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Les principaux monuments funéraires/Merlin de Thionville

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MERLIN DE THIONVILLE.




Merlin (Antoine), né, en 1762, à Thionville, dont il prit le nom pour se distinguer d’un autre Merlin né à Douai, comme lui député. Son caractère violent le trouva tout disposé à adopter avec ardeur les principes de la révolution qu’il vit naître. D’abord huissier à Thionville, puis officier municipal, il fut porté en à l’Assemblée législative, comme député du département de la Moselle, et en 1792 à la Convention nationale.

A son arrivée à Paris, Merlin se fit présenter à la société des Cordeliers, où il fut admis. Ce club était l’ennemi juré de celui des Feuillans, qui était composé des partisans de la monarchie constitutionnelle de 1791. Merlin combattit vigoureusement ses adversaires à la tribune et dans les journaux : mais fatigué de voir que, malgré ses virulentes attaques, cette société subsistait toujours, il parvint à faire décréter par l’Assemblée qu’aucune société politique ne s’assemblerait dans les bâtimens sur lesquels s’étendait sa police particulière, et à laquelle était soumis le local des Feuillans.

Ainsi fut dissoute une société qui balançait la funeste influence de celle des Cordeliers, et qui, quoique moins nombreuse, l’emportait sur sa rivale par la droiture de ses intentions, son respect pour les lois, et les talens transcendans de la plus grande partie de ses membres.

Le département de la Moselle réélut Merlin en 1792 à la Convention nationale, et en 1793, étant alors un des secrétaires de l’Assemblée, il fut envoyé dans la Vendée comme représentant. L’armée formidable qui défendit Mayence avec tant d’intrépidité, et que le roi de Prusse fut forcé, par la capitulation de cette place, de laisser rentrer en France, fut envoyée contre les Vendéens : en moins de six semaines elle fut presque entièrement exterminée. Merlin se montra plusieurs fois avec elle devant l’ennemi ; il y fit preuve de bravoure. Ce fut lui qui, le 21 janvier 1794, un an après la mort de Louis XVI, fit jurer à la Convention nationale l’unité et l’indivisibilité de la république, et qui détermina l’Assemblée à assister en corps à l’anniversaire de l’exécution du Roi.

Robespierre, plein de défiance, décimait la Convention en livrant au tribunal révolutionnaire les représentans dont il redoutait ou l’influence, ou les talens, ou la pénétration. Déjà Merlin avait vu tomber autour de lui plusieurs membres de ce redoutable club des Gordeliers dont il avait partagé les principes. Les atrocités qui se commettaient chaque jour l’épouvantèrent, et le ramenèrent à des sentimens plus doux : il ne put voir sans effroi la profondeur de l’abîme où il pouvait être précipité ; et on l’entendit hasarder quelques réclamations au nom de la justice et de l’humanité : mais dans la lutte entre Robespierre et les victimes qu’il menaçait, Merlin garda la plus silencieuse neutralité. Ce ne fut qu’après le 9 thermidor qu’il rompit sans retour avec les Jacobins.

En 1795, il fut envoyé en mission à l’armée du Rhin, où il fit peu de sensation. Entré au Conseil des Cinq-Cents par suite de la réélection forcée des deux tiers de la Convention, il n’y eut que très peu d’influence, et l’on peut dire que c’est là que s’est bornée sa carrière politique.

On a prétendu qu’il avait acquis une fortune immense ; cependant on ne lui a connu que deux propriétés : le couvent du Calvaire, près Paris, qu’il a acquis et revendu depuis, et une autre propriété peu importante dans le département de l’Oise.

Lors de la première invasion des alliés, en 1814, Merlin organisa un corps de partisans, à l’effet de s’opposer à celui que commandait le colonel russe Guesmard, destiné à éclairer la marche des alliés ; il n’y eut point d’engagement entre les deux troupes, dont les chefs se bornèrent à s’observer mutuellement. Enfin en 1815 on l’engagea à prendre de nouveau le commandement d’un corps franc ; mais il s’y refusa.

Il était absent de Paris à l’époque du jugement de Louis XVI ; cependant il avait manifesté son opinion pendant le procès. Les opinions n’ont point été considérées comme des votes ; et comme Merlin n’avait point pris parti pour Napoléon en 1815, il n’a pas subi l’exil en 1816.

Il est mort le 14 septembre 1833, et a été inhumé au cimetière du Père-Lachaise.

Son monument, qui est d’une grande simplicité, se compose d’un sarcophage en pierre, sans élévation, à la face principale duquel est gravée cette seule inscription :

MERLIN
DE
THIONVILLE.