Les veillées d’un fouteur/34

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Les veillées d’un fouteur, 1832, Bandeau de début de chapitre
Les veillées d’un fouteur, 1832, Bandeau de début de chapitre


JADIS ET AUJOURD’HUI,

OU
LES REGRETS D’UNE MAQUERELLE.


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Air : c’était de mon tems (Béranger).


Sur tous les boxons
L’mien avait la préférence ;
Les culs et les cons
Étaient retenus d’avance :
Comtes et marquis
Apportaient leurs vits,
Que de foutre au culs de mes garces,
Ah chez moi qu’on faisait de farces !
J’avais, nom d’un chien,
Un superbe bousin !

Un amant discret
Chez moi venait-il en passe,
Dans l’con d’son objet
Il dégorgeait sa limace,
Et puis en sortant
Il payait comptant,
Il payait même la serviette,
Tout, jusqu’à l’eau de la cuvette ;
J’avais, nom d’un chien,
Un superbe bousin !

Vignette roue 8 rayons

Jadis, pas un con,
Ne rapportait à la caisse,
Moins d’un ducaton,
Maintenant ils sont à la baisse,
L’miché crasseux,
N’est plus généreux,

À pein’ s’il paye la chandelle,
J’n’en veux plus, foi de maqu’relle,
Et d’main, nom d’un chien,
Je ferme mon bousin !

Vignette roue 8 rayons

Le commerce est mort,
Nous n’avons plus de pratiques ;
Qui nous fait du tort ?
Ce sont les filles de boutique,
L’soir, ell’s font un quart.
Sur le boulevard,
Et plus d’une adroite coquine
Me souffle le prix d’une pine ,
Demain, nom d’un chien,
Je ferme mon bousin !

Vignette roue 8 rayons

Quand je songe aux frais
Que mon boxon nécessite,

J’ crois, qu’si ça durait,
Je déclarerais faillite,
Mon pauvre maquereau
Va périr faut’ d’eau !
Ah faut-il que cet homme aimable
Se trouve aujourd’hui sur le sable.
Demain, nom d’un chien,
Je ferme mon bousin !


FIN.