Lettres à Sophie Volland/1

La bibliothèque libre.


Lettres à Sophie Volland
Lettres à Sophie Volland, Texte établi par J. Assézat et M. TourneuxGarnierXVIII (p. 339-352).


NOTICE PRÉLIMINAIRE




Vers 1753, Diderot était enfin célèbre. L’homme « sans qualité qui faisait le bel esprit et trophée d’impiété », dénoncé par l’abbé Pierre Hardy, curé de Saint-Médard, « le garçon plein d’esprit mais extrêmement dangereux » qu’un exempt signalait au lieutenant de police Berryer[1], tenait, sans conteste, à Paris, le premier rang dans la secte philosophique. La publication de l’Encyclopédie se poursuivait à travers mille obstacles. La famille de Diderot semblait seule lui garder rancune de l’éclat qu’il jetait sur un nom si longtemps obscur, lorsque le vieux coutelier de Langres, « dont l’âge et la faible santé ne promettaient pas une longue vie », désira tout à coup revoir sa bru et embrasser Marie-Angélique, l’unique enfant qui restait à son fils. « J’avais quatre ou cinq ans, dit Mme de Vandeul ; pendant les trois mois que nous restâmes en Champagne, mon père se lia avec Mme  Volland, veuve d’un financier ; il prit pour sa fille une passion qui a duré jusqu’à la mort de l’un et de l’autre. » Diderot avait quarante-deux ans et cette passion si profonde n’était pas la première.

Tout jeune, il avait rôdé autour du comptoir de Mlle  Babuty, cette jolie enfant qui devait faire à Greuze une si lamentable vieillesse, mais qui n’était alors pour le philosophe qu’une gentille voisine dont il se plaisait à faire rougir les joues fraîches. Regardez plutôt ce délicieux croquis dont pas un peintre ne s’est encore inspiré : « Elle occupait une petite boutique de libraire sur le quai des Augustins[2], poupine, blanche et droite comme le lis, vermeille comme la rose. J’entrais avec cet air vif, ardent et fou que j’avais, et je lui disais : « Mademoiselle, les Contes de La Fontaine, un Pétrone, s’il vous plaît. — Monsieur, les voilà ; ne vous faut-il point d’autres livres ? — Pardonnez-moi, mademoiselle, mais… — Dites toujours. — La Religieuse en chemise. — Fi donc ! monsieur, est-ce qu’on a, est-ce qu’on lit ces vilenies-là ? — Ah ! ah ! ce sont des vilenies, mademoiselle, moi, je n’en savais rien… » Et puis un autre jour, quand je repassais, elle souriait et moi aussi. « Il avait soupiré un moment pour une danseuse de l’Opéra, la Lionnais, qui le guérit à son propre insu d’un amour naissant, en effaçant avec de la craie les taches de ses bas. » Chaque tache enlevée, disait plus tard Diderot à sa fille, diminuait ma passion et à la fin de sa toilette, mon cœur fut aussi net que sa chaussure. « On connaît par Mme de Vandeul le doux et honnête roman des amours de son père et de sa mère. Cette union, si difficilement obtenue, fut troublée, au bout de dix-huit mois, par la liaison que Diderot contracta avec Mme de Puisieux, lors du premier voyage de sa femme à Langres. Mme de Puisieux lui fit vraisemblablement revoir ses livres et, pour prix de ceux qu’il écrivit afin de subvenir à ses dépenses, le trompa pendant sa captivité de Vincennes ; mais sans elle nous n’aurions peut-être pas eu les Pensées philosophiques et l’Interprétation de la nature qui font pardonner l’ennui de l’Essai sur le mérite et la vertu et la licence des Bijoux indiscrets.

Mme Diderot perdit sa mère. « L’éloignement de son mari redoubla la douleur de cette perte, son caractère devint triste, son humeur moins douce. Elle n’a point cessé de remplir ses devoirs de mère et d’épouse avec un courage et une constance dont peu de femmes eussent été capables ». C’était bien toujours la ménagère active et dévouée qui, dans les rudes années où Diderot n’était encore qu’un traducteur d’anglais, dînait d’un morceau de pain pour qu’avec les six sous qu’elle lui donnait son mari allât prendre sa tasse au café de la Régence et voir jouer aux échecs[3]. Seulement, avec la jeunesse s’envolait le charme dont elle pare même un caractère rebelle et un esprit borné. Ce qui avait séduit Diderot, malade, sans ressources, sans foyer, c’étaient les tasses de bouillon, les reprises à sa redingote de peluche grise et à ses bas de laine noire, les mille soins où une femme excelle et qu’elle pare d’un sourire ; ce qui devait faire le chagrin de sa vie, c’était l’ignorance de cette même femme, le souci de l’argent qu’elle manifestait à tout propos, les perquisitions auxquelles elle se livrait parfois dans les papiers de son mari, c’était toute une société de voisins vulgaires que le philosophe hébergeait un peu malgré lui et qui tenaient en médiocre estime cet homme toujours occupé d’une besogne fort mal vue du clergé et du parlement. Pendant la détention de Diderot, elle avait plus d’une fois retenu à dîner Rousseau, qui l’en a remerciée dans les Confessions en la traitant de « harengère » ; mais il ne semble pas que d’Alembert, d’Holbach, Grimm se soient jamais arrêtés au quatrième étage de la rue Taranne ; ils montaient tout droit à « l’atelier » du cinquième : on ne voit guère chez Mme « Diderot que l’abbé Sallier, de la Bibliothèque royale, ou Bemetzrieder, le maître de clavecin d’Angélique. Si, par grand hasard, Mme Geoffrin rend visite au ménage, c’est pour traiter Diderot « comme une bête » et conseiller à sa femme d’en faire autant. « La première fois, elle vint pour gâter ma fille  ; elle serait venue pour gâter ma femme et lui apprendre à dire des gros mots et à mépriser son mari ». (19 septembre 1767).

« Je fais bien de ne pas rendre l’accès de mon cœur facile, écrivait Diderot, en 1765, à propos de Jean-Jacques ; quand on y est une fois entré, on n’en sort pas sans le déchirer ; c’est une plaie qui ne cautérise jamais bien. » Les amants fidèles et les amis solides ont de ces méfiances toujours inutiles ; Diderot se défendait trop du besoin d’aimer pour ne pas y succomber. La rupture avec Rousseau était définitive ; d’Alembert s’était singulièrement refroidi. « Ils étaient quelquefois deux ans sans se voir », nous dit Mme de Vandeul. Il lui restait Grimm, pour qui il eut une constante et mutuelle affection, malgré des heurts inévitables entre son caractère bouillant et la raideur germanique dont Grimm ne savait pas se départir ; il lui restait d’Holbach, dont l’amitié ne se démentit jamais non plus et qu’il entretint « avec la plus grande liberté » le matin même de sa mort[4]. Il lui restait Galiani et Georges Le Roy ; il avait même Naigeon et Damilaville, ses caudataires ; mais ce qu’il devait chercher, vers l’âge de quarante ans, c’était un cœur féminin qui répondît à son besoin de tendresse, c’était un esprit ouvert et cultivé qui le dédommageât du silence que le caractère de sa femme l’obligeait à garder.

Il ne devait fréquenter Mme d’Épinay que trois ou quatre ans plus tard ; encore semble-t-il que la présence ou les instances de Grimm furent la cause déterminante de ses rapides séjours à la Chevrette et à la Briche. Les prétentions littéraires de l’hôtesse du « triste et magnifique château » devaient trop lui rappeler, d’ailleurs, celles de Mme de Puisieux.

À quelle date précise commencèrent ses relations avec la famille Volland ? De rares passages de ces lettres sont les seuls indices qui nous permettent de croire que ce fut en 1755. « Il y a quatre ans, que vous me parûtes belle, écrit-il à Sophie, le 11 octobre 1759 ; aujourd’hui, je vous trouve plus belle encore : c’est la magie de la constance, la plus difficile et la plus rare de nos vertus » ; et le 31 mai 1765 : « … J’aurai le plaisir de passer toute la journée avec celle que j’aime, ce qui n’est pas surprenant, car qui ne l’aimerait pas ? mais que j’aime, après huit ou neuf ans, avec la même passion qu’elle m’inspira le premier jour que je la vis. Nous étions seuls ce jour-là, tous deux appuyés sur la petite table verte. Je me souviens de ce que je vous disais, de ce que vous me répondîtes : oh ! l’heureux temps que celui de cette table verte !… » Deux ans après : « Je vous embrasse de toute mon âme, comme il y a douze ans. » (24 avril 1768.)

Il n’est guère plus facile de savoir exactement à quelle famille appartenait Sophie. Vers 1730, un sieur Jean-Nicolas Volland, le même sans doute que l’Almanach royal de 1726 qualifie de « préposé pour le fournissement des sels » et fait demeurer « rue de Toulouse », acheta au hameau d’Isle-sur-Marne, à trois lieues et demie de Vitry-le-François et à côté du village de Saint-Rémy-en-Bouzemont, d’immenses terrains sur lesquels il édifia un château et dessina un vaste parc. Il leva et coloria lui-même un plan général des « château, terre et seigneurie d’Isle et générallité de tous les champs labourables, prés, bois, pâquis et buissons qui en dépendent, tant ceux qui appartiennent en propre au seigneur que ceux qui relèvent seullement de luy et appartienent à ses vassaux ou censitaires » ; il achevait en 1742 cette carte encore suspendue aux parois de l’antichambre du château ; dix ans avant, lorsque la bâtisse commençait à sortir de terre, l’honneur de poser la première pierre du petit pont qui enjambe le fossé, devant la grille, revenait à « D. Marie-Jane Élisabet Voiland » et une main inhabile incisait lourdement dans le grès, à côté de la date (1732), ces noms estropiés. Plus tard, en 1745, le châtelain apposait sa grosse signature au bas de l’acte de naissance d’un enfant du village : ce plan, cette pierre, cette signature sont tout ce qui reste à Isle de la famille qui y apporta la prospérité et dont les plus vieilles gens du pays ne savent même pas le nom. Les registres de la mairie et les tombes du cimetière ne nous ont rien appris de plus. Jean-Nicolas Volland vint sans doute mourir à Paris, laissant à sa veuve quatre enfants, un fils auquel Diderot fait allusion une fois : « Supposez que ce soit seulement ce frère si chéri ! » (20 février 1766) qui, d’après cette allusion même, mourut jeune, et trois filles, Mme Le Gendre, Mme de Blacy et Mlle Sophie Volland.

Mme Le Gendre, mariée de bonne heure, avait eu une fille qui épousa en 1770 un M. Digeon, et un fils. Nommé, le 16 mars 1744, ingénieur des ponts et chaussées dans la généralité de Châlons, sous les ordres de M. de La Châtaigneraie[5], M. Le Gendre résida à Reims ; il y était encore en 1764, lors de l’inauguration de la statue de Louis XV, par Pigalle ; il est qualifié d’ingénieur dans les relations officielles et d’architecte sur la plaque commémorative ; mais cette sorte de confusion ne surprend pas quand on sait que jusqu’à la création régulière de l’École des ponts (1747) les fonctions d’ingénieur étaient exercées par des hommes ayant fait preuve de talent en architecture et, en général, dans la pratique des constructions. M. Le Gendre, sans doute en récompense des travaux exécutés à Reims, devint inspecteur général et fut envoyé à Caen. C’est là qu’il mourut en juillet 1770.

Ce mari jaloux et bourru, dont la mort fut une délivrance pour sa famille[6], était un fin amateur[7]. Il avait, en livres, toutes les bonnes éditions des classiques, les ouvrages de Buffon, de Duhamel du Monceau, l’Encyclopédie, l’Œuvre de Watteau, publié par M. de Jullienne, exemplaire « en très-grand papier », fait remarquer l’expert, et qui se vendait 280 livres ; ses tableaux étaient signés de Boucher, de Pater, de Lancret, de Paul Bril, de Vandermeulen ; ses dessins de Van Dyck, d’Albert Dürer, de Parrocel. Pigalle lui avait offert le modèle de son Louis XV à cheval, et l’Éducation de l’Amour par Mercure, « morceau presque unique, dont le moule n’existe plus », dit le catalogue et qui a échappé aux recherches de M. Tarbé ; Sigisbert Adam, la copie enterre cuite de l’Hermaphrodite, sur un piédestal de marbre blanc, Cochin un grand dessin représentant la place de Reims. Quant aux estampes encadrées, « il suffira de dire qu’elles sont toutes originales des plus grands maîtres et la plupart en anciennes épreuves ».

De Mme de Blacy, nous ne savons rien, sinon qu’elle devait être veuve alors, qu’elle avait un fils aux colonies[8] et une fille aveugle[9], et qu’elle demeurait rue Saint-Thomas-du-Louvre ; ce fut chez elle, assise à la petite table verte, que sa sœur inspira à Diderot un amour tel qu’il n’en avait jamais ressenti et qu’il avouait à Falconet dix ans plus tard avec la chaleur même du premier jour, lorsque le sculpteur le pressait de venir le rejoindre en Russie :

« Que vous dirai-je donc ? Que j’ai une amie ; que je suis lié par le sentiment le plus fort et le plus doux à une femme à qui je sacrifierais cent vies si je les avais. Tenez, Falconet, je pourrais voir ma maison tomber en cendres sans être ému, ma liberté menacée, ma vie compromise, toutes sortes de malheurs s’avancer sur moi, sans me plaindre pourvu qu’elle me restât ; si elle me disait : « Donne-moi de ton sang, j’en veux boire », je m’en épuiserais pour l’en rassasier. Entre ses bras ce n’est pas mon bonheur, c’est le sien que j’ai cherché ! Je ne lui ai jamais causé la moindre peine et j’aimerais mieux mourir, je crois, que de lui faire verser une larme. À l’âme la plus sensible elle joint la santé la plus faible et la plus délicate. J’en suis si chéri, et la chaîne qui nous enlace est si étroitement commise avec le fil délié de sa vie que je ne conçois pas qu’on puisse secouer l’une sans risquer de rompre l’autre… J’ai deux souveraines, je le sais bien, mais mon amie est la première et la plus ancienne. C’est au bout de dix ans que je te parle comme je le fais. J’atteste le ciel qu’elle m’est aussi chère que jamais. J’atteste que ni le temps, ni l’habitude, ni rien de ce qui affaiblit les passions ordinaires n’a rien pu sur la mienne ; que depuis que je l’ai connue, elle a été la seule femme qu’il y eût au monde pour moi… »

Cette femme si profondément et si longtemps aimée du philosophe le plus ardent et le plus tendre de son siècle, qui a reçu de lui les lettres que l’on sait, qui a eu la confidence de tous ses chagrins et la primeur de tous ses écrits, nous ne la connaissons que par ces lettres mêmes. Les traits de Sophie Volland ne sont pas moins ignorés que les dates de sa naissance et de sa mort. Il a existé au moins deux portraits d’elle, l’un que son amant ne se lassait pas de contempler (Lettres du 14 août et du 6 octobre 1759), l’autre qui fut peint en 1762 sur la garde ou sur le plat d’un exemplaire d’Horace, peut-être par Mme Vallayer-Coster, le gracieux peintre de fleurs : « Cet Horace en question, dont la couverture me sera si précieuse et que je regarderai plus souvent et avec plus de plaisir que le livre, je ne l’ai pas encore, écrit Diderot, le 31 juillet 1762 ; ce sera pour le courant de la semaine prochaine, à ce que dit Mme Vallayer en me regardant d’un œil tendre qui ne ment pas ». Et le 22 août : « Je l’ai enfin, ce portrait enfermé dans l’auteur de l’antiquité le plus sensé et le plus délicat ; mercredi, je le baiserai le matin en me levant, et, le soir, en me couchant, je le baiserai encore. » Où est cet exemplaire d’Horace ? En Russie peut-être. Toutes les recherches que les conservateurs de la Bibliothèque impériale (dans laquelle a été fondue celle de l’Ermitage) et M. Howyn de Tranchère ont bien voulu faire sont néanmoins restées infructueuses jusqu’à ce jour.

Dans son consciencieux travail sur Diderot et la société du baron d’Holbach[10], M. C. Avezac-Lavigne, suppose que Mlle Volland est née en 1726 ; son père, il est vrai, figure à cette date sur l’Almanach royal, mais cela n’est point un argument décisif en faveur du calcul de M. Avezac-Lavigne, qui ne doit pas, d’ailleurs, se tromper de beaucoup. Mlle Volland n’était certainement plus une jeune fille ; elle avait la « menotte sèche » et portait lunettes. Mais, comme le dit le philosophe lui-même : « C’est bien de cela qu’il s’agit à quarante-cinq ans ! » Elle était spirituelle, instruite ; et Diderot, au besoin, ne négligeait pas ses remarques, dont il faisait part aux illustres correspondants de Grimm : il s’agit du tableau de Vien, la Piscine miraculeuse, exposé au Salon de 1759 : « Sur le milieu un malade assis par terre qui fait de l’effet. Il est vrai qu’il est vigoureux et gros et que Sophie a raison quand elle dit que s’il est malade, il faut que ce soit d’un cor au pied. » — Elle lisait avec intérêt l’Esprit d’Helvétius ; il lui fallait les brochures de Voltaire, l’Émile de Rousseau et les Recherches sur le despotisme oriental de Boulanger. En lui envoyant ce dernier ouvrage, le 15 août 1763, Grimm y joignait une épître de ce style travaillé, solennel et railleur qui lui est propre, intitulée Lettre à Sophie ou Reproches adressés à une jeune philosophe. Retranchée par la censure impériale ou omise involontairement, cette lettre se trouve au tome XVI de l’édition Furne.

« D’où vous vient, Sophie, cette passion de la philosophie, inconnue aux personnes de votre sexe et de votre âge ? Comment au milieu d’une jeunesse avide de plaisir, lorsque vos compagnes ne s’occupent que du soin de plaire, pouvez-vous ignorer ou négliger vos avantages pour vous livrer à la méditation et à l’étude ? S’il est vrai, comme Tronchin le dit, que la nature, en vous formant, s’est plu de loger l’âme de l’aigle dans une maison de gaze, songez du moins que le premier de vos devoirs est de conserver ce singulier ouvrage. »

Il entre, au sujet du livre de Boulanger et de sa méthode d’induction, dans des développements auxquels nous sommes forcé de renvoyer le lecteur, mais qui prouvent à quel ferme esprit il s’adressait ; selon lui, « l’homme, en proie à de grandes calamités physiques, en a dû chercher la cause dans quelque puissance inconnue ; il a dû se créer des dieux et se faire l’objet de leur amour ou de leur haine. Les animaux échappés au danger en perdent bientôt le souvenir, qui ne se retrace dans leur mémoire que lorsqu’un nouveau danger les environne et les presse ; mais l’imagination de l’homme, frappée par les périls qui menacent son existence, effrayée par les grands phénomènes de la nature, a dû créer bientôt le système des châtiments et des récompenses, et la fable d’un Dieu vengeur qui s’irrite des fautes de la faiblesse humaine. »

Il complète sa pensée par une sorte d’apologue où il parle d’un livre que nous n’avons pu reconnaître et qu’il a peut-être inventé pour les besoins de sa cause :

« Je trouvai l’autre jour par hasard les Épîtres morales et philosophiques d’un poëte anglais dont j’ignore le nom. J’ouvris sans dessein ce recueil qui ne fait que de paraître ; j’y trouvai une vignette qui me parut sublime. On voit un sculpteur en bois occupé à achever la figure d’une grue placée sur son établi. Pendant qu’il s’applique à lui dégager les pieds qui n’ont pas tout à fait pris leur forme, sa femme est déjà prosternée devant la grue et apprend à son enfant à l’adorer. C’est le mot de Lucrèce mis en tableau :


Quod finxêre timent.


« Sophie, tel est le génie de l’homme : il n’a pas sitôt inventé des fantômes qu’il s’en fait peur à lui-même. »

La fin de cette lettre en est la partie la plus curieuse, parce qu’après avoir plaisanté Diderot sur ses distractions, Grimm résume un débat qui devait s’élever souvent entre eux et où l’on sent percer la philosophie amère, aride, et volontiers négative de sa critique que Sainte-Beuve a rapprochée de ses principes politiques :

« Le philosophe vous salue et vous regrette. Il m’a affligé ces jours passés, car il savait le jour du mois et de la semaine ; mais il prétend que c’est votre absence qui en est cause. Sophie, s’il apprend jamais à dater ses lettres, c’en est fait de son bonheur et de son génie. Revenez et qu’il ne vous doive point cette funeste science. Nous comptons les moments en attendant celui qui doit vous ramener dans le sein de l’amitié et de la philosophie. Nous marchons tous les soirs sur cette terrasse près des rives tranquilles de la Seine, mais nos entretiens sont moins animés et les cris d’une joie indiscrète ne troublent plus le silence de la nuit. Au reste, nous disputons toujours sur le pouvoir de la vérité. Il voit toujours la vérité et la vertu comme deux grandes statues élevées sur la surface de la terre et immobiles au milieu des ravages et des ruines de tout ce qui les environne. Moi, je les vois aussi, ces grandes statues, mais leur piédestal me paraît semé d’erreurs et de préjugés et je vois se mouvoir autour une troupe de niais dont les yeux ne peuvent s’élever au-dessus du piédestal ; ou, s’il se trouve parmi eux quelques êtres privilégiés qui, avec les yeux pénétrants de l’aigle, percent les nuages dont ces grandes figures sont couvertes, ils sont bientôt l’objet de la haine et de la persécution de cette petite populace hargneuse, remplie de présomption et de sottise. Qu’importe que ces deux statues soient éternelles et immobiles, s’il n’existe personne pour les contempler ou si le sort de celui qui les aperçoit ne diffère point du sort de l’aveugle qui marche dans les ténèbres ? Le philosophe m’assure qu’il vient un moment où le nuage s’entr’ouvre et qu’alors les hommes prosternés reconnaissent la vérité et rendent hommage à la vertu. Ce moment, Sophie, ressemblera au moment où le fils de Dieu descendra dans la nuée. Nous vous supplions que celui de votre retour soit moins éloigné. »

Sans cet unique témoignage contemporain, nous ne pourrions entrevoir Sophie que par les lettres même de son amant. La vie bourgeoise qu’elle menait à Paris, ses séjours de près de six mois chaque année à Isle, l’ont tenue à l’écart du monde encyclopédique ; elle n’alla certainement jamais au Grandval, ni à la Chevrette ; si elle entrevit les dames d’Holbach ou Mme d’Épinay, ce fut au jardin de l’Infante. Sauf l’abbé Le Monnier et quelques-uns des confrères de M. Le Gendre, tels que Perronet, Soufflot et Trouard, c’est tout un monde d’aimables inconnus (M. de Prisye, M. Gaschon, Mme Bouchard, Mlle Boileau, Mlles Artault), qui entoure la mère et les trois sœurs.

N’étaient-ce bien là, après tout, les amours qui convenaient à un homme dont la vieillesse était proche et qui ne pouvait souffrir qu’on réduisît « à quelques gouttes d’un fluide versées voluptueusement la passion la plus féconde en actions criminelles ou vertueuses » ? Mais Diderot fut-il toujours aussi platonique ? Mlle Volland eut-elle l’art de se faire désirer toujours sans se livrer jamais ? La correspondance, dans l’état où elle nous est parvenue, est notablement incomplète, ne l’oublions pas. Toutefois, les années venant, Diderot, qui se plaint des obstacles que rencontre cette liaison à son début, prie peu après Sophie de lire ses lettres à Morphyse (Mme Volland) et à Uranie (Mme Le Gendre) ; sur la fin, il les adresse tout uniment à Mesdames et bonnes amies. « Tout son temps, dit Mme de Vandeul, était partagé entre son cabinet et cette société. » Sainte-Beuve voulait écrire une nouvelle dont le titre subsiste seul (Le Clou d’or) et où il devait développer une théorie qu’il soutenait quelquefois : selon lui, une heure de félicité, une heure seulement, suffisait à deux amants pour se connaître à jamais ; l’amitié solide et durable « au-dessus de la rechute comme sans crainte de rupture » ne pouvait exister qu’à ce prix. Diderot n’a même point laissé pressentir s’il goûta ce bonheur rapide.

Au reste, chaste ou sensuel, cet amour de plus de vingt années a provoqué une critique assez singulière : c’est que sa durée même lui enlevait un peu de son charme. Le maître dont le nom vient d’être cité et qui a pourtant témoigné en toute occasion combien ces lettres lui plaisaient, a fait remarquer[11] qu’on souffrait de savoir Mlle Volland malade pendant quinze jours « d’une aile de perdreau et d’un verre de vin de trop » ou d’entendre Diderot lui conter ses maux d’estomac, voire même ses indigestions. Aux premières pages de la Fin d’un monde, Jules Janin nous le montre heureux de « planter là ces grands paniers, ces grands yeux de faïence, cette machine osseuse et dégingandée et qui se dandine, accrochée à son bras ». Pure fantaisie de l’écrivain qui a le plus contribué peut-être à égarer l’opinion commune sur le philosophe ! Diderot resta fidèle à son amie jusque dans la vieillesse et s’il n’exprima plus sa passion en termes aussi vifs, il n’y eut rien là que de décent. Quant au reproche de Sainte-Beuve, j’imagine que s’il avait eu plus tard l’occasion de reparler des Lettres, il se fût gardé d’insister sur le manque de goût qui le choquait en 1831. Les phases de la santé d’un grand artiste ne sont pas indifférentes à la critique moderne, telle qu’elle est sortie des Causeries du lundi ; elles expliquent tant de défaillances et de luttes cruelles !

Au cas particulier, n’est-il pas curieux de voir Diderot supporter vaillamment la dyspepsie — ce mal professionnel des gens de lettres — et ne pouvoir s’expliquer les accès de spleen du « père » Hoop ? Ce n’est pas que l’idée de la mort répugnât à ce grand travailleur ; dépouillée des horreurs dont les religions modernes l’entourent, elle lui apparaissait comme l’espoir d’un repos bien gagné et cette mélancolie sereine lui inspirait un jour[12] une page d’une incomparable éloquence :

« Pourquoi, plus la vie est remplie, moins on y est attaché ? Si cela est vrai, c’est qu’une vie occupée est communément une vie innocente ; c’est qu’on pense moins à la mort et qu’on la craint moins ; c’est que, sans s’en apercevoir, on se résigne au sort commun des êtres qu’on voit sans cesse mourir et renaître autour de soi ; c’est qu’après avoir satisfait pendant un certain nombre d’années à des ouvrages que la nature ramène tous les ans, on s’en détache, on s’en lasse, les forces se perdent, on s’affaiblit, on désire la fin de la vie, comme après avoir bien travaillé, on désire la fin de la journée ; c’est qu’en vivant dans l’état de nature, on ne se révolte pas contre les ordres que l’on voit s’exécuter si nécessairement et si universellement ; c’est qu’après avoir fouillé la terre tant de fois, on a moins de répugnance à y descendre ; c’est qu’après avoir sommeillé tant de fois sur la surface de la terre, on est plus disposé à sommeiller un peu au-dessous ; c’est, pour revenir à une des idées précédentes, qu’il n’y a personne parmi nous qui, après avoir beaucoup fatigué, n’ait désiré son lit, n’ait vu approcher le moment de se coucher avec un plaisir extrême ; c’est que la vie n’est, pour certaines personnes, qu’un long jour de fatigue et la mort qu’un long sommeil, et le cercueil qu’un lit de repos et la terre qu’un oreiller où il est doux à la fin d’aller mettre la tête pour ne plus la relever. Je vous avoue que la mort considérée sous ce point de vue, et après les longues traverses que j’ai essuyées, m’est on ne peut plus agréable. Je veux m’accoutumer de plus en plus à la voir ainsi. »

Il se souvint sans doute de cette résolution, lorsque la mort de Mlle Volland vint troubler la quiétude dont il jouissait depuis son retour de Russie et qu’il dépeint dans la dédicace de l’Essai sur les règnes de Claude et de Néron ; car, s’il lui donna des larmes, « il se consola, dit sa fille, par la pensée qu’il ne lui survivrait pas longtemps. »

Au lendemain d’un triomphe sans exemple, Voltaire succombait dans la lutte que la nature livrait depuis quatre-vingts ans à son faible organisme ; un suicide est peut-être la cause de la mystérieuse disparition de Rousseau ; Diderot, qui devait leur survivre six ans, s’éteignit après avoir goûté la paix qu’il avait tant de fois souhaitée, mais que son amie n’était plus là pour partager.

Une promenade dans les bois de Meudon ou de Bellevue, au bras de M. Belle, le joaillier, « son ami depuis quarante ans » ; des visites à sa fille pendant lesquelles ses petits-enfants s’endormaient sur ses genoux sans qu’il remuât de crainte de les éveiller[13] ; de rares lettres aux solliciteurs qui venaient frapper encore à une porte si longtemps ouverte ; puis une lente décadence dont nul ne s’apercevait, car il avait toujours « le même feu dans la conversation et la même douceur » ; enfin, la mort telle qu’il l’avait espérée, non pas à la façon de César, mais au milieu des siens, voilà sa vieillesse et sa fin, digne couronnement d’une vie de travail, de dévouement et de bonté.

Diderot mort, sa bibliothèque et trente-deux volumes de manuscrits autographes ou recopiés partaient pour la Russie ; mais Grimm, en donnant quelques détails sur ses derniers moments, ajoutait qu’il y avait plusieurs de ses ouvrages dont l’amitié de Diderot avait bien voulu lui confier la première minute : « Ce dépôt nous est d’autant plus précieux que nous ne nous permettrons jamais d’en faire un autre usage que celui que nous en avons fait jusqu’ici de son aveu, dans ces feuilles auxquelles il n’avait cessé de prendre un intérêt que nos efforts ne sauraient suppléer et qui suffirait seul pour nous laisser d’éternels regrets, quand nous partagerions moins vivement tous ceux dont la perte de cet homme célèbre afflige les lettres, la philosophie et l’amitié. »

Ce legs précieux, qui fut certainement un des motifs de l’animadversion de Naigeon contre Grimm, permit à celui-ci d’insérer successivement dans sa Correspondance la Réfutation de l’Homme, la Religieuse, Jacques le fataliste, une partie des lettres à Falconet sur la postérité. Quand Mlle Volland était morte, ses héritiers avaient remis à Diderot les lettres qu’elle avait reçues de lui[14] ; il en retrancha ce qu’il voulut et conserva peut-être les originaux. Grimm eut certainement à sa disposition les copies faites sous les yeux du philosophe ; avec sa discrétion habituelle, il n’en prit, plus tard, pour alimenter ses feuilles, que les pages dont aucun contemporain ne pouvait se plaindre : c’est ainsi qu’à des dates très-rapprochées (février, mars et avril 1787) il fit connaître à sa royale clientèle l’apologue du rossignol, du coucou et de l’âne imaginé par Galiani, le fragment où Diderot résume les impressions de d’Holbach sur l’Angleterre et l’anecdote du sénateur vénitien amoureux contée par Gatti.

Trois ans après, Grimm, dénoncé comme un agent de l’étranger, quittait brusquement Paris, n’emportant, selon Meister, que les lettres intimes de Catherine II auxquelles il attachait un prix inestimable. Il y joignit sans doute celles de Diderot à Mlle Volland, car le libraire Buisson, qui publia en 1796 la Religieuse et Jacques le fataliste (sur les copies provenant du cabinet de Grimm et non sur celles dont Naigeon fit usage) n’aurait pas laissé inédit un recueil aussi précieux. Naigeon, dans son édition et dans ses Mémoires, est muet sur cette liaison de son maître ; il dut pourtant connaître celle qui la provoqua et peut-être transcrire plus d’une des lettres qu’elle avait reçues. Dans les éditions Belin et Brière, un seul morceau (l’importante dissertation sur le sens du mot instruit) complète les trois passages révélés en 1813, lors de la publication de la Correspondance de Grimm.

Par quelle suite de hasards un homme de lettres français naturalisé russe, Jeudy-Dugour[15], eut-il entre les mains un ensemble d’œuvres qui semblaient à jamais perdues ? Comment fut-il à même de vendre à Paulin les matériaux des quatre volumes imprimés sous le titre de Mémoires, correspondance et ouvrages inédits de Diderot ? Pourquoi ajouta-t-on : Publiés d’après les manuscrits confiés en mourant par l’auteur à Grimm ? Jeudy-Dugour eut-il le crédit de pénétrer dans la bibliothèque de l’Ermitage, sévèrement fermée pendant tout le règne de Nicolas Ier ? Ou plutôt sont-ce les originaux mêmes possédés par Grimm qu’il céda à Paulin ? Il ne peut être question de copies pour un prix aussi élevé que celui dont il fait mention dans une lettre d’affaires, adressée à Beuchot et communiquée par M. Olivier Barbier :


Odessa, 21 octobre 1839.

« …Votre obligeance, qui ne calcule point la peine et les embarras, me porte à vous demander encore un second service qui est la suite de celui que vous me rendîtes en 1829 au sujet des manuscrits de Diderot. Paulin, associé de Sautelet, qui se brûla bientôt après la cervelle, en fit l’acquisition. Je joins ici le traité que je fis avec le premier et quelques lettres, soit de lui, soit de Didot, qui ont rapport à cette affaire[16]. Vous verrez que je n’ai fait aucune poursuite lorsque M. Paulin m’a annoncé la catastrophe de son associé et que j’avais écrit à M. Didot de s’en abstenir.

« Veuillez aussi remarquer que, cédant aux larmes et aux prières de M. Paulin, je consentis le 10 de septembre à lui rendre un billet de 3,000 francs en diminution du prix dont nous étions convenus[17], suivant l’acte du 31 août que je joins ici. A-t-on jamais vu un négociant revenir sur une convention faite et signée en toute connaissance de cause ? Je cédai et j’en fus blâmé par le C. Lasteyrie et mes autres amis....... »

Outre les lettres à Mlle Volland, le Paradoxe sur le comédien, les Voyages à Bourbonne et Langres, une partie des lettres à Falconet, la Promenade du Sceptique, l’Entretien avec d’Alembert et le Rêve de d’Alembert étaient offerts pour la première fois au public. M. Jules Taschereau s’était chargé de surveiller l’impression[18] ; mais il fut interrompu dans cette publication, comme dans celle de Grimm, par la révolution de 1830 et pria M. A. Chaudé, son ami, de les terminer toutes deux. Nous avons vu que M. Walferdin avait prêté son concours à celui-ci pour l’annotation des lettres à Falconet et des deux Voyages.

Le trésor découvert et vendu par Jeudy-Dugour n’était pas épuisé, puisqu’en 1834 la Revue rétrospective put encore faire connaître comme inédits : Est-il bon Est-il méchant ? les notices sur Michel Van Loo et sur Rouelle, les Trois Chapitres. Un tirage à part de la célèbre comédie présentée dès cette époque par M. Paulin au Théâtre-Français, qui ne prit même pas la peine de la lire, fut joint alors au tome IV des Mémoires, après la table analytique, et les titres renouvelés des quatre volumes portèrent : Deuxième édition, augmentée.

Celle que MM. Garnier et Delloye publièrent en 2 vol. in-18 (1841) contient les lettres à Mlle Volland, le Neveu de Rameau, le Paradoxe sur le comédien et les Mémoires (tronqués) de Mme de Vandeul. Elle est presque aussi rare que la première.

Nous réimprimons sur le texte de 1830, sans pouvoir le contrôler sur aucune copie ancienne ou récente. Il en existe bien une à Saint-Pétersbourg en deux volumes in-4 ; mais M. Léon Godard ne l’a point collationnée, pensant qu’il n’aurait aucune variante à y relever. Si cet examen avait lieu, il démontrerait, par cela même qu’il n’offrirait rien de nouveau, quelles lacunes nous privent d’une partie de ces admirables lettres. Elles embrassent une période de quinze ans ; mais nous n’avons en réalité que huit mois de 1759 (et la lettre du 15 mai n’est visiblement pas la première), six mois de 1760, deux mois de 1761 et quatre mois de 1762. Après une interruption de près de deux ans, les lettres se multiplient en 1765 ; 1766 nous en fournit trois, 1767 huit, 1768 une dizaine, 1769 neuf et 1770 quatre. Nouvelle interruption de plus de deux ans et demi ; le voyage en Russie et les deux séjours en Hollande donnent six lettres, la plupart fort courtes. Et c’est tout ; ce long roman n’a pas d’épilogue.



  1. J. Delort. Histoire de la détention des philosophes et des gens de lettres à la Bastille et à Vincennes, tome II, p. 211 et 213.
  2. Salon de 1765. Voir t. X, p. 349.
  3. Ce détail si touchant a fourni à M. Jules Levallois un rapprochement injurieux entre le philosophe et un personnage d’un roman célèbre de M. Alph. Daudet, le comédien Delobel, qui vit aux dépens de sa femme et de sa fille. M. Levallois n’a pas voulu voir que ces six sous, c’est Diderot qui les gagnait.
  4. Grimm. Correspondance littéraire, août 1784.
  5. Renseignement communiqué par M. L. Emmery, inspecteur de l’École des ponts et chaussées.
  6. « M. Le Gendre n’est donc plus ! S’il avait voulu finir un an ou deux plus tôt, il aurait été plus regretté. » (15 juillet 1770.)
  7. Notice des livres, tableaux sculptures, dessins et estampes après le décès de M. Le Gendre, inspecteur général des ponts et chaussées, dont la vente se fera le lundi 5 décembre 1770 et jours suivants, en sa maison rue Sainte-Anne, proche la rue du Clos-Georgeot. Paris, Mérigot l’aîné, 1770, in-8, 20 p.
  8. Vallet de Fayolle, que Diderot appelle « son petit cousin » et dont il est question dans une lettre à l’abbé Le Monnier.
  9. Mlle Mélanie de Solignac, sur laquelle Diderot a recueilli de si curieux détails. Voir t. I, p. 334 et suiv.
  10. Paris, E. Leroux, 1875, in-8.
  11. Premiers Lundis, t. I, p. 385.
  12. 23 septembre 1762.
  13. E. Salverte, Éloge philosophique de D. Diderot, an VIII, in-8.
  14. C’est du moins la tradition courante, mais aucun contemporain ne peut être cité en témoignage.
  15. Né à Clermont-Ferrand en 1766, et professeur dans les écoles religieuses de la Flèche et de Paris, Jeudy-Dugour est mort en Russie conseiller d’État et directeur de l’Université de Saint-Pétersbourg. Un ukase de 1812, en le forçant à opter pour une des deux nationalités, lui fit prendre le nom et la particule de de Gouroff dont il a depuis signé ses lettres et ses ouvrages.
  16. Nous ne les avons pas.
  17. C’est nous qui soulignons.
  18. Les notes de la première édition que nous avons conservées sont signées d’un (T.).