Les veillées d’un fouteur/07

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Le Paradis.
Les veillées d’un fouteur, 1832, illustration Le Paradis
Les veillées d’un fouteur, 1832, illustration Le Paradis
Je pine, je bois je Censure
Et l’ame…

Les veillées d’un fouteur, 1832, Bandeau de début de chapitre
Les veillées d’un fouteur, 1832, Bandeau de début de chapitre


LE PARADIS.


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Je suis damné la chose est sûre,
Je pine, je bois, je censure,
Et l’âme va tout de travers
Quand on sait aligner deux vers :
Ainsi la mienne est en otage,
Et n’a que l’enfer pour partage,
Mais je crains trop ces lieux maudits,
Et je me crée un paradis.

Vignette roue 8 rayons

Je n’irai pas pêcheur imonde,
L’attendre hélas ! dans l’autre monde,

Non, sans sortir de mon quartier,
Je veux le trouver tout entier !
C’est là dans un fameux Bordelle,
Près d’une franche maquerelle,
De marlous, de ses rouchies
Que je trouve mon paradis.

Vignette roue 8 rayons

Juifs et Persans, Maure ou Tartare,
Tous entreront, je le déclare :
Pour peu qu’ils aient bien la vertu
De foutre en con ! de foutre en cul !
Et tous les amateurs d’orgie,
Les farceurs à face rougie,
Enculons, soulards et bandits,
Vont de droit dans mon paradis.

Vignette roue 8 rayons

Je veux encore qu’une maxée
Près d’un saint Pierre soit placée,

Que chacun vienne se ranger.
Pris d’la Margot de Béranger :
Qu’on pine, qu’on boive, qu’on jure,
Que les cons, les vits, tout supure
Et que les gens les plus maudits
Soient les élus du Paradis.

Vignette roue 8 rayons

Sur des culs on dira la messe.
On repondra sur une fesse,
Et les enfans de cœur bandant
Diront Amen en déchargeant !
Vieux, usés, s’il faut de la vie,
Faire la dernière folie,
Sachons tous crever, mes amis,
Dignes en tout du paradis,


Vignette roue virgules