Lettres à une autre inconnue/XLIII

La bibliothèque libre.


Michel Lévy frères (p. 213-215).
◄  XLII
XLIV  ►


XLIII


Cannes, dimanche 1870.


Chère Présidente,


Je commence à me lever, mais je suis toujours bien faible. Je ne puis pas dormir, et je tousse toujours, malgré le beau temps que nous avons.

J’ai appris avec bien du plaisir que la blessure du comte Zamoïski n’aura pas de suites graves. Je crois l’avoir vu chez son oncle à Paris, il y a quelques années.

Je suis bien inquiet. Je trouve que les affaires ne vont pas bien et je crains que, dimanche prochain, elles n’aillent plus mal. Que dit M. Gavini ? Si vous saviez quelque nouvelle, il serait charitable à vous de m’en faire part. Ici, nous avons des assemblées populaires qui font beaucoup de bruit. On y tient les discours les plus incendiaires, et on crie impunément : « Vive la République ! » Ce qu’il y a de plus triste, c’est qu’un certain nombre de gens riches du pays excitent cette canaille, qui leur fait peur et qu’ils espèrent se rendre favorable en affectant les opinions socialistes.

Où allez-vous en quittant Nice ? Je ne sais pas encore quand je pourrai me rendre à Paris.

Adieu, chère Présidente ; veuillez me rappeler au souvenir du comte Pazzi et de M. et Madame Gavini.

Agréez l’expression de tous les respectueux hommages de votre secrétaire.