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Les travaux d’Hercule, ou la rocambole de la fouterie/Recueil amusant de contes libres

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RECUEIL AMUSANT

DE CONTES LIBRES.

Un homme d’une humeur gaillarde
Appella quelqu’un maquereau ;
Qui lui répliqua bien et beau ;
Que ton épouse est babillarde.



Un officier amoureux d’une belle,
Voyant son général qui la suivoit par-tout.
Lui dit : madame, ce général me fout.
Il me fout aussi, lui dit-elle.



Sept fois par jour au moins, le juste pêche,
Disoit en chaire un fils de Loyola.
Sept fois ! reprit une vieille pimbêche,
Est-il encore bien de ces justes là ?



Un vieux barbon voyoit maigrir sa femme,
Le médecin fut mandé promptement.
Vous êtes grosse : et de combien, madame ?
Hélas ! monsieur, d’une fois seulement,



Un gros gaillard, dit à sa demoiselle,
Où bien soupons, où faisons le déduit :

Celui des deux qui te plaira, dit-elle,
Mais le souper n’est pas encore cuit.



Sur un mince cristal, l’hiver conduit vos pas,
Le précipice est sous la glace,
Elle est de vos plaisirs la légère surface,
Glissés, mortels, n’appuyés pas.



Philis obstinément me… boude,
Pour lui avoir trop pris du… cu
Fouré mon doigt jusques au… coude,
Sans qu’elle s’en soit… appercu.



Qui pourroit voir l’impudique — Raucour
Baiser lascivement la bouche de… Sophie,
Seroit plus dégoûté de ce qu’on nomme amour,
Que s’il eut foutu… Rosalie.



En pleurant l’époux qu’elle perd,
Femme vous fait pitié. Quelle erreur est la vôtre,
Tel est un bâton de bois verd,
Qui brûle par un bout quand il pleure par l’autre.



De Pézénas un citoyen fidèle,
Disoit avoir, à jeune jouvencelle,
En une nuit donné dix fois l’assaut.
Alix l’oyoit : mon bon ange ! dit-elle,
Je voudrois bien avoir ce qu’il s’en faut.


Un peintre un jour s’accusoit à confesse,
Et sur son art rouloit l’entretien.
Quoi, vous peignez, disoit l’homme de bien,
D’après le nud ? bras, tétons, cuisse, fesse,
Le tout à choix : il n’est nul, même un saint,
Dont en ce cas, la chair ne fut rebelle.
J’ai, dit le peintre, un remède certain,
Je baise avant quatre fois mon modèle.



Deux jeunes gens, en amour gens d’élite,
Gageoient un jour à qui mieux le feroit ;
L’un le fit onze, et tout bas murmuroit ;
Mais l’autre en fit quatorze tout de suite,
Et dans l’instant se saisit de l’enjeu.
Le malheureux à certaine donzelle
Conta le cas : sainte vierge, dit-elle,
Est-il permis de perdre à si beau jeu.



Un moine ayant, (c’étoit un sous-prieur)
D’une nonain vérifié le sexe ;
Las d’encenser le temple antérieur,
Voulut aussi visiter son annèxe.
O vanité ! dit la none perplèxe,
Qu’en son état l’homme se connoit mal !
Que vers le bien sa route est circonflèxe,
Un sous-prieur ! trancher du cardinal.


Frère Frapart, hermite plein de suc,
Trouvant au lit une dame discrète,
Lui fit tourner l’anagrame de luc,
Et de droit fil, s’ouvrit la voie étroite.
Que faites-vous, s’écria la levrette ?
Ce n’est pas là, c’est plus bas vous dit-on :
Laissez, laissez, dit l’humble anachorette,
Ceci pour moi n’est encor que trop bon.



Un maître carme exploitant sœur Alix,
Avoit déjà défilé jusqu’à six :
Ah ! C’est assez : finissons, lui dit-elle,
On sonne au chœur, et l’office m’appelle.
Eh quoi, si vîte ! encor un pauvre avé,
Rien plus, ma sœur, et puis je me retire.
Qu’un avé soit : voyons, je vais le dire,
Ça faites donc : j’y joindrai le salvé.



La mariée, au saut du lit, jasoit
Sur l’instrument de la paix du ménage.
Et discourant du marié, disoit :
De son engin, neuf pouces sont l’aunage ;
Neuf tout en gros ! quelle honte à son âge,
Car entre nous, il a vingt ans et plus,
Et notre ânon, qui n’a pas davantage
Que dix huit mois, porte un grand tiers de plus.


Masqué du froc d’un enfant d’Elisée,
Damon pressoit sœur Alix, et d’abord
Par cet habit, la belle humanisée,
Avec Damon fut aisément d’accord.
Lui, pour l’honneur du froc fit maint efforts ;
Mais six exploits mirent bas le gendarme.
Quoi ! dit Alix, cet homme-ci s’endort,
Après six coups ! ah chien ! tu n’es pas carme.



Du jeu d’amour, un aimable tendron,
Sous un cagot, faisoit l’apprentissage.
Aisé n’étoit, j’en tais la raison,
De moissonner son tendre pucelage.
De crier donc, la belle faisoit rage,
Et ne prenoit nul plaisir à ce jeu.
Souffrez, souffrez, lui dit cet homme sage ;
Souffrez cela, pour l’amour du bon dieu.



Le fait, le droit, qui sur le formulaire,
Depuis long tems partagent les esprits ;
Faisoient grand bruit, et l’on traitoit l’affaire
Avec chaleur ; lorsque l’on fut surpris
De voir Ninon, terminer la querelle,
Et sur le champ trouver ce tour adroit.
Tant qu’il est droit, il n’est pas fait, dit-elle,
Quand il est fait, il cesse d’être droit.


Un cavalier, s’accusoit à confesse,
D’avoir, pendant toute une nuit,
Partagé le lit de l’hôtesse,
Où son bidet l’avoit conduit.
Combien fîtes-vous cette affaire,
Mon enfant, car il faut les compter :
Combien de fois ? oh ! oh ! mon père,
Je ne suis pas ici pour me vanter.



Un muscadin étoit fort amoureux,
Depuis six mois, de la jeune Angélique ;
Il étoit riche, et l’on souffroit ses vœux :
Mais à la fin, il faut bien qu’on s’explique.
Vint un beau jour, que le père lui dit :
Beaucoup d’honneur vous faites à ma fille,
Mais sur quel pied, demande la famille,
La voyez-vous ? moi ! sur le pied du lit.



Une novice accusoit son curé
A son prélat, d’avoir cueilli la rose ;
Avez-vous là, lui dit l’homme sacré,
Quelque témoin qui contre lui dépose ?
Ah ! monsieur, la cellule étoit close,
Et ne voulus crier, tant j’avois peur
De réveiller l’abbesse, qui repose
Toutes les nuits avec père Prieur.


Absens ont tort. Chez une toulousaine,
Verdac, long-tems fut domicilié ;
Verdac, partit seulement pour quinzaine.
Un autre vient, Verdac est oublié.
Verdac revient, ah perfide ! infidèle !
Traiter ainsi l’amant le plus constant.
Mon bon ami, gronde vîte, dit-elle,
Car entre nous, l’autre est là, qui m’attend.



Un fat vouloit qu’un peintre en faisant son portrait,
Copiat saint Jean, trait pour trait ;
Quoique lui-même il fut un très-laid personnage,
Mais à peine fût-il au milieu de l’ouvrage,
Que le peintre rempli d’un trop juste courroux,
Lui dit : monsieur, je ne puis passer outre,
Car de penser à faire un saint de vous,
C’est de saint Jean vouloir faire un jean-foutre.



Qui fait l’enfant, dans l’amoureux combat ?
Disoit Agnès, à sa dame prudente,
Est-ce celui qui sous l’autre s’ébat ?
Où bien l’agent qui dessus instrumente.
La dame, alors lui dit : pauvre innocente !
L’enfant se fait par ceux qui sont dessous.
Dieu soit béni ! repliqua sa servante,
J’en ai fait un à monsieur votre époux.


Un cordelier, prêchoit sur l’adultère,
Et s’échauffoit ; le moine en son harnois,
A démontrer par maint bon commentaire,
Que ce péché, blesse toutes les loix.
Oui, mes enfans, dit-il, haussant la tête,
J’aimerois mieux pour le bien de mon ame,
Avoir affaire à dix filles par mois,
Que de baiser en dix ans une femme.



Quoi ! faire cas, d’un plaisir qui ne dure,
Ah ! renoncez à celui de nature,
Disoit un jour, un dévot très-outré.
Le drôle auquel fut ainsi remontré,
Lui répliqua : vous savez mal conclure ;
Bon, pour celui qui pourroit se lasser,
Et s’étonneroit d’une seule aventure ;
Mais mon plaisir est de recommencer.



Un florentin voulant, d’après nature,
Peindre à plaisir, un saint Sébastien ;
Prit un blondin de gentille figure ;
Le mit tout nud, et le lia très-bien :
Mais ce faisant, un feu vénérien,
Saisit le peintre, il pousse, il se fait brêche,
Le saint cria : chut ! dit l’italien,
Ce n’est encor que la première flèche.


En rendez-vous, avec donzelle vive,
Pour consommer une affaire de cœur,
Paul excitoit sa nature tardive.
Lise, aussitôt, l’accuse de froideur ;
Mais lui, faignant un excès de roideur,
Pour gagner tems, mettoit de la salive,
Ce que voyant, la fillette naïve,
Lui dit : tu nous fais à tous deux trop d’honneur.



Un verd galand, se confessoit naguères,
D’avoir réduit maintes filles aux abois.
Et des garçons, dit le moine ? ah ! mon père !
Je ne suis homme à semblables exploits.
Tant mieux, mon fils ! poursuis si tu m’en crois,
Dit le pater, je t’en loue et pour cause.
Si ce malheur t’arrivoit une fois,
Tu ne voudrois jamais faire autre chose.



Au sexe encor, chère est la bien séance,
Jusqu’aux filles de cabaret,
Aucune ne se rend sans quelque résistance.
Un voyageur beau, jeune, adroit,
En suit une au grenier et veut lui faire fête.
Crois-tu de mon honneur que je prenne peu de soin ;
Lui dit-elle, en prenant un gros bouchon de foin,
Avance, avec ceci, je te casse la tête.


Du bon Guillot, le vit se roidissoit,
Et le poignoit si fort concupiscence,
Que dans un coin se manuélisoit.
Une femme curieuse s’avance,
Voyant jaillir le sperme délicieux,
Ah, quel malheur ! lui dit la bonne dame,
Un peu plutôt j’eusse empêché qu’aux cieux
N’eussiez, impie, escamoté cette ame.



Un cordelier faisoit l’œuvre de chair,
Et s’ébatoit en festoyant sa mie.
Son compagnon lui dit : frère très-cher,
Pourtant faut-il aller chanter complie.
Lors, le frater dit : parbleu je m’oublie ;
Sus, haut le cul, dépêchons-nous Gogo,
Je reviendrai si dieu me prête vie,
Dès que j’aurai chanté tantum ergo.



Avec scandale un peintre en son taudis,
Entretenoit gentille chérubine.
Vous, pour le sûr et votre concubine,
Dit frère Luc, de dieu serez maudits.
Epousez-vous : les anges ébaubis,
Fête en feront sur le céleste ceintre,
Epousons donc, puisqu’il faut, dit le peintre,
Etre cocu, pour gagner paradis.


Un révérend, à face guillerette,
Oyoit le cas d’un jeune débauché,
Qui s’accusa que gentille fillette,
Avoit la nuit entre ces bras couché :
Combien de fois c’est commis le péché ?
Trois fois sans plus, répond le camarade,
Comment trois fois ? dit le père fâché,
En une nuit ? vous étiez donc malade.



Cagliostro, grand charlatan,
Au prince enseignoit la magie ;
Ils n’étoient qu’eux deux seulement
Pour un tour de sorcellerie.
Les voilà trois. — Qui l’eut dit ?
De surprise ôtant sa calotte,
Le bon cardinal vit la Motte,
Et la Motte le vit.



Au jeu d’amour, une gente donzelle,
Voulut induire un cavalier romain.
L’ultramontain à son culte fidelle,
Le refusoit, et même avec dédain :
Quand pour lui plaire elle tourna soudain,
Ce qu’à Jupiter, Ganimede réserve.
Mais dans son goût, malgré l’offre affermi,
Me fourrer là, dit-il, dieu m’en préserve !
Je logerois trop près de l’ennemi.


Il étoit une fois un jeune prince grec,
Un ange pour l’esprit, pour la figure un singe ;
Il aimoit une belle, et la belle tout sec,
Lui refusoit de voir le dessous de son linge.
Le prince désolé se jette en bas d’un pont ;
Il y trouve une fée assise dessous l’arche,
Qui lui dit, en riant sur la rivière : marche,
Il en est au bordel qui te consoleront.



Au lit de mort, une vieille à confesse,
Qui cinquante ans sous l’homme travailla,
Au confesseur exigeroit sans cesse
Les doux plaisirs dont amour la combla.
Finissons, ne parlez plus de cela,
Songez à dieu : je le voudrois, dit-elle,
Mais j’ai toujours un bougre de vit là,
Même en mourant, qui me fout la cervelle.



Un jour, à certaine commère,
Alix, en montrant sa maison,
Disoit : vous le voyez, ma chère ;
Tout seroit de bonne façon,
Sans l’escalier, que le maçon
A fait trop roide, dont j’enrage.
N’êtes-vous pas de mon avis ?
Oui, dit l’autre : et c’est grand dommage
Que ce maçon n’ait fait les vits.


Pour la première fois la jeune Agnès aimoit.
Elle veut régaler Damis de son portrait ;
Elle grimpe au grenier d’un successeur d’Apelle
Qui, la trouvant si belle,
Croit, dans nos atteliers, voir le séjour des dieux,
Son ame tout entier a passé dans ses yeux ;
Il admire, il s’écrie ! ah la peste !
Qu’on va faire de vous un portrait séduisant :
Mais plaignez-moi, je peins l’histoire seulement ;
Ah, mon dieu ! dit Agnès, qui me peindra le reste.



Par un beau jour, d’une fête de vierge,
Blaise courut desservir sa Manon,
Accoutumée à recevoir son cierge,
A telle offrande nul ne répond, non.
Ce jour là plus ardant à l’ouvrage,
Le gars sautoit, tortilloit, faisoit rage,
Tant que la belle eut l’appréhension
D’oubli fatal, et dit au fort de l’aise
En roulant l’œil : prends bien garde, ami Blaise ;
Car aujourd’hui c’est la Conception.



Au rendez-vous, dès le matin donné,
Vint une belle, ivre du vin nocturne,
Dont le galant se trouvant étonné,
A la lancer point ne fut taciturne,

Morbleu ! dit-il, haussé sur son cothurne,
Ce n’est aimer que s’ennivrer ainsi…
Le trait est noir. Oh ! oh ! nous y voici,
Reprit la dame, et par le grand saint Jacques,
Vous semble-t-il, que nous sommes ici,
Venus tous deux, pour y faire nos pâques.



Rendez, disoit à la jeune Glicère,
Un de nos premiers sénateurs,
Les cent louis que mon neveu Valère
Vous a donné pour prix de vos faveurs :
Obéissez, ou craignez ma colère ;
Vous vous compromettez, monsieur le président,
Outre que Valère est fort riche,
Au théâtre forain où me vit cet amant,
Il a dû lire sur l’affiche,
Quand la toile est levée, on ne rend point l’argent.



Un cordelier, des plus officieux,
Sur ses genoux, branloit certaine abbesse,
Dont tôt après, le bon religieux,
En pamoison fit tomber la prêtresse.
En profitant du moment de foiblesse,
Il lui glissa son fringuant aiguillon ;
Tirez ceci, par saint Hilarion !
Dit la femelle, à quoi le bon apôtre

Lui répartit : pas tant d’émotion,
Prenez toujours, ce doigt-ci vaut bien l’autre.



Jeanneton, en la nuit première,
Son mari dessus elle étant,
Remuoit des mieux le derrière,
Et puis disoit en s’ébattant :
Mon doux ami que j’aime tant,
Fais-je pas bien de cette sorte ?
Le mari lors qui se transporte,
Lui répond : de courroux épris,
Oui ; mais que le grand diable emporte
Ceux qui vous en ont tant appris.



Vous répondrez, ô ! corrupteurs de filles,
Disoit en chair un docteur véhément.
Vous répondrez de toutes peccadilles,
Qu’elles feront avant le sacrement.
Punis serez au jour du jugement,
D’avoir au mal, femelle façonnée.
La jeune Alix, qu’un amant peu constant,
Depuis huit jours, avoit abandonnée,
S’écrie, bon ! j’en ferai tant et tant,
Que du fripon l’ame sera damnée.



Un vieux paillard, avoit un valet ingénu,
Qui, le matin lui passant sa chemise,

En présente une par méprise,
Qui ne lui couvroit pas le cu.
Mais André, voit donc ta bêtise,
Dit-il, ce linge appartient à mon fils ;
Avec le mien sans cesse tu le brouilles.
Mon vit, n’est pas couvert, vois. André répond :
Je vous jure, monsieur, qu’on ne voit pas le vit,
Mais d’un bon demi pied on voit passer les couilles.



Sur les genoux de son aimable femme,
Un menuisier mangeoit sa soupe un jour ;
Un sien ami l’apperçoit et l’en blâme.
Eh qui pourroit s’attendre à pareil tour.
Comment, chez toi, point de table, compère,
Un menuisier ? pourquoi donc t’étonner,
Dit l’artisan, voici tout le mystère :
Dès que j’ai fini de dîner,
Je n’ai plus que la nappe à lever,
Et je fous la table par terre.



Dandin, allant faire un voyage,
Laissa son épouse à Paris ;
Elle, usant des droits du veuvage,
Pour un, retrouva dix maris.
A son retour en homme sage,
Dandin, loin de faire tapage,

Comme tant d’époux convaincus
Par leur faute de cocuage,
Dit : l’exploitant d’un grand courage,
Ah ! que je fais-là de cocus !



Par un matin, d’une jeune dévotte,
Frère Richard, le petit cas oyoit,
Et par un trou, promenoit sous sa cotte
Sa douce main, dont il la chatouilloit ;
De quoi la niaise, en larmes, lui disoit :
Priez pour moi, mon père, je suis morte,
Le diable m’entre au corps par cette porte
Que vous savez : gardez de résister,
Dit le frater, il faudra bien qu’il sorte,
Quand dans tel lieu sera las d’habiter.



Brûlé du feu de la concupiscence,
Frère Thibaud, vint trouver son gardien,
Jeûnez, mon fils, lui dit sa révérence ;
Thibaud jeûna, le jeûne n’y fit rien.
Lors de rechef Thibaud se plaint : eh bien ?
Joignez au jeûne et discipline et haire,
Dit le vieillard : mais las, le pauvre hère
Sentit sa chair encor plus regimber.
Vertu du froc ! succombez-y donc frère,
Tant que d’un an, n’y puissiez retomber.


Colin, pressé d’humeur folâtre,
Caressoit à son aise, un jour,
Les jambes, plus blanches qu’albâtre,
De Lise, objet de son amour.
Tantôt il s’adresse à la gauche,
Tantôt la droite le débauche ;
Je ne sais plus, dit-il, laquelle regarder,
Une égale beauté fait un combat entr’elles.
Ah ! dit Lise, ami, sans plus tarder,
Mettez-vous entre deux pour finir les querelles.



Un capucin, malade de luxure,
Montroit son cas, de virus infecté.
Et pour cacher du mal la source impure,
La rejettoit sur son austérité :
Ah ! disoit-il, au suppôt de saint Côme,
Voyez un peu, madame André, voyez comme
Elle me l’a tout du long écorché :
Qui ? cette robe, oui-dà, frère miché ;
Oh ! votre robe est donc, sur ma parole,
Une putain : et gare la vérole.



Un couple amoureux s’exerçoit
Au jeu d’amour, dans un bosquet,
Croyant n’avoir que les driades,
Pour témoins de ses accolades :

Au plus fort du trémoussement,
Quelqu’un paroît. Ah ! dit l’agent !
Fuyons : nenni, répond la belle,
Vas ton train : mais on nous verra :
Eh ! qu’importe, répliqua-t-elle,
Je ne connois point ces gens là.



Un compagnon, que les turcs avoient pris,
A son retour, merveille racontoit :
En récitant, comme il fut surpris ;
Et ses tourmens à deux dames contoit ;
Celle des deux qui plus s’attendrissoit,
Lui demanda : que font les turcs aux femmes ?
Hélas ! dit-il, ces malheureux infâmes,
Leur font cela, tant qu’il les font mourir.
Ah ! plût à dieu dit l’une de ces dames,
Que pour la foi, je puisse ainsi souffrir.



Un jour, auprès d’un aveugle en prière,
Au coin d’un bois, Jean, du matin pressé,
Mit bas Alix, gentille chambrière,
Et l’exploitoit sur le bord d’un fossé.
L’aveugle écoute, et d’un ton plus baissé,
Va, marmottant l’avé de Notre-Dame.
Ah ! je me meurs, dit Alix, qui se pâme,
Et moi, dit Jean, me voilà trépassé.

Les pauvres gens ! dieu veuille avoir leur ame,
Répond l’aveugle, et les mettre in pace.



En plein chapitre, un moine à son retour,
Rendoit compte des frais de son voyage,
Tant pour le coche, tant pour le séjour,
Tant pour le vin, et tant pour autre usage ;
Puis, quand ce vint, aux frais du cultage,
Le papelard mit cent livres tournois.
Lors le prieur lui dit : père François ?
C’est trop payé : trop payé, dit le drôle,
Je l’ai tant fait, morbleu ! que chaque fois,
Ne coûte pas au couvent une obole.



A deux genoux, une gente pucelle,
Se confessoit auprès d’un cordelier,
Et lui montroit par dessous sa dentelle,
L’échantillon d’un téton régulier :
Lors de la chair, le démon familier,
Se fit sentir : sur quoi, l’homme d’église,
Lui mit en main, son joyeux aiguillon.
Oh ! qu’est-ce ceci ? dit la fille surprise !
Prenez, prenez, reprit le pénaillon,
C’est le cordon de saint François d’Assise.


Certains hussards, usant du droit de guerre,
Chez un meunier, entrèrent sans pitié.
Puis à ses yeux, levant leur cimeterre,
Bien enfiloient sa dolente moitié.
La ménagère, en signe d’amitié,
Du croupion remuoit la charnière :
Mais le mari lui dit : ah ! boucannière !
Je suis cocu, tu prens plaisir au cas.
Mon bon ami, repartit la meunière ;
C’est pour sortir plus vîte d’embarras.



Un cavalier, de Landau, revenant,
Et sans le soin, chopinoit chez un carme ;
En chopinant, vit sur son bras charnu,
Toile de lin, dont la beauté le charme :
Par la morbleu ! s’écria le gendarme,
Nul tisserand, ne sçût, avec tel art,
Filer chemise : ami, dit le frapart,
Troussant sa robe, il n’est que d’être habile ;
Vois-tu bien , messire Jean Choüart,
C’est la quenouille avec quoi je file.



Un villageois, menoit sur son grison,
Dame Babet, bourgeoise, jeune et drue.
Où mènes-tu cette dame ? répond,
Dit un sergent, qui menoit en recrue :

Messieurs, dit-il, à la troupe bourrue,
Elle est ma femme : on va le voir. Eh bien !
Puisqu’ainsi va, fais-lui donc un chrétien.
Bastien, mon fils, dit la dame Babiche,
Ne mets qu’auprès : pas si sot, dit Bastien,
Ils me tueront, ventre-bleu, si je triche.



Maître Martin, ayant chez soi,
La fine fleur de haute pruderie ;
Venez, dit-il, mesdames, suivez-moi,
Voyez donner l’avoine, je vous prie,
A mes mulets : On va dans l’écurie.
Et qui voit-on ? vingt gaillards arborant,
De priapus l’étendard conquérant.
Ma chère, dit l’une des héroïnes,
A sa compagne attentive au plus grand,
Allons nous-en, car on nous fait des mines.



Une nonain, par un moine requise,
Du jeu d’amour, lui dit : père Cordon,
Je voudrois bien d’abord, peur de surprise,
Par la chatière aulner votre bourdon.
Venez ce soir, pendant notre oraison :
L’autre n’étant sûr de son allumelle,
Le soir venu, fait à la jouvencelle,
Au lieu de lui tâter son compagnon ;

Nenni, nenni, je le connois, dit-elle,
C’est sur mon dieu, celui de frère Ognon.



Après leur mort, où vont les pucelages ?
En paradis. — Ils tenteroient les saints.
Descendent-ils sur les sombres rivages ?
Si bon morceau n’est pour esprit malins.
En purgatoire ? ils l’ont fait dès ce monde.
Dessous les mers ? ils dessècheroient l’onde.
Où vont-ils donc ? limbes sont leur séjour,
Des innocens ces lieux sont la patrie :
Quand pucelage abandonne le jour,
A peine il sait ce que c’est que la vie.



Lise, pour porter un poulet,
Appelle en hâte son valet,
Quand demi nud, vint à sa porte,
Jean, qui montre tout ce qu’il porte.
Ça, dit-il, que me voulez-vous ?
Soudain, faignant d’être en courroux,
Fuis d’ici, coquin, répond-elle,
J’aurois trop peur de ton caquet :
Tu n’es pas messager fidel,
Puisque tu montres ton paquet.


Bélise, prête à faire un long voyage,
Où je devois accompagner ses pas,
Me dit : ami, faisons un bon repas,
Mangeons un succulent potage ;

Quelques bonnes perdrix : pour moi lorsque je sors,

Et que pour quelque tems je demeure dehors,
J’aime un morceau qui tient long-tems au ventre.
Prenez du foutre, dis-je alors,
Il tient neuf mois dans le corps,
Encor sort-il plus gros qu’il n’entre.



A deux heures de relevée,
Après bonne digestion,
Mère Anne, veut donner au père Hilarion,
Certaine manière élevée ;

Mais voyant que ses yeux, ses discours et ses mains,

Ne faisoient que des efforts vains ;
La voilà qui jure et qui gronde ;
Je n’ai plus de ressource en ton piteux état,
Que d’entonner, d’icelle, un grand magnificat,
Car il fait lever tout le monde.


Un bègue, vouloit d’une dame,
Les bannes graces acquérir,
Et lui procurer l’ardente flamme,
Dont l’amour le faisoit mourir.
Etant au bout de sa harangue,
Ne pouvant plus mouvoir sa langue,
Il eut recours à son outil :
Puis le montrant et des yeux et du geste,
Madame, excusez moi, dit-il,
Le porteur vous dira le reste.



Le grand Colin, conduisit une nuit,
Devers sa chambre une garce dodue.
Quand tout-à-coup, son père oyant du bruit,
Accourt : Colin se sauve dans la rue.
Donc le barbon sur le tendron se rue
Tant, qu’il en prend plus que sa bonne part.
Le lendemain le suranné paillard
Tança son fils, et lui fit laide chère :
Le train, dit-il, que tu mènes, pendard,
Fera bientôt mourir ton pauvre père.



Une fille, accorte et bien apprise,
En pleine rue, un jour se laissa choir.

Grand vent souffloit, dont sa blanche chemise,
De voltiger, fit fort bien son devoir,
Tant que, chacun, sans lunette put voir,
A découvert sa gentille chapelle.
Lors, un dévot pour cacher à la belle,
Ce que savez, mit son chapeau dessus :
Chapeau à moi ! tirez, tirez, dit-elle,
C’est bien assez d’une main tout au plus.



Auprès d’un vieil époux, au lever de l’aurore,
La jeune Iris, apperçut un moineau.
Caresser sa moitié sur le bord d’un ruisseau,
Et pour recommencer encore,
Voler au sommet d’un berceau.
Pour voir le tendre amour de ce couple fidèle,
Iris, en soupirant, éveille son époux :
Mais au lieu d’écouter les desirs de la belle,
Laissez-là, vos moineaux, lui dit-il, en courroux,
Aimerez-vous toujours la bagatelle.