Les principaux monuments funéraires/Hérold
HEROLD.
Hérold (Louis-Joseph-Ferdinand), chef de chant à l’Académie royale de Musique et chevalier de la Légion-d’Honneur, naquit à Paris le 28 janvier 1791.
Son père, compositeur allemand, qui jouissait d’une certaine réputation, vit avec plaisir se développer chez son fils le désir d’embrasser la même carrière que lui, et surtout avec les plus heureuses dispositions ; il les cultiva dès l’âge le plus tendre, et le succès, toujours croissant, répondant à ses espérances, il le plaça au nombre des élèves de Méhul pour la composition, et de L. Adam pour le piano.
Le jeune Hérold se livra avec ardeur au travail ; ses études lui profitèrent tellement, qu’à dix-neuf ans, il obtint au Conservatoire le premier prix de piano, et à vingt-un ans, il remporta le premier grand prix de composition musicale au concours de l’Institut, en 1812. Il partit donc pour l’Italie.
C’est sur cette terre classique de l’harmonie qu’Hérold perfectionna son talent ; il se lia avec les compositeurs les plus célèbres de Rome, de Naples et des autres grandes villes d’Italie, recherchant leurs avis, profitant de leurs conseils avec toute la docilité d’un élève, et ne dédaignant pas même d’assister à leurs leçons, amassant dans le silence de l’étude et dans la retraite des matériaux pour la réputation qu’il ambitionnait, et qui ne lui fut pas contestée à son retour dans sa patrie.
Il avait une fois essayé, pendant son séjour à Naples, de faire jouer son premier opéra, ayant pour titre : la Gioventù d’Enrico quinto (la Jeunesse de Henri V). Cet opéra en deux actes eut un grand succès ; mais Hérold, satisfait de connaître la portée de son talent, se refusa à toutes les sollicitations qui lui furent faites de produire de nouvelles œuvres sur un théâtre étranger.
Rentré en France, il consacra ses premières productions au théâtre de l’Opéra-Comique : il fit, de moitié avec Boïeldieu, Charles de France, opéra en deux actes qui fut très favorablement accueilli du public. Seul, il donna les Rosières, en trois actes ; la Clochette, en trois actes ; le Premier venu, en trois actes ; les Troqueurs, en un acte ; l’auteur mort et vivant, en un acte ; le Muletier, en un acte ; le Roi René, en deux actes ; le Lapin blanc, en un acte ; Marie, en trois actes ; Emmeline, en trois actes ; l’Illusion, en un acte, et le Pré aux Clercs, en trois actes, composition admirable qui a mis le sceau à sa réputation.
Parmi ces opéras si gracieux, il en est un qui fit entrevoir que son auteur pouvait aborder une scène plus élevée : dans Marie, Hérold avait su passer, par des transitions presque insensibles, du comique le plus naturel au pathétique le plus déchirant ; et l’on pourrait presque penser qu’il avait voulu préparer le public à venir l’applaudir sur un théâtre plus digne de ses accords et de son génie.
Ce fut en 1823 que fut représenté Lasthénie, pièce en un acte, ouvrage par lequel il débuta à l’Académie royale de Musique, et qui obtint un plein succès. Depuis cette époque, il a fait, pour le même théâtre, la musique des ballets de la Somnambule, d’Astolphe et Joconde, de Lydie, de la Fille mal gardée et de la Belle au bois dormant.
Hérold a en outre composé cinquante-trois œuvres de musique pour le piano. Il était pianiste-accompagnateur au théâtre Italien, quand il fut nommé chef de chant à l’Académie royale de Musique. En 1828, il obtint la croix de la Légion-d’Honneur.
Il est à regretter qu’une mort prématurée ait privé la scène lyrique d’un de ses plus laborieux compositeurs ; le public, avide d’entendre ses charmantes productions, ayant su après sa mort qu’il existait dans ses cartons un opéra (Ludovic) dont la musique n’était point entièrement achevée, manifesta le désir de la voir terminer par un compositeur qui fût digne d’accoler son nom à celui d’Hérold. Cette pièce a été représentée avec le plus brillant succès à l’Opéra-Comique, et l’on doit au talent de M. Halévy, qui a mis la dernière main à cette œuvre posthume, d’avoir fait connaître les dernières inspirations de son illustre ami.
Ce monument, quoique construit en pierre, est d’un style élégant ; il est composé d’un cénotaphe élevé sur un stylobate. Sur la face principale est un bas-relief représentant une lyre dont les cordes sont rompues, au travers de laquelle est passée une branche de cyprès. On y lit cette inscription en relief :
Au sommet du monument est placée une couronne de laurier.
C’est M. Novio, sculpteur-marbrier, qui la construit.