Lettres à la princesse/Lettre159
CLIX
J’ai à vous demander une grâce.
Je vous ai parlé dans le temps de l’homme malheureux (que je ne prétends pas impeccable ni sans faute ni tort sur quelques points), mais très-malheureux, très-persécuté, traité comme aliéné[1], aujourd’hui libre, bien portant, ayant plaide l’autre jour sa cause lui-même à huis clos devant un auditoire de confrères qu’il a fait fondre en larmes, « recommençant enfin, comme il le dit, à redevenir quelqu’un ». Ce que je vous demande, Princesse, c’est de lui accorder une demi-heure et de l’entendre (ce qui peut seulement transmettre la vraie sensation) : il a espoir en vous ; je lui ai presque promis que vous y consentiriez. Des adversaires, des ennemis cherchent à exploiter sa situation, et l’injustice dont il a été l’objet, et la victime : il a le bon esprit d’y répugner, d’y résister.
Peut-être, chez moi, pourriez-vous le rencontrer comme par hasard ou du moins plus commodément.
Je suis à vous, Princesse, avec bien du respect et de l’attachement.
- ↑ Le fou en question, mort aujourd’hui, était le fameux Sandon.