Lettres à la princesse/Lettre194

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Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 266-267).

CXCIV

Ce 2 mars, samedi.
Princesse,

Je comprends tout ce que vous me faites l’honneur de me dire : je n’ai pas le mot de l’énigme[1], et je crois qu’il n’y en a d’autre que la passion une fois engagée, l’amour-propre toujours (cet éternel amour-propre) qui ne veut pas se dédire et qui va renchérissant dans ce qu’il a une fois avancé, jusqu’à ce qu’enfin il arrive à forcer les gonds. Je serais d’avis qu’on laissât tomber tout cela et s’user de soi. Ne soyez pas d’une trop grande rigueur ; mais, à la première rencontre, Princesse, dites-lui, avec votre noble franchise, ce que vous sentez de l’ensemble du procédé, de l’embarras où il met tout le monde, et j’espère qu’il ne sera pas sans en ressentir lui-même quelque chose.

J’ai hier reculé, au dernier moment, devant la sortie que je projetais. Et voilà de mes faiblesses. Chacun la sienne.

Je mets à vos pieds, Princesse, l’hommage de mon tendre et inviolable attachement.

  1. Il s’agit ici, comme dans les deux lettres suivantes, de la polémique très-vive que soutenait alors M. Émile de Girardin contre l’administration dans le journal la Liberté, et qui le fit condamner, le 6 mars 1867, à cinq mille francs d’amende.