Lettres à Sixtine/J’espère, Madame
Mardi soir, 22 mars.
’ESPÈRE, Madame, que vous ne serez pas venue
rue de Richelieu aujourd’hui. J’ai dû
m’en aller à trois heures écrire des adresses sur
des enveloppes bordées de noir, quelqu’un de ma
famille étant mort. Demain encore, absence de
toute la journée. Comme la cérémonie définitive
me laissera libre vers deux heures, je n’aurai pas
l’innocence de me précipiter vers le collier ; irai
m’ébattre au Louvre, où, en semaine, les Philistins
sont en nombre modéré : Peut-être cela va-t-il
vous donner l’idée qu’il y a longtemps que vous n’avez vu la Victoire, — aux pieds de laquelle je
vous attendrai jusqu’à trois heures ; plus tard, et
jusqu’à la fin, je me rassérénerai parmi les primitifs
italiens. Si un mauvais sort veut que vous
ayez d’autres projets, je passerai chez vous demander
un peu de musique et un peu de causerie,
vers 7 h. ; si absente, je reviendrai à 7 h. 1/2. —
Si, enfin, je ne vous rencontre pas, je serai très
malheureux.