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Lettres de famille retrouvées en 1897/Note

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Collectif (famille Chauviteau)
Impr. de Dumoulin (p. 3-4).

NOTE

Joseph Chauviteau était né à la Dominique en 1746. Sa famille était de la Vendée. En 1773, il est officier des milices à la Basse-Terre et épouse Élisabeth-Sophie Bioche, d’une bonne famille de l’île. Elle avait deux frères et trois sœurs, mariés et établis sur leurs plantations. Joseph Chauviteau apportait, par contrat de mariage, la moitié (estimée 33 000 livres) d’une cafeirie, dont l’autre moitié fut rachetée en acquêt par la communauté. Ils eurent quatre enfants :

Louis, appelé Chauviteau, né en 1774 ;

Jean-Joseph, appelé Salabert, né en 1775 ;

Marianne-Sophie, appelée Toute, née en 1777 ;

Hilaire, appelé Chalonnière ou Châlon, né en 1782.

La prise de la Guadeloupe par les Anglais en 1785, les insurrections des nègres, les incendies, massacres et pillages firent émigrer un grand nombre de colons. En 1788, Joseph Chauviteau chercha un asile aux États-Unis pour sa femme et ses enfants. Ses fils reçurent une éducation soignée, comme le dénote leur correspondance. L’aîné retourna aux Antilles, à la Martinique, où il avait un oncle, Hilaire Chauviteau, son parrain, marié et sans enfants. Il devait veiller aux intérêts de la famille, à la Guadeloupe. Salabert voyagea dans différents ports des États-Unis pour y achever son éducation commerciale. Naturalisé Américain, il fut un moment enrôlé dans les milices. En 1797, sa famille est à Providence, ville du nord des États-Unis, dont le port était en relations fréquentes avec les Antilles. Il est à présumer que les exilés y sont depuis quelques années et que c’est là que les fils ont fait leur éducation, près de leurs parents, — éducation française, puisqu’ils ont à apprendre l’anglais. Salabert a pris congé de sa famille pour aller à la Havane, où il est reçu dans la maison de M. Hernandez, la plus importante de l’île. On voit qu’il avait séjourné longtemps à Providence, qu’il y avait beaucoup d’amis et y laissait des regrets dans la société américaine. Il avait alors vingt-deux ans ; par son caractère, sa capacité, il était déjà considéré comme le soutien de la famille, et son dévouement lui en faisait assumer toute la charge. Nous n’avons que quelques-unes de ses lettres ; mais c’est à lui que nous devons le trésor de la correspondance de famille qu’il a su garder intacte à travers toutes les vicissitudes de son existence, de ses exils, et qu’il est venu apporter mourant sur cette terre de France, la terre de ses ancêtres, où son père et sa mère l’avaient précédé. En y abordant, il y trouvait une tombe où, comme eux, il inscrivait le nom de Chauviteau pour y rallier tous les siens.