Les premiers cimetières catholiques de Montréal et l’indicateur du cimetière actuel/Chapitre VII

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CHAPITRE VII.

acquisition du cimetière de n.-d. des neiges.


Le cimetière St-Antoine étant devenu trop étroit pour les besoins de la population croissante de la ville et de la banlieue, il fut résolu à une assemblée du bureau de la fabrique tenue le 17 juillet 1853 de choisir un terrain propice pour faire un nouveau cimetière. Un comité composé de cinq marguilüers, MM. Pierre Jodoin, marguillier en charge, Ephrem Hudon, A. M. Delisle, Jean Bruneau et Romuald Trudeau, fut nommé dans le but de s’enquérir sur un site convenable, avec prière de faire rapport sous le plus court délai. À une assemblée tenue le 31 juillet 1853, le comité nommé en vertu d’une résolution passée à une assemblée générale des marguilliers de la fabrique de Montréal, en date du 17 courant, faisait le rapport suivant :

Yotre comité a l’honneur de faire rapport :

« Qu’ayant examiné un nombre de terres dans les différents quartiers environnant la cité de Montréal, n’ont trouvé que peu de terrains de grandeur et position convenables pour l’objet que votre corporation a en vue, néanmoins, votre comité est heureux de pouvoir vous communiquer qu’il en a trouvé un, qui, il espère, rencontrera votre approbation. Il est situé sur le chemin de la Côte des Neiges, à environ vingt arpents de la barrière, appartenant au docteur Pierre Beaubien, ayant cinq arpents de front sur le dit chemin, par vingt-trois arpents de profondeur, sur lequel terrain il y a un bocage d’environ vingt-cinq à trente arpents et quatre-vingt-cinq en culture, faisant en tout une superficie de cent quinze arpents.

« Quant au prix, votre Comité est d’opinion qu’il n’est pas exorbitant, vu que ce n’est qu’environ trente louis l’arpent. En conséquence il en recommande l’acquisition immédiate.

« Résolu que le dit rapport recommandant l’acquisition de la terre du docteur Beaubien pour l’usage d’un cimetière soit reçu et adopté ; et que messieurs Pierre Jodoin, marguillier en charge, Jean Bruneau, E. Hudon et R. Trudeau soient autorisés à faire la dite acquisition au prix de trois mille livres cours actuel ; de plus qu’ils soient autorisés à signer l’acte de vente du dit terrain au nom de cette fabrique, et présenter requêtes tant auprès des autorités ecclésiastiques que civiles, pour obtenir la permission préalable de faire la dite acquisition. »

Cette question resta pendante et le 19 mars de l’année suivante (1854) le révérend M. P. Billaudèle, alors supérieur du Séminaire et faisant les fonctions curiales, soumit à une assemblée de messieurs les anciens et nouveaux marguilliers la nécessité de faire choix d’un nouveau cimetière ; et les délibérations sur cette mesure s’étant prolongées jusqu’à sept heures du soir, sans pouvoir en venir à aucune conclusion, et n’étant pas jugé convenable de siéger plus tard, il fut résolu de remettre la discussion de la mesure à une assemblée qui aurait lieu le dimanche suivant.

M. le supérieur expliqua de nouveau à cette assemblée que le but principal pour lequel elle était convoquée était de choisir un site pour un nouveau cimetière, et de décider si l'on accepterait vingt arpents de terre à la Côte St-Luc que le séminaire en vue d’éviter de nouvelles dépenses à la fabrique, offrait gratuitement pour cet objet, ou si on le placerait sur la terre achetée du Dr Beaubien à la Côte des Neiges, pourvu que dans ce cas, les argents nécessaires soient pris en dehors des revenus de la fabrique.

Après de longues discussions, M. C. S. Rodier, secondé par M. Alexis Laframboise, proposa : « Que dans l’intérêt de la fabrique et des citoyens en général de cette paroisse, les marguilliers acceptent avec reconnaissance l’offre généreuse faite par messieurs les Sulpiciens de Montréal de vingt arpents de terre situés à la Côte St-Luc pour et par eux en faire un cimetière catholique. »

Cette motion ayant été mise aux voix, fut décidée dans la négative : messieurs Berthelot, Rodier, Laframboise et Leblanc votant pour ; messieurs Doucet, Belle, Bouthillier, Boyer, Bruneau, Donegani, Le Prohon, Hudon, Trudeau, AVilson, Desmarteau, Jodoin, Masson, Paré, LaRocque et Delisle votant contre la motion.

Il fut alors résolu à la majorité des voix : « Que de sincères remerciements soient offerts aux messieurs du Séminaire de leur offre généreuse et certainement avantageuse dans les circonstances où se trouve la fabrique, mais que l’acquisition de la terre du docteur Beaubien ayant déjà été effectuée dans l’intention d’en faire un cimetière, cette terre paraissant propre sous tous les rapports à l’objet projeté et M. Ephrem Hudon conjointement avec M. Pierre Jodoin, ayant produit à l’assemblée une liste des citoyens les plus respectables s’engageant à y prendre des terrains au montant de deux mille sept cents louis ; et ces messieurs ayant de plus assuré l’assemblée que, d’après les encouragements qu’ils avaient déjà reçus, ils avaient lieu de croire que tous les fonds nécessaires pour cette entreprise s’obtiendraient ainsi des paroissiens sans toucher aux revenus de la fabrique, les marguilliers croient devoir confirmer la résolution prise à l’assemblée du trente-unième jour du mois de juillet 1853 et approprier définitivement la terre de la Côte des Neiges acquise du docteur Beaubien comme cimetière religieusement orné à l’usage des catholiques de Montréal. » … … … …

On fit tout de suite les travaux les plus nécessaires et le cimetière fut ouvert au public en 1855.