Lettre au directeur de la Revue au sujet de l’article sur Adrien Balbi

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À M. le Directeur de la Revue des Deux Mondes.
Monsieur,

Mon article sur M. Adrien Balbi, inséré dans le dernier numéro de la Revue, a été l’objet d’une réclamation dont je ne puis, dans une certaine mesure, méconnaître la légitimité. Mon travail, ainsi que je l’ai indiqué (page 167), portait sur la première édition de l’Abrégé, celle de 1833. Depuis lors et dans le courant de 1838, il a été publié par livraisons une édition nouvelle, avec cartes et plans, à laquelle, quoique absent de Paris, M. Balbi ne semble pas être demeuré étranger. C’est cette édition que M. Jules Renouard a signalée à notre impartialité bienveillante, en nous priant de vérifier si, à la suite d’un examen comparatif, il ne nous serait pas possible d’adoucir quelques-unes de nos critiques. Bien que les termes même de l’article missent parfaitement hors de cause, sans les préjuger, les réimpressions postérieures à 1833, nous n’avons pas cru devoir refuser aux propriétaires de l’Abrégé cette espèce de supplément d’instruction, désireux de prouver en cela et notre sincérité complète, et nos profonds égards pour des intérêts toujours respectables.

Or, d’un collationnement rapide, il résulte pour nous qu’en effet, par plusieurs côtés, cette édition nouvelle rectifie ou complète l’ancienne. L’introduction, trop parasite encore, a été néanmoins fort abrégée et adoucie surtout dans ses formules louangeuses. La Charte, au lieu d’être insérée in extenso, n’y figure plus qu’en analyse ; le chef-d’œuvre du docteur Constancio, le mot Pleïadelphia, a disparu, et l’espace qu’occupaient ces puérilités a été rendu à des détails plus importans de topographie et de statistique. Un passage nouveau, au sujet de l’obélisque de Louqsor, rétablit la vérité des faits de manière à rendre impossible la méprise que nous avions signalée. L’article France, écourté dans la première édition, a repris dans la dernière l’étendue et l’importance nécessaires ; des additions nombreuses à propos de la Belgique, de l’Italie, de la Suisse, de la confédération germanique et d’autres états, maintiennent les parties qui y ont trait au niveau des documens actuels, et une table alphabétique, dressée avec un soin particulier, corrige et atténue ce que l’ordonnance du livre a conservé de défectueux.

Telles sont les améliorations que nous avons remarquées dans l’édition de 1838. Il ne nous reste plus qu’à rectifier nos assertions sur deux points. C’est d’abord au sujet de la confusion entre les Eleuths et les Illiâts qui n’appartient pas à M. Balbi, et qu’il faut restituer à l’un de ses collaborateurs secondaires ; c’est ensuite à propos de l’omission de Tarare et de Saint-Quentin, qui n’est point aussi absolue que nous avions pu le croire. Ces deux villes ne sont oubliées qu’à l’article Commerce, où figure Aix, qui, certes, y avait bien moins de droits qu’elles ; mais comme cités industrielles et importantes, Tarare et Saint-Quentin figurent dans l’Abrégé, même dans l’édition de 1833.

En donnant place à ces lignes, vous prouverez, monsieur, comme nous l’avons fait en les écrivant, qu’une critique conçue et poursuivie en vue de la science, n’exclut pas les ménagemens que l’on doit à des intérêts légitimes et prompts à s’alarmer.Agréez, etc.

Louis Reybaud.
Paris, 26 janvier 1839.