Lettres à la princesse/Lettre188

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Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 258-259).


CLXXXVIIII

Ce 12, mercredi.
Princesse,

Merci, merci de tant de bonne attention !

J’ai eu hier deux bonnes nouvelles : la première est que je ne suis pas l’acquéreur de la maison (c’eût été un fardeau) ; la seconde, c’est que l’acquéreur est celui qui me désire pour locataire à ma convenance, de sorte que je jouirai d’une entière tranquillité et de plus d’espace. La petite maison a laquelle il m’eût été si pénible de renoncer[1], après tout ce qui me l’avait rendue encore plus chère, pourra donc avoir encore l’heur et l’honneur de vous recevoir.

Mais oui, Princesse, si vous voulez bien m’accepter pour ce soir à dîner, je n’interromprai pas cette douce habitude.

Daignez agréer, Princesse, l’hommage de mon tendre et respectueux attachement.


  1. M. Sainte-Beuve, qui avait redouté un moment l’expropriation pour sa maison de la rue Mont-Parnasse, se trouvait en face d’un autre péril à conjurer. Une maison à côté de la sienne, et tout à fait mitoyenne, était devenue vacante par suite de la mort de la propriétaire. M. Sainte-Beuve craignait que de nouveaux locataires bruyants ne vinssent le forcer à renoncer à son cabinet de travail, dont il avait l’habitude depuis tant d’années. Pour assurer sa tranquillité jusqu’à la fin, il eut un instant l’idée d’acheter cette maison voisine ; mais il s’en tint à n’en être que le locataire, et c’est alors que s’ouvrit ce salon dont on a fait une description si fastueuse et purement fantastique.