Lettre de la Direction Générale d'Air France sur les rapports de la Société avec les Autorités Allemandes d'occupation
DIRECTION GÉNÉRALE ET SIÈGE SOCIAL | TÉLÉPHONE : ÉLYSÉES 20-60 | |
2, RUE MARBEUF PARIS 8° | ADRESSE TÉLÉGRAPH. "AIRFRANS" PARIS | |
SOCIÉTÉ NATIONALE DE TRANSPORTS AÉRIENS | REGISTRE DU COMMERCE SEINE 258.468 B | |
CONFIDENTIELLE |
DIRECTION GÉNÉRALE | Paris, le 10 Août 1946 |
V/Réf. | N°D 940.331 - D |
OBJET | |
Monsieur le Ministre des Travaux Publics & des Transports Secrétariat Général à l'Aviation Civile & Commerciale | |
PIÈCES JOINTES | 93, boul. du Montparnasse |
- 1 - | PARIS |
Nous avons l'honneur, en réponse à votre lettre 1894 DTA/C ayant pour objet les rapports d'Air France avec les autorités allemandes d'occupation, de vous fournir les éléments que vous voulez bien nous demander.
LISTE DÉTAILLÉE DES INSTALLATIONS APPARTENANT à AIR FRANCE et UTILISÉES par les AUTORITÉS ALLEMANDES ou par la D.L.H. de JUIN 1940 à JUILLET 1944.
a) De Juin 1940 à Janvier 1943 : aucune.
b) De Janvier 1943 à la Libération.
À l'exception de la période ayant fait immédiatement
suite à l'occupation de la Zone Sud par les Allemands, période
durant laquelle les troupes allemandes ont occupé les installations
d'Air France, il n'y a pas eu à proprement parler occupation
par les Allemands d'aucune des installations de la Compagnie.
Par contre, des travaux ont dû être effectués pour le
compte des Allemands dans les ateliers d'Air France, à Toulouse,
à Marignane et Rognac.
Nature et importance de ces différentes installations.
a) Nature
Ces ateliers sont des ateliers d’entretien, de révision et de réparation de matériel aéronautique (cellules et moteurs).
b) Importance de ces installations.
On sait qu’en matière de réparation et d’entretien aéronautique, l’élément essentiel est la main d’œuvre, les machines jouant dans ce domaine un rôle beaucoup moindre que dans la plupart des autres industries. Nous pensons donc que la meilleure réponse à faire consiste à indiquer les heures de main d’œuvre effectuées dans l’ensemble des ateliers.
— MARIGNANE et ROGNAC — | ||
Heures de main d’œuvre au compte des commandes allemandes | Heures totales | |
Janvier 1943 | 5.018 | 54.461 |
Février " | 24.003 | 55.692 |
Mars " | 28.593 | 53.557 |
Avril " | 44.547 | 68.543 |
Mai " | 41.313 | 72.652 |
Juin " | 32.894 | 57.646 |
Juillet " | 44.249 | 60.011 |
Août " | 37.999 | 67.393 |
Septembre " | 35.923 | 70.687 |
Octobre " | 39.723 | 71.428 |
Novembre " | 45.585 | 70.301 |
Décembre " | 47.000 | 69.500 |
Janvier 1944 | 30.000 | 68.400 |
Février " | 31.600 | 73.000 |
Mars " | 27.600 | 65.600 |
Avril " | 30.100 | 72.000 |
Mai " | 26.000 | 62.800 |
— TOULOUSE — | ||
Janv/Fév. 1943 | 15.563 | |
Mars 1943 | 21.080 | |
Avril " | 35.000 | |
Mai " | 34.195 | 68.531 |
Juin " | 15.800 | 57.002 |
Juillet " | 23.054 | 60.473 |
Aout " | 29.031 | 55.732 |
— TOULOUSE — (suite) | ||
Sept. 1943 | 37.836 | 58.659 |
Oct. " | 37.924 | 60.888 |
Nov. " | 36.447 | 59.580 |
Déc. " | 30.554 | 51.344 |
Janv. 1944 | 21.900 | 51.800 |
Fév. " | 26.400 | 60.700 |
Mars " | 28.400 | 63.000 |
Avril " | 5.400 | 61.000 |
Pour avoir une idée exacte de la situation, il est toutefois indispensable de retenir les observations suivantes :
— Ces chiffres, dans l’une et l’autre colonnes ne font état que de la main d’œuvre productive.
— Les chiffres portés comprennent les heures de repas (à cette époque, théoriquement 5 heures par semaine et par personne ; pratiquement 4 et 5).
— Certains travaux tels la quasi installation de la cantine de Toulouse ont été portés au compte des heures allemandes.
— La cadence de travail était particulièrement ralentie. On citera, à titre d’exemple, que les visites périodiques de Bloch 220 ont nécessité de 8.000 à 11.000 heures de travail qui se sont échelonnées sur des durées de 4 a 6 semaines, alors qu’avant guerre le même travail nécessitait 2.500 heures et était effectué en 5 ou 6 jours. C’est ainsi encore que certaines réparations de Lioré 45 ont nécessité jusqu’à 25.000 et 30.000 heures, alors que la fabrication des appareils neufs demandait 25.000 heures.
— Les heures portées au compte des commandes allemandes comprennent celles employées aux fabrication et entretien d’outillage. Il faut signaler que les fabrications d’outillage ont été volontairement « enflées ».
— À Toulouse, le chiffre de 5.400 heures donné pour le mois d’Avril 1944 pour le compte des commandes allemandes, sur un total de 61.000 heures, est dû au bombardement du 6 Avril. À partir de cette date, à peu près toute la main d’œuvre a été employée à la reconstruction du centre.
— On constatera une augmentation du nombre d’heures effectuées à partir d’avril 1943. La raison n’est pas due à une augmentation d’effectifs, mais à l’augmentation obligatoire de la durée du travail portée successivement de 35 heures à 40 et 48 heures par semaine.
— On n’a pu donner les nombres des heures des mois de Mai, Juin et Juillet 1944, les éléments nécessaires à leur décompte n'ayant pu être réunis en temps voulu. D'une manière générale, il est permis d'affirmer que le chiffre en va décroissant durant cette dernière période.
MATÉRIEL VOLANT.
Les renseignements concernant le matériel volant sont portés sur la feuille ci-jointe.
Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Ministre, l'expression de nos sentiments les plus dévoués.
BLOCH 220 | |||
F - A.O.H.G. | (enlevé le 21 Mai 1943, | ||
(revenu avarié à Toulouse en Mars 1944 | |||
F - A.O.H.H. | enlevé le 8 Mars 1943 | ||
F - A.O.H.I. | enlevé le 24 Février 1943 | ||
F - A.O.H.J. | enlevé le 24 Mars 1945 | ||
F - A.Q.N.K. | enlevé le 6 Mars 1943 | ||
F - A.Q.N.M. | enlevé le 12 Mars 1943 | ||
F - A.Q.N.N. | (enlevé le 27 Mai 1943 | ||
(revenu à Toulouse en Mars 1944 | |||
F - A.Q.N.O. | enlevé le 8 Juin 1943 | ||
F - A.R.I.Q. | enlevé le 17 Juin 1943 | ||
F - A.O.H.B. | (enlevé le 19 Mai 1943 | ||
(revenu à Toulouse en 1944 | |||
F - A.O.H.F. | (enlevé le 16 Mars 1943 | ||
(revenu à Toulouse en 1944 | |||
DEWOITINE D 338 | |||
F - A.O.Z.H. | démonté sous prétexte de révision générale, détruit à Toulouse par bombardement le 5 Avril 1944. | ||
F - A.Q.B.C. | enlevé le 6 Novembre 1943. | ||
F - A.Q.B.E. | avarié par le bombardement du 5 Avril 1944. | ||
F - A.Q.B.K. | avarié par le bombardement du 5 Avril 1944. | ||
F - A.Q.B.L. | détruit par le bombardement du 5 Avril 1944. | ||
F - A.Q.B.M. | enlevé le 13 Avril 1943 | ||
F - A.Q.B.Q. | enlevé le 19 Novembre 1943 | ||
F - A.Z.R.F. | enlevé le 5 Octobre 1943 | ||
En outre, ont été saisis par le Luftwaffe : | |||
5 Léo 246 (sur 5) | |||
4 Amiot (54, 356, 370) | |||
4 Farman (2233, 2254) | |||
44 Caudron C 445. |
Toutefois, toutes ces saisies n'ont pas été suivies de prise de possession par les Allemands, l'enlèvement de certains appareils ayant pu être évité sous des prétextes de réparations à effectuer ou de modifications à apporter.