Aller au contenu

Les principaux monuments funéraires/Dupaty

La bibliothèque libre.

DUPATY.




Dupaty (Louis-Marie-Charles-Henri-Mercier), statuaire, élève de Lemot, officier de la Légion-d’Honneur, membre de l’Institut et de la Commission des beaux-arts du département de la Seine, professeur à l’École royale des Beaux-Arts, et conservateur adjoint de la Galerie du Luxembourg, naquit à Bordeaux (Gironde), le 29 septembre 1771.

Destiné d’abord à la magistrature, il cultiva les arts sans néanmoins négliger les études nécessaires à l’état qu’il devait embrasser.

Appelé par la réquisition, il passa dans un régiment de dragons, et y servit avec honneur et distinction. Ayant obtenu son congé, il revint à Paris étudier la peinture, et profita rapidement des leçons des meilleurs maîtres de l’École française. Mais, dominé par un penchant irrésistible, il s’essaya dans la sculpture, et se livra entièrement à l’étude de cet art difficile chez le célèbre Lemot.

En 1799, il remporta au concours de l’Institut le premier grand prix de sculpture, et partit pour Rome, où il passa sept années, qu’il consacra à l’étude de la nature et de l’antique.

A son retour, il rapporta à Paris plusieurs de ses productions, qui obtinrent les suffrages unanimes du public et des artistes les plus distingués. On y remarquait, entre autres, son Philoctète blessé, qui orne la terrasse du château de Compiègne, et qui a été exposé au Louvre en 1810.

En 1812, il exposa la Vénus genitrix, qui est placée au Muséum d’Histoire naturelle ; Ajax bravant les dieux, placé dans un des pavillons de la colonnade du Louvre ; une figure de Pomone, placée à la Galerie du Luxembourg ; la statue en marbre du général Leclerc, et le buste de Madame, mère de l’Empereur.

En 1814, Oreste tourmenté par les Euménides. En 1819, Cadmus combattant le dragon de Circé ; Biblis métamorphosée en fontaine ; et, en 1822, Vénus devant Pâris, groupe qui a obtenu le plus brillant succès, et qui a mis le sceau à la réputation de son auteur.

On a encore de Dupaty plusieurs esquisses modèles en plâtre, dont la plupart ont été exposées, et parmi lesquelles on distingue : l’Amour cachant des chaînes et montrant des fleurs, Ajax foudroyé, un jeune Berger et son chevreau, et un grand nombre de bustes, dont les plus remarquables sont ceux de Napoléon, de Lucien Bonaparte, de M. de Vaublanc, de mademoiselle de Montholon, de madame Pasta, du général Lemarrois et de Louis XVIII.

Dupaty fut aussi chargé de faire la statue équestre de Louis XIII. Le modèle de cette figure, de treize pieds six pouces de proportion, fut terminé en 1821, et c’est d’après lui qu’a été exécutée, par les soins de M. Cor tôt, la statue en marbre qui décore la place Royale. La mort n’avait pas permis à Dupaty de terminer lui-même ce travail. Ses derniers ouvrages furent les modèles d’un groupe et d’un bas-relief, commandés pour le monument expiatoire de la rue de Richelieu, qui ont été aussi exécutés par M. Cortot, en 1825, d’après les modèles en plâtre de Dupaty.

La mort prématurée de Charles Dupaty a enlevé à la sculpture un artiste qui s’est éminemment distingué par l’originalité de son ciseau, par la profonde étude de l’antique, par la force de l’expression, qui caractérisent ses figures, et qui avait pris rang parmi les statuaires dont s’honore la France.

Dupaty joignait au talent le plus remarquable les plus estimables qualités et les sentimens les plus généreux : de jeunes élèves sans fortune, avec d’heureuses dispositions, qui, faute de ressources, étaient sur le point d’abandonner la carrière des arts, trouvaient en lui un bienfaiteur et un appui ; il les aidait de sa bourse et de ses conseils, et leur frayait ainsi le chemin de la fortune et de la célébrité.

Il est décédé à Paris, le 12 novembre 1825, à l’âge de cinquante-quatre ans, et a été inhumé au cimetière du Père Lachaise.

Le monument de cet artiste, quoique d’un style simple, a été exécuté avec beaucoup de soin ; il est en marbre blanc, et a la forme d’une borne antique. Le buste de Dupaty, sculpté en demi-relief (qui est d’une ressemblance parfaite), est entouré d’une guirlande de lauriers, au haut de laquelle est la croix de la Légion-d’Honneur ; au-dessus est gravé en relief, en forme de légende, le nom de CHARLES DUPATY.

Au-dessous du buste, on lit l’inscription suivante :

A LA MÉMOIRE
DE CHARLES DUPATY,
statuaire, membre de l’institut,
professeur a l’école royale
des beaux-arts,
officier de la légion-d’honneur,
né a bordeaux le xxix
septembre m.dcc.lxxi,
mort a paris le xii
novembre m.dcc.xxv.

Le buste de Dupaty a été exécuté par M. Cortot, et la sculpture des ornemens par M. Guersant.