Lettres à Sixtine/Note (De ces minutes…)
E ces minutes d’ineffable et profonde joie,
première caresse rendue, premiers abandons,
premières étreintes, doux et crucifiants
émois du désir ; de ces minutes telles que de les
avoir senties c’est avoir vécu et senti la passion ;
de ces minutes dont il est vain de vouloir
rendre le charme surhumain, la plus pénétrante,
au souvenir, c’est celle où je sentis sur mon front
pâli par le désir s’appuyer sa main tiède. . . . .
Les mots sont faibles et plient sous le poids. Rien de tel ne fut jamais exprimé par aucun poète. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Et celle qui me fit sentir cela — qui sans se donner fut à moi de désir — celle-là est l’inoubliable, celle qui à jamais sera aimée — Tout s’efface de ce qui faisait le vague intérêt de la vie — et un point reste : elle.
Il semble qu’on puisse prendre tout en patience, pourvu qu’elle vienne.
Tout peut passer, pourvu qu’elle demeure.
Banalité toute écriture — La passion s’écrit dans le sang, dans la chair — et quel dieu est en vous quand on aime ainsi !