Lettres à la princesse/Lettre198

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Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 272-273).

CXCVIII

Ce dimanche.
Princesse,

Mon dimanche aura été très-sevré : j’en veux au froid. Je l’ai moi-même fort senti dans ma santé depuis quelques jours. — Je ne sais rien du théâtre, et j’apprends avec plaisir ce succès d’un vigoureux et courageux esprit[1]. — Mais je suis plein de cette politique que j’ai lue, et heureux que, cette fois encore, l’éloquent avocat ait été au niveau et à la hauteur de la grande cause qu’il avait à soutenir.

Mais quel peuple et quelle légèreté à prendre les discours de tribune comme on ferait pour des airs d’opéra et à s’engouer pour de merveilleux exercices, n’importe le sens et la justesse ! Eh bien, puisque vous plaît tant, ayez-le donc comme pilote vingt-quatre heures et vous verrez ! Ils ont tout oublié, et l’expérience française est toujours à recommencer. Enfin, M. Rouher a remis les esprits un peu sur pied, et il a replacé les choses à leur vrai point[2].

Je n’ai pu sortir à aucun soir de ces jours derniers, Princesse.

Je mets à vos pieds l’hommage de mon tendre et respectueux attachement.


  1. Galilée, de Ponsard, représenté au Théâtre-Français, le 7 mars 1867.
  2. Dans les interpellations relatives aux affaires d’Allemagne et d’Italie (séance du 16 mars 1867, au Corps législatif.)