Lettres de Marie-Antoinette/Tome II/Lettre CCLV
CCLV.
J’ai montré votre lettre au Roi, et vous ne devez pas douter, Monsieur, du plaisir que nous avons à consentir au mariage de votre fils[1]. Puisse-t-il au moins vous rendre une partie du bonheur que vous et mon amie méritez à tant de titres ! Dites-lui bien que mon amitié pour elle est inaltérable. Je sens bien tout ce que son cœur éprouve pour moi, dans les nouveaux malheurs qui m’accablent ; mais j’ai du courage, et, pour mes enfants et mes amies, je saurai me soutenir. Adieu, Monsieur. Dites mille choses pour moi à tous les vôtres. Pour vos enfants, ils savent bien que j’aime à les regarder comme les miens, et que mon amitié pour eux, comme pour leur père, ne finira qu’avec ma vie.
Ce 4 mars 1790.
Au verso :
Je reçois à l’instant la lettre de mon amie. Je suis sensible aux sentiments qu’elle m’exprime.
Je lui répondrai.
- ↑ Armand de Polignac devait épouser Mlle de Nyvenheim, d’une vieille et riche famille hollandaise. « C’est une jeune personne accomplie, écrivait le comte de Vaudreuil au comte d’Artois sa figure est charmante, et elle réunit en elle la perfection de tous les talents. A ces avantages sont joints une grande naissance et une grande fortune. » Correspondance secrète du comte de Vaudreuil, I, 155. Le mariage se fit à Venise, le 6 septembre 1790. Née à Batavia en 1775, Mme Armand de Polignac mourut à Paris en 1862.