Lettres à Sophie Volland/97

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Lettres à Sophie Volland
Lettres à Sophie Volland, Texte établi par J. Assézat et M. TourneuxGarnierXIX (p. 192-200).


XCVI


Paris, le 17 novembre 1765.


Je n’entends rien à vos reproches ; je vous proteste, mon amie, que, malgré l’agréable mais énorme besogne que je m’étais engagé à finir en quinze jours, je ne me suis jamais refusé le plaisir de vous écrire un petit mot aux jours accoutumés. Comptez mes feuilletons, et vous en trouverez quatre ; et puis une longue et volumineuse lettre à l’ordinaire, toute pleine de mes radoteries et de celles de mes amis. Après mon examen de conscience fait, et m’être bien dit à moi-même que vous m’êtes aussi chère que le premier jour, je vais continuer.

Je vous ai raconté, je crois, comme quoi M. Le Gendre et M. Gaschon s’étaient trouvés chez moi dans la même matinée. M. Gaschon ne s’assit point ; le froid de mon âtre le fit sauver. M. Le Gendre ayant beaucoup d’affaires, et peu de temps à rester à Paris, nous sortîmes ensemble ; il me conduisit à la porte des Tuileries ; chemin faisant, il me dit qu’il était très-occupé à chercher un reste de bail. Le lendemain il m’apprit, par un petit billet, qu’il en avait trouvé un sur le Palais-Royal, où il comptait vous rassembler toutes, en attendant que la rue Sainte-Anne devînt habitable. IL ajoutait que M. Duval avait sa procuration à cet effet. Avec tout cela, je gagerais presque que cet arrangement n’aura pas lieu, soit par des difficultés imprévues qui surviendront, soit par une bonne et ferme résolution de madame votre mère à ne pas faire trois déménagements. Son projet était de me mener dîner chez M. Duval, mais c’était jour de synagogue ; Grimm était venu de la Briche pour conférer avec moi sur la manière dont il userait de mes papiers ; d’ailleurs il n’était guère possible de faire durer plus longtemps une éclipse qu’on ne cessait de lui reprocher. Ce fut ce jour-là que nous allâmes en corps entendre le Pantalone[1] La Baronne nous prit, Grimm, M. de Sevelinges et moi, dans son carrosse ; les autres suivirent en fiacre. Grimm lui fit quelques compliments sur la conquête de l’abbé Coyer. Il est vrai qu’elle avait été exposée pendant toute la soirée à sa galanterie, qu’elle appelait du miel de Narbonne gâté.

Dussé-je causer à Mlle Mélanie les regrets les plus offensants pour vous toutes, je ne puis m’empêcher de vous dire que je ne crois pas que la musique m’ait jamais procuré une pareille ivresse. Imaginez un instrument immense pour la variété des tons, qui a toutes sortes de caractères, des petits sons faibles et fugitifs comme le luth lorsqu’il est pincé avec la dernière délicatesse ; des basses les plus fortes et les plus harmonieuses, et une tête de musicien meublée de chants propres à toutes sortes d’affections d’âme, tantôt grands, nobles et majestueux, un moment après doux, pathétiques et tendres, faisant succéder avec un art incompréhensible la délicatesse à la force, la gaieté à la mélancolie, le sauvage, l’extraordinaire à la simplicité, à la finesse, à la grâce, à tous les caractères rendus aussi piquants qu’ils peuvent l’être par leur contraste subit. Je ne sais comment cet homme réussissait à lier tant d’idées disparates ; mais il est certain qu’elles étaient liées, et que vingt fois, en l’écoutant, cette histoire ou ce conte du musicien de l’antiquité qui faisait passer à discrétion ses auditeurs de la fureur à la joie, et de la joie à la fureur, me revint à l’esprit et me parut croyable. Je vous jure, mon amie, que je n’exagère point quand je vous dis que je me suis senti frémir et changer de visage ; que j’ai vu les visages des autres changer comme le mien, et que je n’aurais pas douté qu’ils n’eussent éprouvé le même frémissement quand ils ne l’auraient pas avoué. Ajoutez à cela la main la plus légère, l’exécution la plus brillante et la plus précieuse, l’harmonie la plus pure et la plus sévère, et de la part de cet Osbruck une âme douce et sensible, une tête chaude, enthousiaste, qui s’allume, qui se perd, qui s’oublie si parfaitement qu’à la fin d’un morceau il a l’air effaré d’un homme qui revient d’un rêve. Si cet homme n’était pas né robuste, son instrument et son talent le tueraient. Oh ! pour le coup je suis sûr qu’avec des cordes de boyau et de soie, des sons, et deux petits bâtons, on peut faire de nous tout ce qu’on veut.

À notre retour nous trouvâmes Suard tout seul devant le feu, enfoncé dans la plus profonde mélancolie. Il était resté, et vous en devinez la raison de reste. Vingt fois le petit salon où nous étions retentit d’exclamations ; nous n’avions pas la force de causer en revenant ; seulement de temps en temps, nous nous écriions encore : « Ma foi, cela était beau ! Quel instrument ! quelle musique ! quel homme ! » comme au retour d’une tragédie où l’âme violemment agitée conserve encore l’impression qu’elle a reçue ; revenus chez le Baron, nous restâmes tous assis sans mot dire ; nos âmes n’étaient pas remises des secousses qu’elles avaient éprouvées, et nous ne pouvions ni penser ni parler. Voilà l’effet, selon Grimm, que les arts doivent produire, ou ne pas s’en mêler.

Je crains bien que le goût que j’ai pris pour la solitude ne soit plus durable que je ne croyais. J’ai passé le vendredi, le samedi, les deux fêtes et le mardi sans sortir de la robe de chambre. J’ai lu, j’ai rêvé, j’ai écrit, j’ai nigaudé en famille ; c’est un plaisir que j’ai trouvé fort doux. Aujourd’hui mercredi, je suis sorti pour aller chez M. Dumont chercher l’ouvrage dont il s’était chargé pour moi. J’en suis satisfait. Au sortir de là, ne sachant que devenir, je me suis fait conduire chez un galant homme que je ne vous nommerai pas, parce que je vais vous conter son histoire. Belle matière à causerie pour les vordes.

Une femme de votre connaissance, jeune tout à fait, mais tout à fait douce, honnête, aimable, c’est du moins ainsi que vous m’en avez parlé toutes, car pour moi je ne la connais presque point, est exposée par son état à se trouver sans cesse à côté d’un homme à peu près de son âge, froid de caractère, mais rempli de qualités très-estimables ; de la sagesse, du jugement, de l’esprit, des connaissances, de l’équité, de la sensibilité même ; c’était son ami, son confident, son conseil et son consolateur ; car cette femme avait des peines domestiques. Il est arrivé à cet homme ce qui arrivera infailliblement à tout homme qui se chargera du soin indiscret et périlleux d’écouter la peine d’une femme jeune, aimable, et d’essuyer ses larmes ; il en versera d’abord de commisération ; puis il en versera d’autres qu’on laissera couler sans les essuyer, et qu’on essuiera. On essuya les siennes. Cette passion a duré pendant deux ans. Après ce court intervalle, sans infidélité, sans mécontentement, sans aucune de ces raisons qui amènent communément la tiédeur et le dégoût, le sentiment tendre et passionné a dégénéré, de la part de l’homme seulement, en une amitié très-vraie et un attachement solide dont on a reçu et dont on reçoit en toutes circonstances les témoignages les moins équivoques. Mais il n’y a plus, plus d’amour. On se voit toujours, mais c’est comme un frère qui vient voir une sœur qui lui est chère. La femme n’a pas vu ce changement sans en éprouver la douleur la plus profonde. L’ami, le confident, le conseil, le consolateur qui lui restait, la soulageait de la perte de l’amour. Elle en était là lorsqu’un autre homme, qui était à mille lieues de soupçonner qu’elle eût jamais eu aucun engagement, simplement attiré par la jeunesse, l’esprit, la douceur, les charmes, les talents de la personne, et peut-être un peu encouragé par son indifférence pour son époux, qui certainement ne mérite pas mieux, s’est mis sur les rangs ; c’est l’homme avec lequel j’ai dîné aujourd’hui. Il a de l’esprit, des connaissances, de la jeunesse, de la figure ; c’est, sans aucune exception, l’enfant le plus sage que je connaisse. Il a trente ans ; il n’a point encore eu de passion, et je ne crois pas qu’il ait connu de femmes, quoiqu’il ait le cœur très-sensible et la tête très-chaude. C’est une affaire de timidité, d’éducation et de circonstances. Il rend des assiduités ; il fait tout ce qu’un honnête homme peut se permettre pour plaire ; il se tait, mais toute sa personne et toute sa conduite parlaient si clairement que deux personnes l’entendirent à la fois ; et voici ce qui lui arrive dans un même jour. Il va le matin faire sa cour à celle qu’il aime. D’abord la conversation est vague ; puis elle l’est moins, puis elle devient plus intéressante ; et l’intérêt allant toujours croissant il vint un moment où, sans être ni fou, ni un étourdi, ni un impertinent, mon jeune homme se crut autorisé à se jeter à genoux, à prendre une main, à la baiser, à avouer qu’il ressentait la première passion qu’il eût ressentie de sa vie, et la plus violente qu’aucun homme eût peut-être connue. Cette femme, loin de retirer sa main, que mon jeune homme dévorait, le relève doucement, le fait asseoir devant elle, et lui montre un visage tout baigné de pleurs. Jugez quelle impression fit ce visage, où l’on voyait la douleur dans toute sa violence, sans le moindre vestige ni de colère, ni de surprise, ni de mépris, ni d’indifférence ! « Madame, lui dit mon jeune homme, vous pleurez ? — Oui, je pleure. — Qu’avez-vous ? Aurais-je eu le malheur de vous déplaire, de vous affliger ? — De me déplaire ! non ; de m’affliger ! oui. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour éloigner ce moment ; croyez qu’il y a longtemps que je vois que vous m’aimez, et que je vois arriver votre peine à la mienne. Vous m’aimez ? — Si je vous aime ! — Eh bien ! je crois que je vous aime aussi : mais de quoi peut vous servir cet aveu, après celui qui me reste à vous faire ! Vous allez connaître du moins jusqu’à quel point je vous estime ; une femme fait rarement une confidence telle que celle que je vais vous faire ; il est plus rare encore que ce soit à un homme de votre âge. Mais je vous connais, et je vous connais bien. » Ensuite elle lui raconte toute son histoire ; et tandis que mon jeune homme, plus surpris, plus affligé que je ne saurais vous dire, cherchait ce qu’il avait à lui répondre, elle ajouta : « Ce qui me désespère, c’est l’incertitude de ce cœur ; vous y êtes, j’en suis sûre ; mais je ne suis pas sûre que l’autre en soit exclu. C’est un embarras ; une obscurité, une nuit, un labyrinthe où je me perds. Ce cœur est depuis un temps une énigme que je ne saurais expliquer. Il y a des moments où je voudrais être morte. » Et puis voilà des larmes qui se mettent à couler en abondance, une femme que ses sanglots étouffent et qui dit : « Que deviendrais-je, que deviendriez-vous, si je vous écoutais, et qu’après vous avoir écouté, cet homme allât reprendre ses premiers sentiments et les faire renaître en moi ? Je suis enchantée de vous connaître ; je voudrais ne vous avoir jamais connu ; vous ne pouvez ni vous approcher d’une autre, ni vous approcher de moi, sans me causer une peine mortelle. J’ai souhaité cent fois que vous vous attachiez ailleurs ; mais c’était le souhait de ma raison, et le serrement subit de mon cœur ne m’apprenait que trop qu’il désavouait ce souhait. Je suis folle ; je ne me conçois pas ; ce que je sais, c’est que je mourrais plutôt mille fois que de rien faire, tant que ce cruel état durera, qui puisse compromettre le bonheur d’un homme. » Je suivrai cette conversation beaucoup plus loin si je voulais, mais vous y suppléerez dans les vordes. Nos deux amants se séparèrent. Vous remarquerez que la femme n’avait point nommé l’objet de sa première passion, et que mon jeune homme aurait été indiscret à le demander.

Il s’en va, se trouvant très à plaindre, mais trouvant celle qu’il laissait peut-être plus à plaindre que lui ; abîmé dans ses pensées, ne sachant où porter ses pas. Il était à peu près l’heure du dîner ; il entre chez un ami ; cet ami l’embrasse, l’accueille et lui dit : « Vous arrivez on ne saurait plus à propos. Tenez, voilà le billet que je vous écrivais, pour que vous vinssiez passer le reste de la journée avec moi. J’ai l’âme pleine d’un souci qui me tourmente depuis longtemps, et que je me reproche de vous avoir celé. Dînons d’abord. J’ai fait fermer ma porte ; après dîner, nous causerons tout à notre aise. » En dînant, l’ami s’aperçoit du trouble, de la tristesse, de la profonde mélancolie de mon jeune homme, son ami. Il lui en fait des plaisanteries, « Si je ne connaissais, lui dit-il, votre éloignement pour les femmes, je croirais que vous êtes amant et amant malheureux. » Le jeune homme lui répond : « Laissons là ma peine ; ce n’est rien ; cela se passera peut-être. Sachons votre souci. — Mon souci ? en deux mots : je crois m’être aperçu que vous rendiez des assiduités à madame une telle. Eh bien ! mon ami, c’est une femme que j’ai aimée de la passion la plus forte et la plus tendre, et pour laquelle je conserve et je conserverai jusqu’au tombeau l’amitié la plus sincère, l’estime, la vénération, le dévouement le plus complet. Je n’ai plus d’amour, elle ne l’ignore pas ; malgré cela je suis resté libre : je n’ai point pris de nouvel engagement. C’est la seule femme que je voie, et les soins que vous lui avez rendus, la manière dont elle les a reçus, m’ont causé du chagrin. Je me suis demandé cent fois la raison de ce chagrin sans pouvoir me répondre. Cela n’a pas le sens commun ; je me le dis, et tout en me le disant je sens que mon cœur souffre. Ce n’est pas tout : en souffrant, j’ai continué de vivre avec elle sur le ton de l’amitié la plus pure. Je l’ai vue cent fois sans être tenté une seule de la remettre sur la voie de notre première liaison, quoique je ne visse en elle aucune répugnance à m’écouter. Si je l’aimais encore d’amour, je vous dirais : Mon ami, j’aime d’amour madame une telle, et j’espérerais de votre amitié une conduite conforme à ma tranquillité : mais je ne saurais vous parler ainsi ; car je vous avouerais un sentiment que je ne sens ni près ni loin d’elle. Si j’étais sûr de ne jamais reprendre de passion, je me tairais, et, loin de souffrir de la cour que vous lui faites, je vous féliciterais de votre choix, car il est sûr qu’il ne serait pas possible d’en faire un meilleur ; je me ferais même un devoir de seconder vos vues. Mais mon âme est une âme à laquelle je n’entends rien. Lorsque je vous sais avec elle, je ne vais jamais rompre vos tête-à-tête ; mais j’en suis tenté. Lorsque nous mangeons ensemble chez nos amis, et qu’on vous place à côté d’elle, je suis troublé, et il faut que dans les premiers moments je me fasse violence pour paraître gai. Ce n’est pas que je voulusse être à votre place ; quand vous n’y êtes pas, je ne m’y mets point, et je ne me soucie ni d’y être ni qu’un autre y soit. Vous avez des rivaux, même dangereux ; je n’ai jamais fait la moindre attention ni à ce qu’ils lui disaient, ni à ce qu’elle leur répondait. Il y a quelque temps, je ne sais ce qu’elle avait à vous lire, vous me demandâtes la clef de mon cabinet, je vous la donnai ; mais je trouvai que vous étiez longtemps ensemble : avec cela j’ai été huit jours sans la voir, et n’ai pas même songé à m’informer de ce dont il s’agissait entre vous. Le soir, lorsque vous la reconduisiez chez elle, je n’ai jamais fait la moindre démarche pour savoir si vous y montiez ; cependant j’en ai eu quelque curiosité. Vous ne m’inquiétez vraiment que quand je vous vois ou vous soupçonne ensemble : en tout autre moment je n’y pense pas. J’ai passé tout le mois à la campagne. J’y ai été content, gai, satisfait, et la pensée que peut-être vous employiez vos journées à lui dire que vous l’aimez, et elle à vous écouter, ou ne m’est pas venue, ou elle a passé si légèrement que je ne m’en souviens pas. Si quelqu’un, à mon retour de la campagne, m’avait rendu de vos moments un compte qui m’eût rassuré sur votre commerce, il me semble qu’il ne m’aurait pas déplu. Je ne sais ni ce que je veux, ni ce que je voudrais. Je ne sais ni ce que je suis ni ce que je serai. Je n’exige rien de vous. Je ne vous fais aucune question ; c’est peut-être que je crains votre sincérité, sans m’en aperçoir. Je vous explique seulement la situation de mon âme, afin que vous en usiez, après cela, tout comme il vous plaira. Quoi que vous fassiez, je n’aurai point à me plaindre de vous, de même que j’espère que, quoi qu’il m’arrive dans la suite, vous n’aurez point à vous plaindre de moi ; et cependant il pourra très-bien se faire que vous fassiez ma désolation et que je fasse la vôtre. Je vous demande pour toute chose, mon ami, d’y regarder, et d’y regarder de près. Vous êtes jeune, mais vous êtes plus sage qu’on ne l’est communément avec le double de votre âge et de votre expérience. Vous avez ignoré que j’eusse jamais eu du goût pour madame une telle ; vous ne savez pas même à présent si j’en ai : et comment le sauriez-vous, puisque je l’ignore moi-même ? Ainsi je n’ai point de reproche à vous faire sur le passé ni sur le présent ; et je déclare que je n’en puis avoir à vous faire sur l’avenir. Mais comme nous sommes tous deux mauvais juges dans cette affaire, je consens que vous exposiez votre situation et la mienne à quelque homme de sens qui peut-être y verra plus clair que nous, et à qui nous pourrons avoir, elle, vous et moi, l’obligation de notre bonheur. »

Eh bien ! chère et tendre amie, que diable voulez-vous que l’on conseille à des gens dans une aussi étrange position ? Au demeurant, je vous prie de croire qu’il n’y a pas un mot ni à ajouter ni à retrancher à tout cela : c’est la vérité pure, à l’exception de quelques discours que j’ai peut-être faits mieux ou moins bien qu’ils n’ont été tenus. Là-dessus mettez toutes vos têtes en un bonnet, et tâchez de me trouver un conseil sans inconvénient. Ce qui m’en plaît, c’est que voilà certainement trois honnêtes créatures, et bien raisonnables. Je ferais tout aussi bien de continuer à vous écrire ; car il est deux heures du matin, et cette singulière aventure ne me laissera pas dormir.

Vous dormez, vous ! Vous ne pensez pas qu’il y a à soixante lieues de vous un homme qui vous aime, et qui s’entretient avec vous tandis que tout dort autour de lui. Demain je serai une de vos premières pensées. Adieu, mon amie ; je vous aime comme vous voulez, comme vous méritez d’être aimée, et c’est pour toujours. Mon respect à toutes vos dames ; un petit mot bien doux, bien doux à notre bien-aimée. Comme tout cela va vous faire causer ! Je voudrais bien être là, seulement pour vous entendre.



  1. Voir sur cet instrument et sur l’artiste qui en jouait la Correspondance de Grimm (1er janvier 1766).