Lettres de Jules Laforgue/064
LXIV
À M. CHARLES HENRY
Je vous écris un petit mot qui n’est pas une réponse à votre lettre, mais simplement une excuse et un acompte.
Je commence à respirer. Mes deux derniers jours à Berlin ont été très occupés — préparatifs de départ — puis été passer deux jours à Dresde — chemin de fer, mal de tête, musée inouï ! Des Rembrandt à lécher le parquet qui les reflète, l’Elbe adorable, etc., puis rentré à Berlin, faire malles, éreinté — enfin, après un peu de rechemin de fer, arrivé ici, pioncé, et je vous écris, bien que mon intérêt soit de me mettre à dévorer mes 3 journaux quotidiens qui, multipliés par 3 jours de retard, font 9, plus le supplément du Figaro, et le nouveau cahier de la Revue, qui voulut embulozer Balzac (ici on appelle ça un cahier). Dans vos archives : je ne sais. J’ai un ami à Berlin, professeur à l’université, qui, seul, peut me renseigner ; en ce moment il a ses congés et parcourt l’Italie, je crois.
Au revoir.
Mes minutes sont comptées. Avec ça j’ai à faire ma barbe, aller prendre un bain et un shampoing.