Lettre *753, 1679 (Sévigné)

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1679

*753 — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN[1].

J’ai été assez heureuse pour calmer les chagrins de Mlle de Méri sur son domestique. Je lui ai donné une fille, j’en ôte une autre ; je me suis rendue la maîtresse, et je crois qu’elle aura quelque repos. La manière dont elle étoit frappée de cette tribulation ne se peut exprimer et marque bien sa maladie. Elle s’en portera mieux ; je voudrois avoir autant de pouvoir sur sa santé.

Celle de M. de la Rochefoucauld doit être bien parfaite si la grâce et les faveurs du Roi, jetées à pleines mains, y peuvent contribuer. Sa Majesté a donné, sans y être priée, la survivance des deux charges au petit garçon, et le brevet de duc sur la terre de la Roche-Guyon, qui étoit éteint par la mort de M. de Liancourt[2] ; enfin les fées ne savent plus que leur souhaiter. M. de la Rochefoucauld me l’écrivit promptement, de peur de l’oublier.


  1. Lettre 753 (revue sur une ancienne copie). — 1. Ce fragment n’est point daté : les tracas domestiques de Mlle de Méri (voyez les lettres du 22, du 24 et du 29, p. 93, 96 et 110), et le duché, etc., du fils aîné du prince de Marsillac (voyez la note suivante), lui marquent sa place, avec une très-grande probabilité, dans la petite lacune qu’offre ici la Correspondance entre le 10 et le 22 novembre.
  2. 2. La Gazette du 18 novembre annonce en ces termes ces faveurs accordées au petit-fils de la Rochefoucauld : « Le Roi a érigé en duché et pairie la terre de la Roche-Guyon, en Vexin, en faveur de François de la Rochefoucauld, comte de la Roche-Guyon. Il est fils aîné de François de la Rochefoucauld, prince de Marsillac, et de Jeanne-Charlotte du Plessis Liancourt, petite-fille et héritière de Roger du Plessis, marquis de Liancourt, en faveur de qui la terre de la Roche-Guyon avoit été érigée en duché-pairie en 1663. Le Roi a donné au duc de la Roche-Guyon la survivance des charges de grand veneur de France et de grand maître de la garde-robe, possédées par le prince de Marsillac son père. »