Lettres à la princesse/Lettre238

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Lettres à la princesse, Texte établi par Jules TroubatMichel Lévy frères, éditeurs (p. 326-327).

CCXXXVIII

Ce 13, jeudi.
Princesse,

J’ai vu ce matin M. Duruy, qui allait dîner chez Votre Altesse : il est bien sottement attaqué, et par le pape même, qui donne raison par son bref[1] à cet évêque étourdi Dupanloup. Je ne parle pas d’ingratitude : mais est-il possible de manquer de goût à ce point, — après de tels services rendus à son temporel, de s’attaquer pour remercîment à un ministre de l’empereur ! Oh ! quand la France et l’empereur se purgeront-ils de cette lèpre cléricale ?

— J’ai quelque ennui de sentir que j’avance peu et que je ne gagne pas dans mon espoir de reprendre quelque part à la vie sociale et d’amitié. Je marche, mais cette marche a son terme assez vite, et je n’ose encore m’aventurer à une longue course, dont le retour devra être à pied comme l’aller.

La pensée de la Princesse m’est habituelle, et c’est à elle que je songe surtout dans ce genre d’ennui et de privation qui m’est encore imposé.

Je mets à vos pieds, Princesse, l’hommage de mon tendre et inviolable attachement.

  1. Dans ce bref, le pape félicitait M. Dupanloup de sa campagne contre les chaires d’enseignement fondées par M. Duruy pour l’instruction secondaire des filles (février 1868).