Lettres à la princesse/Lettre087

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Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 112-113).


LXXXVII


Ce 6 septembre, mardi soir.
Princesse,

Il survient un incident. Je reçois, ce soir même, une invitation pour dîner demain au Palais-Royal, chez Leurs Altesses. J’ai pensé, dans le premier moment, que peut-être vous y dîniez ; mais à la réflexion je me suis dit qu’on ne sait pas ou qu’on a oublié que le mercredi vous appartient. Cependant je ne voudrais manquer à rien de convenable, et, si je m’excuse, on pourra penser que le mercredi d’habitude pouvait se remettre au jour suivant. Placé ainsi entre un devoir et un autre devoir sans doute, mais surtout entre un devoir et un plaisir, je m’adresse à votre indulgence, Princesse, et, n’ayant pas le temps d’attendre votre agrément, je viens vous demander de me laisser remettre mon Saint-Gratien à jeudi. Je le puis cette semaine, à cause de mon avance sur Catinat[1]. — J’ai hâte de sortir avec lui de l’épisode des Barbets.

— J’ai vu, l’autre matin, M. Lebrun ; il m’a parlé de différentes choses avec beaucoup d’amabilité. Je ne vous cacherai point pourtant, Princesse, que j’ai entrevu dans ce qu’il m’a dit des marques de votre intérêt et d’une amitié, j’ose dire, en laquelle j’ai entière confiance. Il n’a pu si bien dissimuler ses conseils que je ne sois remonté à la source. J’ai toujours évité, ou plutôt je n’ai pas rencontré l’occasion de vous parler sur ces choses à cœur ouvert ; je ne dirai ici qu’un mot, c’est que la manière de vivre qui me serait le plus agréable serait celle qui serait ainsi faite que je pourrais, avoir l’honneur et le bonheur de vous voir plus souvent.

À jeudi donc, Princesse, si vous le permettez, et daignez agréer l’expression de ma gratitude et de mon respectueux dévouement.

  1. L’étude sur Catinat, qui a été recueillie depuis dans le tome VIII des Nouveaux Lundis.