Lettres à la princesse/Lettre137

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Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 189-190).

CXXXVII


Ce mardi 21.
Princesse,

Que voulez-vous ! ils sont de l’école, ils ne savent pas vivre, c’est-à-dire ils ne savent pas se faire plaisir à eux-mêmes. Plus on a d’évêques (je n’ose plus dire : et de sénateurs), plus on a besoin de se distraire et de causer de ce qui délasse.

Il y a à l’Académie des sciences un petit tour de rouerie que m’expliquait hier M. Berthelot : c’est de retarder indéfiniment l’élection, dont les chances sont pour le moment des plus favorables à Robin. Je disais tout à l’heure : Oh ! les universitaires ! — je suis tenté de dire maintenant : Oh ! les savants !

Il n’y a, qu’une manière, qui est la bonne, Princesse : c’est de n’être rien de tout cela ou d’être tout cela, mais d’être surtout des vôtres et de savoir apprécier les grâces et les sourires de la vie.

Avec bien du respect et de l’attachement.

    point par vous ? — C’est comme quand Littré s’est présenté à l’Académie française, ceux qui l’en ont cru digne ont eu tort, je le crois, de ne pas lui donner la main. Les sciences ont droit, ce me semble, d’être, en de tels cas, encore plus indépendantes que les lettres. La science ne voit que la science. — Mon sentiment de gratitude envers vous, pour ces bonnes quatre années où vous m’avez fait l’honneur de me donner un auditeur tel que vous (du temps que M. Sainte-Beuve était maître de conférences à l’École normale), mon sentiment d’amitié, j’ose dire, m’emporte peut-être un peu loin !

    » Je voulais, l’autre jour, vous dire quelque chose de cela chez la Princesse : elle m’y avait presque autorisé et engagé. Je suis plus hardi aujourd’hui la plume à la main.

    » Encore une fois, cher monsieur et que je m’enorgueillis de pouvoir appeler savant confrère, excusez-moi et croyez à tous mes sentiments de la plus haute estime et de dévouement. »