Les principaux monuments funéraires/Ney

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NEY.




Ney (Michel) y prince de la Moscowa, duc d’Elchingen, pair et maréchal de France, Grand-Aigle de la Légion-d’Honneur, gouverneur de la 6e division militaire, etc., naquit à Sarre-Louis (Moselle), le 10 janvier 1769 ; jeune encore, il prit le parti des armes : jamais carrière militaire ne fut plus brillante que celle du maréchal Ney ; elle doit tout son éclat à son intrépide bravoure, à cette justesse de réflexion, à cette active prudence qui devine et surmonte tous les obstacles dans les occasions les plus importantes et les plus périlleuses ; toujours le premier dans les attaques et le dernier dans les retraites, il se signala autant par sa valeur dans les combats que par sa générosité envers les vaincus. Après avoir eu une glorieuse part aux victoires d’Altenkirchen, de Mont-Thabor, de Psartzheim, de Giessen, où commandait Kléber, on le vit constamment ouvrant la marche de nos armées victorieuses, ou protégeant leur retraite, se distinguer de nouveau sous les ordres de Masséna. En 1800, il partagea avec Moreau les glorieux succès des batailles de Moeskirch et de Hohenlinden ; mérita en Souabe le titre de duc d’Elchingen, et bientôt la prise d’Inspruk, la capitulation surprenante de Magdebourg, ses savantes manœuvres pour arrêter à Lutzen toutes les armées de Frédéric et d’Alexandre, les batailles d’Iéna, de Thorn, Friedland, Tilsitt, le placèrent au rang des plus illustres généraux français. Après avoir signalé sa vaillance dans trois cent cinquante combats, et rempli du bruit de son intrépidité les champs de la Franconie, de la Bavière, de l’Autriche, de la Saxe, les rochers du Tyrol et de l’Helvétie, les plaines de la Prusse, de la Pologne, de la Moscovie, transporté tout à coup des bords du Niémen aux bords de l’Èbre et du Tage, il y soutint long-temps une guerre difficile, et y fit une retraite aussi habile qu’admirable devant la nombreuse armée de Wellington.

Sa conduite dans la dernière guerre de Russie n’est pas moins digne d’éloges ; il sauve plusieurs fois l’armée française, qui le surnomme le Brave des braves, et y reçoit le titre de prince de la Moscowa. C’est là qu’il intercepte habilement la marche de l’ennemi, afin de donner à l’Empereur le temps de rallier de nouvelles phalanges pour réparer le plus terrible des désastres.

Entouré par quarante mille Russes, tandis qu’il ne peut leur opposer que quatre mille Français, il est sommé de se rendre : « On ne fait pas si facilement prisonnier un maréchal de France, » répond-il ; puis il force les masses pressées des bataillons ennemis, franchit le Borysthène et rejoint les Français. Il n’eut pas plus tôt triomphé de cet obstacle, que la Bérésina se présente ; les légions russes formaient une triple barrière sur ses bords : « C’est ici qu’il faut mourir (dit le maréchal à ses soldats) ; mais souvenons-nous que nous ne devons y laisser que la vie. » Il part ; la triple barrière est forcée, le passage est ouvert, et les débris de l’armée sont sauvés.

C’est à cette dernière campagne que se termine sa carrière militaire.

Les bornes de cette notice ne nous permettent pas de rendre compte de la fin du maréchal Ney : c’est à l’histoire à remplir cette tâche, et à la postérité à le juger ; nous dirons seulement que, dans ses derniers momens, il montra autant de courage et d’héroïsme que dans les plus mémorables actions de sa vie. Il est décédé le 7 septembre 1815.

Non loin des pyramides et des sarcophages en marbre de ses anciens compagnons d’armes, dont il partagea souvent les lauriers, dans un espace entouré d’une grille, au milieu duquel croissent huit cyprès, sont déposés sous un humble gazon, sans aucun signe extérieur, les restes du maréchal Ney. C’est là que le philosophe à qui le hasard a révélé le secret de sa tombe, observe et médite en silence sur les étranges et funestes dissensions civiles.