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Lexique étymologique du breton moderne/CH

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Texte établi par Faculté des lettres de Rennes, J. Plihon et L. Hervé (p. 168-169).
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CH

Chaga, vb., s’arrêter, s’amasser : variante obscure de sac’ha.

Chajel (V.), s. f., mâchoire : dér. du même radical que chaoka.

Chai (V.), s. m., flux. — Étym. inc.

Chala, vb., chagriner, s’affliger. Empr. fr. ancien chaloir (« que m’en chaut-W !») devenu par corruption vb. personnel[1].

Chaoka, vb., mâcher (aussi chakein V.). Empr. germanique probable (ags. eëowan > ag. to chew, et al. kauen), mais peut-être contaminé de chzk. Cf. chajel et a.%.jaw « mâchoire » (sousjaved).

Charoṅs, s. m., espèce de vesce. Empr. fr. jarosse.

Chatal, s. m., bétail. Empr. fr. ancien chatel « cheptel ».

Chédé, chétu, adv., variante de sétu. V. ce mot.

Chévech (V.), s. f., fresaie. Empr. fr. chevêche.

Chik, s. f., menton. Empr. fr. chique « bille ».

Chika, vb., frapper avec un outil à gros bout (et chikein V. « meurtrir ») : dér. du précédent au sens de « bille ».

Chîf, s. m., chagrin. Emprunt probable, mais d’où ?[2]

Chilpa, vb., japper, glapir. Empr. germanique probable, cf. visl. gjàlpa, ags. gilpan et gielpan > ag. lo yelp.

Chipod, s. m., pluvier de mer : dér. du précédent. Ghipôd (T.), s. m., petite huche : peut-être « récipient où l’on chipote, où Ton prend par menues portions »[3]. Empr. fr.

Chita, vb., piauler. Onomatopée.

Choanen, s. f., miche. Empr. fr. ancien choine « [pain] blanc ».

Choka, vb., variante contractée de chaoka.

Chomm, vb., rester : autrefois « chômer ». Empr. fr.

1 Chouk, s. m., nuque, mbr. scouc ; cf. fr. ancien suc, provençal zuc, ital. zucca « courge », d’où « tête ». — Conj. Ern.

2 Chouk (V. ), s. m., le séant : identique à 1 chouk[4].

Choum (L.), vb., variante de chomm.

Chourik (V., C), s. f., bruit de frottement. Onomatopée ?

Chugein (V.), vb., sucer : dér. d’un mot *chug = mbr. sug, « suc, jus », corn. syg-an, cymr. sug. Empr. lat. sûcus « suc », et cf. fr. sucer et br. sùn (= cheunein V.). Le tout compliqué d’onomatopée.

Chuchuer, s. m., musard, tatillon. Empr. fr. ancien *chuchilleur, « chuchotant, balbutiant » ? Ou onomatopée plaisante ?

    1. Chupen ##

Chupen, s. f., veste (aussi jupen). Empr. fr. ancien jupe (en tant que vêtement masculin).

    1. C'H ##
C'H

C’hoalen, s. m., sel : pour *hoalen, variante métathétique de haloen. V sous holen et cf. l’évolution de môger.

C’hoanen, s. f., puce, cymr. chwain pl. : paraît dér. d’une rac. SWI « disparaître » (cf. al. schwinden, etc.), de même que ag. flea et al. floh « puce » se rattachent à la rac. germ. qui signifie « s’enfuir ».

C’hoaṅt, s. m., désir, mbr. hoant, corn. whans, cymr. chwant, vir. sant, gael. sannt id. : d’un celt. *swand-ito- ppe passé de rac. SWAD « être agréable », sk. scàd-ú « doux », gr. *σϝᾱδ-ύ-ς (swâd-u-s) ἁδός (ados) ἡδύς (hêdus) id. et *σϝανδ-άν-ω (swand-an-ô) ἁνδάνω (handanô) « je plais », lat. suāvis ( *suād ui-s, cf. suādère « persuader »), germ. *swôt-i- « doux », d’où ag. sweet et al. süss, etc.[5]

C’hoar, s. f., sœur, mbr. hoar, corn. huir, cymr. chwaer, vir. siur et fiur id. : d’un celt. *swesor- identique au sk. svásā et au lat. soror, et cf. ag. sister, al. schwester, vsl. sestra. etc. (ne manque qu’au grec).

C’hoari, s. m., jeu, cymr. chwar-au « jouer » et cf. vir. fuir-ec « festin » : supposent un vb. celt. *swer-ō, « je chante, je fais du bruit, je m’amuse », etc., dér. d’une rac. SWER « bruire », sk. svár-a-ti « il bruit », lat. su-surr-u-s « murmure », got. swar-an « bruire »[6], secondairement al. schwirr-en « bruire » et schwar-m « essaim » = ag. swarm. Cf. c'hoarz.

C’hoarvézout, vb., arriver, survenir, corn. wharfos id. : avec aspiration prothétique[7]. V. sous war et béza, et cf. cymr. cy-far-fod « assemblée ».

  1. Comme on dit en fr. même « je me souviens », au lieu de « il me souvient », seul historiquement correct.
  2. Le fr. dit « cela me chiffonne = me chagrine », et le mbr. a meschif, empr. fr. meschief « malheur ». C’est tout ce qu’on entrevoit de plus clair.
  3. Car par quelle voie serait venu le gr. ϰιϐωτός (kibôtos) ?
  4. Par extension et euphémisme ? En tout cas, l’étymologie de l’un et de l’autre est inconnue, probablement compliquée d’argot.
  5. Aucun rapport dès lors avec koaṅt, mais il serait surprenant que l’étymologie populaire n’en eût pas établi.
  6. Passé au sens de « parler » ou similaire, dans ag. to an-swer « répondre » et to swear = al. schwör-en « jurer ». — Cf. toutefois cymr. gwarae « jeu ».
  7. On trouvera dans quelques-uns des mots suivants d’autres exemples du même phénomène ; cf. Eruault, Mém. Soc. Ling, X, p. 334. — Quant à la formation, on peut comparer le fr. sur-venir.