plus perspicace que les autres lettrés de Lou,) alla aussi voir maître Sue, et se retira sans lui avoir dit un mot…. Pourquoi avoir gardé ainsi le silence ? lui demanda son disciple Tzeu-lou…. Parce que, dit Confucius, il m’a suffi de regarder cet homme. La science supérieure (transcendance) jaillit de ses yeux et pénètre avec son regard ; des paroles ne sauraient l’exprimer.


C.   Yen-yuan (le disciple chéri) dit à Confucius (complètement converti au taoïsme) : Maître, quand vous marchez au pas, je vous suis au pas ; quand vous trottez, je vous suis au trot ; quand vous galopez, je vous suis au galop ; mais quand vous vous élancez et quittez le sol, alors je ne puis plus que vous suivre du regard. — Explique-toi, Hoei, dit Confucius. — Voici, dit Yen-Hoei. Le pas, c’est votre discours ; je puis le suivre. Le trot, c’est votre raisonnement ; je puis le suivre. Le galop, ce sont vos spéculations ; je puis les suivre. Mais ce que je n’arrive pas à saisir, c’est l’influx transcendant (taoïste) par lequel vous persuadez, vous gagnez. Qu’est-ce que cela ? — C’est, dit Confucius, la fascination exercée par mon moi supérieur, ma part de norme universelle, sur le moi, la part de norme de mon auditeur, s’il ne l’a pas éteinte. Médite bien cela ! La plus lamentable des morts, c’est la mort du cœur (l’extinction de la norme) ; elle est bien pire que la mort du corps. L’homme dont le cœur vit agit sur les cœurs qui vivent, à la manière du soleil qui vivifie le monde. Le soleil se lève à l’orient et se couche à l’occident. Il illumine tous les êtres, qui tous s’orientent vers lui. Avec son apparition, leur action commence ; avec sa disparition, ils deviennent inertes. Tel est le rythme diurne, jour et nuit. Le rythme vie et mort, lui ressemble. Tour à tour, l’être meurt, l’être vit (revit). Quand il a reçu une forme définie, il la conserve telle jusqu’à la fin de cette existence, période de jour durant laquelle il agit. Puis vient pour lui la mort, période de nuit durant laquelle il se repose. Et ainsi de suite, sans interruption, comme la chaîne des temps. Il redevient un être en fonction de son mérite, mais sait seulement (dans sa nouvelle existence) qu’il est tel de par son destin, sans pouvoir mesurer sa masse précédente (la masse des antécédents moraux, le karma qui pèse sur lui). A la fin de cette existence, les êtres qui y furent en contact intime (épaule contre épaule), se quittent avec douleur. Que si le survivant cherche à savoir l’état du défunt, c’est bien en vain, car il a cessé d’être lui. S’enquérir de lui, c’est donc chercher à la foire son cheval (volé, lequel a déjà trouvé un autre maître). Porter le deuil l’un de l’autre, c’est faire preuve d’un grave oubli (doctrinal ; c’est oublier que l’autre n’existe plus dans sa précédente personnalité). Il ne faut pas s’affliger de cette cessation de la personnalité comme d’un malheur. Car l’annihilation n’est pas totale. Le moi physique a cessé d’être, c’est vrai, et ce serait une erreur que de penser à lui comme existant. Mais le moi transcendant (la part de norme qui fut à cette personne) subsiste, et l’on peut penser à lui comme existant. ... C’est par ce moi transcendant, quasi impersonnel, que j’agis sur mes auditeurs. Il n’est pas déplaisant, comme le moi personnel du nommé Confucius.


D.   Confucius étant allé visiter Lao-tan, le trouva assis immobile et ravi en extase. Le transport l’avait saisi, alors qu’il séchait sa chevelure, après ses ablutions[1]. Confucius attendit discrètement qu’il fût revenu à lui, puis dit : Vous aviez quitté choses et hommes ; vous vous étiez retiré dans l’isolement du moi ! — Oui, dit Lao-tan. Je m’ébattais dans l’origine des choses. — Qu’est-ce à dire ? demanda Confucius. — Je suis encore mal remis, dit Lao-tan ; mon esprit fatigué n’est pas encore libre de penser, ma bouche serrée peut à peine articuler ; je vais pourtant essayer de vous satisfaire. ... Les deux modalités de l’être s’étant différenciées dans l’être primordial, leur giration commença, et l’évolution cosmique s’ensuivit. L’apogée du yinn (condensé dans la terre), c’est la passivité tranquille. L’apogée du yang (condensé dans le ciel), c’est l’activité féconde. La passivité de la terre s’offrant au ciel, l’activité du ciel s’exerçant sur la terre, des deux naquirent tous les êtres. Force invisible, l’action et la réaction du binôme ciel-terre produit toute l’évolution. Commencement et cessation, plénitude et vide, révolutions astronomiques, phases du soleil et de la lune, tout cela est produit par cette cause unique, que personne ne voit, mais qui fonctionne toujours. La vie se développe vers un but, la mort est un retour vers un terme. Les genèses se succèdent sans cesse, sans qu’on en sache l’origine, sans qu’on en voie le terme. L’action et la réaction du ciel et de la terre sont l’unique moteur de ce mouvement. Là est la beauté, la joie suprême. S’ébattre dans ce ravissement, c’est le lot du sur-homme. — Mais comment y atteindre ? demanda Confucius. — Par l’indifférence absolue, reprit Lao-tan. Les animaux qui peuplent la steppe n’ont d’attrait pour aucun pâturage en particulier ; les poissons qui vivent dans les eaux ne tiennent à aucun habitat déterminé ; par suite aucun déplacement n’altère leur paix. Tous les êtres sont un tout immense. Celui qui est uni à cette unité, jusqu’à avoir perdu le sens de sa personnalité, celui-là considère son corps du même œil que la poussière, la vie et la mort du même œil que le jour et la nuit. Qu’est-ce qui pourra émouvoir cet homme, pour lequel gain et perte, bonheur et malheur ne sont rien ? Il méprise les dignités comme la boue, parce qu’il se sait plus noble que ces choses. Et cette noblesse de son moi, aucune vicissitude ne peut lui porter atteinte. De tous les changements possibles, aucun n’altérera sa paix. Celui qui a atteint le Principe comprend ceci. — Ah ! fit Confucius ébahi, voilà un enseignement large comme le ciel et la terre ; peut-il être résumé en quelque formule, à la manière des anciens ? — Lao-tan répondit : Les sources jaillissent naturellement. Le sur-homme est tel spontanément. Le ciel est haut, la terre est épaisse, le soleil et la lune sont lumineux, tout cela sans formule. — Quand il fut sorti, Confucius raconta tout ce qui précède, à son disciple Yen-Hoei. — Jusqu’ici, lui dit il, j’ai su du Principe autant que les anguillules qui vivent dans le vinaigre. Si le Maître ne venait pas de soulever le voile qui couvrait mes yeux, je n’aurais jamais même entrevu le complexe parfait ciel terre (la grande unité cosmique).


E.   Tchoang-tzeu ayant visité le duc Nai de Lou, celui-ci lui dit : Il y a, dans le duché de Lou, beaucoup de lettrés ; mais aucun, Maître, n’est comparable à vous. — Il n’y a que peu de lettrés dans le duché de Lou, repartit Tchoang-tzeu. — Comment pouvez vous parler ainsi, fit le duc, alors qu’on ne voit partout qu’hommes portant le costume des lettrés ? — Le costume, oui, fit Tchoang-tzeu. Ils annoncent, par leur bonnet rond, qu’ils savent les choses du ciel ; par leurs souliers carrés, qu’ils savent les choses de la terre ; par leurs pendeloques sonores, qu’ils savent mettre l’harmonie partout. Certains savent tout cela, sans porter leur costume. Eux portent le costume, sans savoir la chose. Si vous ne me croyez pas, faites cette expérience : interdisez par un édit, sous peine de mort, le port de l’habit de lettré, à quiconque n’a pas la capacité compétente. — Le duc Nai fit ainsi. Cinq jours plus tard, tous les lettrés de Lou, un seul excepté, avaient changé de costume. Le duc interrogea lui-même sur le gouvernement de l’État cet être unique. Il répondit à tout pertinemment, sans qu’il fût possible de le démonter. — Vous disiez, dit Tchoang-tzeu au duc, qu’il y avait, dans le duché de Lou, beaucoup de lettrés. Un, ce n’est pas beaucoup.


F.   Pai-li-hi n’ayant aucun goût pour les dignités et les richesses se fit éleveur de bétail, et produisit des bœufs superbes, son instinct naturel lui révélant comment les traiter selon leur nature. Ce que voyant, le duc Mou de Ts’inn le fit son ministre, afin qu’il développât son peuple. — Chounn n’aimait pas la vie et ne craignait pas la mort. C’est ce qui le rendit digne et capable de gouverner les hommes.


G.   Le prince Yuan de Song ayant désiré faire tracer une carte, les scribes convoqués se présentèrent, reçurent ses instructions, firent des saluts ; puis, les uns découragés s’en allèrent ; les autres léchèrent leurs pinceaux, broyèrent leur encre, avec mille embarras. Un scribe venu après l’heure avec des airs nonchalants reçut aussi ses instructions, salua, et se retira immédiatement dans son réduit. Le duc envoya voir ce qu’il faisait. On constata qu’il s’était mis à son aise, nu jusqu’à la ceinture, les jambes croisées, et commençait par se reposer. Quand le duc le sut : Celui-là, dit il, réussira ; c’est un homme qui sait s’y prendre[2].


H.   Le roi Wenn, l’ancêtre des Tcheou, étant à Tsang, vit un homme qui pêchait à la ligne, nonchalamment, machinalement, la nature seule agissant en lui, sans mélange de passion. Le roi Wenn résolut aussitôt d’en faire son ministre. Mais, ayant pensé ensuite au mécontentement probable de ses parents et de ses officiers, il voulut chasser cette idée de sa tête. Impossible ! La crainte que son peuple fût sans ciel (sans un ministre qui le gouvernât naturellement comme le ciel), fit qu’il ne put pas oublier son dessein. Il s’avisa alors du moyen suivant. Au matin, ayant convoqué ses officiers, il leur dit : Cette nuit j’ai vu en songe un homme à l’air bon, au teint basané, barbu, monté sur un cheval pommelé aux sabots teints en rouge, qui m’a crié : remets ton pouvoir à l’homme de Tsang, et ton peuple s’en trouvera bien. — s émus, les officiers s’écrièrent : — C’est feu le roi votre père qui vous est apparu. — Alors, dit le roi Wenn, vous plaît-il que nous consultions l’écaille de tortue sur cet événement ? — Non, non ! dirent les officiers, à l’unanimité. Un ordre verbal du feu roi ne doit pas être discuté. — Le roi Wenn fit donc appeler son pêcheur à la ligne, et lui remit la charge du gouvernement. Celui-ci ne changea rien, ne fit aucun règlement, ne donna aucun ordre. Au bout de trois ans, quand le roi Wenn inspecta son royaume, il constata que les brigands avaient disparu, que les officiers étaient intègres, que les régales étaient respectées. Les gens du peuple vivaient unis, les fonctionnaires faisaient leur devoir, les feudataires n’empiétaient pas. Alors le roi Wenn traitant l’homme de Tsang comme son maître, l’assit face au sud, se tint debout devant lui face au nord, et lui demanda : Ne pourriez-vous pas faire à un empire le bien que vous avez fait à un royaume ?.. L’homme de Tsang ne répondit que par un regard effaré. Ce jour-là même, avant le soir, il disparut. On n’apprit jamais ce qu’il était devenu. — — Cependant un détail de cette histoire avait choqué l’honnête Yen-yuan. Comment se peut-il, demanda-t-il à Confucius, que le roi Wenn ait allégué un songe qu’il n’avait pas eu ? — Tais-toi ! dit Confucius. Tout ce que le roi Wenn a fait fut bien fait. Il ne faut pas juger cet homme. Naturellement droit, dans ce cas il dut se plier aux circonstances[3].


I.   Lie-uk’eou (Lie-tzeu) tirait de l’arc en présence de Pai-hounn ou-jenn. Il tenait son arc d’un bras si ferme, que, une coupe pleine d’eau étant fixée sur son coude gauche, au moment où il décochait sa flèche, l’eau n’était pas répandue. Sa main droite était si active, que, une flèche à peine lancée, la suivante était ajustée. Et, durant tout ce temps, son corps restait droit comme une statue (l’idéal du tir maniéré de l’école ancienne). ... Ceci, dit Pai-hounn ou-jenn (le taoïste), c’est le tir d’un tireur, d’un homme qui veut tirer, d’un homme qui sait qu’il tire (art, non nature). Venez avec moi, sur quelque cime, au bord d’un gouffre, et nous verrons ce qui restera de vos poses. — Ils allèrent ensemble sur une haute montagne, au bord d’un précipice profond de cent fois la hauteur d’un homme. Là Pai-hounn ou-jenn se campa au bord de l’abîme, ses talons débordant dans le vide. Appuyé seulement sur le bout des pieds, il fit la révérence à Lie-uk’eou, et l’invita à venir prendre place à côté de lui. Mais déjà le vertige avait fait tomber celui-ci à quatre pattes, la sueur lui coulant jusqu’aux talons. Pai-hounn ou-jenn lui dit : Le sur-homme porte son regard jusqu’au fond de l’azur céleste, dans les profondeurs des abîmes terrestres, aux extrémités de l’horizon, sans que ses esprits vitaux soient émus le moins du monde. Quiconque n’en est pas là n’est pas un sur-homme[4]. À voir vos yeux hagards, vous me faites l’effet d’avoir le vertige.


J.   Kien-ou dit à Sounnchou-nao : Vous avez été mis en charge trois fois sans vous exalter, et avez été congédié trois fois sans vous affecter. J’ai d’abord soupçonné que vous posiez pour l’indifférence. Mais, m’étant convaincu que, dans ces occurrences, votre respiration reste parfaitement calme, je crois maintenant que vous êtes vraiment indifférent. Comment avez-vous fait pour en arriver là ? — Je n’ai rien fait du tout, dit Sounnchou-nao. Je n’ai été pour rien, ni dans mes nominations, ni dans mes dégradations. Il n’y a eu, dans ces aventures, ni gain ni perte pour mon moi, voilà pourquoi je ne me suis ni exalté ni affecté. Qu’y a-t-il en cela d’extraordinaire ? Rien de plus naturel, au contraire. Ma charge n’était pas mon moi, mon moi n’était pas ma charge. Faveur et défaveur tenaient à ma charge, non à mon moi. Alors pourquoi me serais-je donné l’inquiétude et la fatigue de m’en préoccuper ? N’eussé-je pas perdu mon temps à penser à l’estime ou à la mésestime des hommes ? — Confucius ayant su cette réponse, dit : Voilà bien l’homme vrai antique. Les anciens de cette trempe ne se laissaient ni impressionner par les discours des savants, ni séduire par les charmes de la beauté, ni violenter par les puissants brutaux. Fou-hi et Hoang-ti briguèrent en vain leur amitié. Ni l’amour de la vie, ni la crainte de la mort, ces motifs si puissants sur le vulgaire, ne leur faisaient aucune impression. Alors quel effet pouvaient leur faire les dignités et les richesses ? Leur esprit était plus haut que les montagnes, plus profond que les abîmes. Que leur importait que leur position sociale fût infime. L’univers entier étant à eux par leur union au cosmos universel, concéder les dignités et les richesses au vulgaire ne les appauvrissait pas, le grand tout leur restant.


K.   Le roi de Tch’ou s’entretenant avec l’ex prince dépossédé de Fan, les courtisans dirent : Fan a déjà été ruiné trois fois. — Le prince de Fan les interrompit : La ruine de Fan ne m’a pas ravi ma vie. Il n’est pas certain que la prospérité de Tch’ou vous conservera les vôtres. Ne vous fiez pas à la prospérité actuelle, jusqu’à vous croire à l’abri de la ruine future. La prospérité et la ruine alternent. Si nous nous plaçons dans les hauteurs, au dessus de la roue qui tourne, Fan n’est pas détruit, Tch’ou n’est pas prospère. Tout, alternativement, passe par les deux phases, de ruine et de prospérité.

  1. Comparez chapitre 3 A.
  2. On ne réussit, qu’à condition de laisser agir sa nature. La contrainte empêche le succès.
  3. Opportunisme confucéiste primant la morale. On voit que Confucius n’est pas bien converti. Le bout de son oreille passe ici.
  4. Toute perturbation physique, est symptôme d’imperfection de la nature. Comparer Lie-tzeu, chap, 2 E.