Lettre à la présidente, voyage en Italie/Avis au lecteur

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impr. musée secret du roi de Naples (p. v-vii).

AVIS AU LECTEUR.


Émile Bergerat, gendre de Théophile Gautier, dans son curieux livre si documenté : « Théophile Gautier, Entretiens, Souvenirs et Correspondance — 1879, Charpentier » s’exprime en ces termes, dans une note à la suite de la lettre I, à Eugène, de Nully, 1835 : « Quant au ton qui règne dans cette lettre et que j’ai été contraint d’adoucir, je l’avoue, il ne faut pas oublier que le Maître avait 24 ans quand il l’écrivit, qu’il l’adressait à un ami intime, comme lui, romantique à tous crins, et habitué au parler salé des ateliers de l’époque. Du reste, elle n’était pas destinée à la publicité ; il est inutile de le faire remarquer. Théophile Gautier a écrit deux ou trois lettres libres dans sa vie, (une entr’autres, pendant son voyage en Russie) plutôt pour exercer la verve rabelaisienne qui était en lui, et s’amuser à l’emploi de mots tombés en désuétude, que pour les raisons vulgaires que l’on supposerait.

Il maniait la langue des vieux conteurs gaulois avec une éloquence prodigieuse ; l’une de ces lettres, dont je parle, le fait l’égal de Rabelais ; de ce morceau d’exécution, les artistes de notre métier qui le connaissent, ne parlent qu’avec enthousiasme : c’est le récit d’un voyage en Italie ; il comprend plus de vingt pages et formerait une plaquette… s’il était imprimable. Il ne l’est pas, malheureusement, car il démontrerait quel orfèvre des mots c’était que Théophile Gautier et quel conteur ! »

Cette démonstration que Monsieur Bergerat ne jugeait pas possible, cette lettre, ce chef-d’œuvre de langue grasse et colorée qu’un excès de pudibonderie a tenu si longtemps sous le boisseau, nous le donnons, pour la première fois, pour l’esbattement des pantagruélistes et non aultres, comme dit Maître François.

Nous entendons offrir aux curieux bibliophiles, le pendant, en prose, de la jolie publication qu’un Artiste-Éditeur, leur avons nommé Poulet-Malassis, leur a offerte en 1873, sous ce titre : « Poësies de Théophile Gautier qui ne figureront pas dans ses œuvres. — France, Imprimerie particulière, ornées d’un portrait singulier.»

Cette pièce d’éloquence spermatico — breneuse, peut hardiment se présenter comme inédite, malgré l’édition torcheculative parue il y a quelques temps, imprimée au fond d’une cave, et due à l’inepte collaboration d’un courtier, d’un imprimeur et d’un éditeur Parisiens plus marrons l’un que l’autre.